Aide au développement
Vers une taxe sur les billets d’avion
(Photo: Air France)
En marge de la réunion des ministres de l’Economie et des finances des pays européens qui se tient à Manchester, Thierry Breton, le ministre français de l’Economie et des finances a affirmé que le Royaume-Uni rejoignait la France pour conduire à bon port l’idée d’une taxe sur les billets d’avions pour financer l’aide au développement en Afrique. Les deux pays se seraient engagés à mettre en application cette idée dès le début l’année 2006. «Nous avons pour objectif de régler les détails pour janvier 2006», a annoncé Thierry Breton.
Tout est parti de l’annonce de la communauté internationale en septembre 2000 sur les objectifs de développement du millénaire. Une première étape d’évaluation a été fixée en 2015. A cette date la pauvreté devrait être réduite de moitié, l’accès à l’eau facilité, les maladies substantiellement réduites, bref, les objectifs importants et pour y parvenir les institutions internationales, les bailleurs de fonds et les pays donateurs sont convenus de multiplier par deux l’aide internationale, et d’affecter chaque année 50 milliards de dollars supplémentaires à l’aide au développement.
Plusieurs hypothèsesPour rassembler cette somme, Jacques Chirac avait émis l’idée d’une taxe solidaire sur les billets d’avion qui avait plutôt été timidement accueillie. Aujourd’hui sa proposition convainc nombre de pays européens qui estiment relativement aisée l’instauration d’une telle taxe. Plusieurs hypothèses avaient été envisagées : la taxation du kérosène consommé, la taxation des couloirs aériens utilisés ou la taxation directe des billets. Le choix aujourd’hui semble se fixer sur une taxe de 5 euros à prélever sur l’achat des billets d’avion. Selon Thierry Breton elle pourrait jusqu’à 10 milliards d’euros par an.
L’Allemagne, l’Espagne, le Brésil, le Chili et l’Algérie auraient fait part à la France et à la Grande-Bretagne de leur adhésion à l’initiative. Selon le ministre français une vingtaine d’autres pays «ont manifesté leur intérêt». La Grande-Bretagne et la France désigneront un groupe de travail qui devra préciser les modalités d’application de cette taxe, en répondant à un certain nombre de questions : la taxe sera-t-elle identique ou différente pour les billets en classes économique, affaires ou première ? Faudrait-il aussi taxer les billets de passagers en transit (dans les pays signataires de l’accord) ? Tous les billets émis pour toutes destinations seront-ils concernés, ou seulement les vols en Europe ? Un premier point sera fait sur ces différentes interrogations dès le 14 septembre.
La Grande-Bretagne qui a déjà une contribution de solidarité sur les billets d’avion, à la discrétion de chaque passager, a profité de l’occasion pour intéresser la France à son plan «facilité financière internationale» (IFF) qui consiste à accorder ou à augmenter l’aide en urgence aux pays nécessiteux par un jeu d’anticipation sur les contributions à venir. La Grande-Bretagne espère par ce biais récolter plus de 4 milliards de dollars pour financer des programmes de vaccination en Afrique qui sauveront au moins 5 millions d’enfants d’ici à 2015 (le Monde, 10 septembre). La France et la Grande-Bretagne espèrent ainsi, par les deux initiatives rassembler suffisamment de fonds destinés à la lutte contre le sida, la malaria, la tuberculose et les grandes pandémies.
par Didier Samson
Article publié le 09/09/2005 Dernière mise à jour le 09/09/2005 à 18:17 TU