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Proche-Orient

Retrait de Gaza : entre protestation et résignation

A Neve Dekalim, la plus importante colonie de la bande de Gaza, les soldats et policiers ont commencé à évacuer les 2 000 opposants réfugiés dans la synagogue.(Photo: AFP)
A Neve Dekalim, la plus importante colonie de la bande de Gaza, les soldats et policiers ont commencé à évacuer les 2 000 opposants réfugiés dans la synagogue.
(Photo: AFP)
Malgré le climat de vives tensions, les opérations d’évacuation des colons vont bon train dans la bande de Gaza. La destruction des implantations israéliennes a également commencé. Les autorités estiment que l’opération «Main fraternelle» pourrait s’achever dès le début de la semaine prochaine.

Démarrée mercredi, le processus d’évacuation forcée des Israéliens de Gaza s’est poursuivi jeudi dans les implantations du sud du territoire palestinien, dites du Goush Katif, réputées pour accueillir les colons les plus radicaux. Les soldats procèdent désormais selon un scénario bien rôdé, évitant toute provocation et violence inutiles mais déterminés à accomplir la mission qui leur a été confiée. Après un déploiement massif de plusieurs centaines d’agents autour du site, ils lancent un ultimatum, entrent dans la colonie (où ils ne rencontrent jusqu’à présent qu’une très faible résistance) et transportent à bout de bras les récalcitrants jusqu’aux autobus réquisitionnés pour les évacuer hors de la bande de Gaza. Pour leur part, les colons semblent à présent résignés. Ils continuent de manifester leur opposition en injuriant les forces de l’ordre, en exprimant leur chagrin et en opposant une résistance passive et non-violente à leur expulsion, mais sans engager d’affrontement direct.

C’est ainsi que les colonies de Kfar Darom, Netzer Hazani, Shirat Hayam, Kfar Yam, Gan Or et Neve Dekalim, notamment, étaient jeudi en cours de démantèlement, tandis que les travaux de démolition des implantations évacuées les jours précédents démarraient, comme à Atzmona. Jeudi matin, les autorités israéliennes estimaient que plus de 60% des 8 500 colons israéliens de Gaza étaient d’ores et déjà évacués, mais qu’il subsistait sur place encore 8 000 personnes en raison du grand nombre de manifestants extérieurs venus les soutenir malgré les interdictions. En dépit du discours de fermeté des autorités, les soldats font preuve à leur égard de patience et de diplomatie afin, manifestement, de ne pas provoquer d’incidents graves sous l’œil des caméras de télévision du monde entier venus couvrir l’événement.

Exacerbation des sentiments

A la mi-journée, les soldats et policiers ont ainsi investi la synagogue de Neve Dekalim, localité considérée comme la «capitale» des colons de Gaza, où s’étaient retranchés quelque 2 000 opposants à l’évacuation, dernier carré des irréductibles. Les cris, les larmes, les prières et les barrages symboliques n’ont pas eu raison de la détermination et du sang-froid des membres des forces de l’ordre qui, dans une apparente confusion, poursuivaient en fin de journée leur travail sans états d’âme apparents. Un peu plus tôt, à Kfar Darom, où les opérations étaient toujours en cours en fin d’après-midi, les soldats avaient consenti à suspendre les opérations le temps de la célébration de l’anniversaire d’une fillette d’un an, née sur place, avant de poursuivre l’expulsion de sa famille. Parfois l’exercice tourne au tragi-comique : à Kfar Yam, la police a dû parlementer avec un colon retranché sur son toit, armé d’un fusil automatique, qui avait proclamé «l’autonomie juive» de son implantation.

Finalement, en dépit de la tension et de la véhémence des protestations, les opérations vont bon train. En raison de l’exacerbation des sentiments, de la contribution de militants ultra-nationalistes venus d’Israël, de Cisjordanie et de l’étranger, des dérapages sont toujours à craindre, notamment contre les Palestiniens dont quatre ont été tués mercredi en Cisjordanie par un colon. Ce dernier a déclaré ne pas regretter son geste et espérer «aussi que quelqu’un assassinera Sharon». Mais, jusqu’ici, la violence à l’égard des forces de l’ordre a été essentiellement verbale. Les manifestations d’opposition restent symboliques et non-violentes et la résistance des colons et des militants venus les soutenir retarde mais n’entrave pas le travail des soldats et des policiers.

Initialement estimée à trois semaines, la durée de l’évacuation des colonies de Gaza a été ramenée à quelques jours. Selon le quotidien Maariv, le Premier ministre israélien a déclaré que les opérations seraient achevées lundi, tandis qu’un conseiller ministériel, cité par l’agence Reuters, indiquait que le retrait «prendra moins de temps que prévu et devrait être achevé d’ici lundi ou mardi».


par Georges  Abou

Article publié le 18/08/2005 Dernière mise à jour le 18/08/2005 à 17:00 TU