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Centrafrique

Un front pour le désarmement

Remise des armes avec munitions et vérification dans le cadre de l'opération de Désarmement, démobilisation et réinsertion des ex-combattants, éxécutée par le Programme des Nations unies pour le développement.(Photo: PNUD)
Remise des armes avec munitions et vérification dans le cadre de l'opération de Désarmement, démobilisation et réinsertion des ex-combattants, éxécutée par le Programme des Nations unies pour le développement.
(Photo: PNUD)
Le pays vit depuis trois mois au rythme de l'opération de Désarmement, démobilisation et réinsertion des ex-combattants. Exécuté par le Programme des Nations unies pour le développement, le processus nécessite un effort financier de 11 millions de dollars, mais ne constitue, selon les experts, qu'une première étape en attendant un désarmement plus systématique.

«Le travail mental est très important. Il faut faire comprendre aux uns et aux autres qu'il faut tourner la phase belliqueuse et se consacrer au développement du pays». Ce 16 septembre, dans un bureau du deuxième étage de l'immeuble qui abrite les services du Programme des nations unies pour le développement (Pnud), à Bangui, Demba  Kissina Tandia, tout nouveau Chef du «Projet de réinsertion des ex-combattants et d'appui aux communautés» (Prac), parle, d'une voix sereine, de ses certitudes sur le processus. Quelques jours plus tôt,  ceux qu'on nomme les «ex-combattants», avaient haussé le ton dans un quartier de la capitale centrafricaine, apparemment pour faire entendre des revendications de tous ordres. «Il s'agissait de simples malentendus relatifs à la conduite du projet. Des réunions ont eu lieu qui ont permis d'assainir les suspicions», tempère, un rien énigmatique, Fabrice Boussalem, expert du Pnud sur les préventions des crises.

Le calme est revenu. La Commission  nationale de désarmement, démobilisation et réinsertion (Cnddr) rattachée au ministère de la Défense et suivie, en principe, par la présidence de la République s'en félicitait déjà dès le 9 septembre. A travers un communiqué largement diffusé, riche de précisions sur la suite de l'opération, la Cnddr espère qu'elle ramènera la paix et la sécurité en République centrafricaine au bout de deux ans.

Après une année de mobilisation des «ingrédients» (ressources humaines et logistiques), de montage institutionnel, les activités du Prac ont démarré de manière formelle le 18 juin 2005 à Bangui, mais restent étendues  à d'autres sites à travers le pays. Le processus est réglé sur un rituel : «enregistrement des ex-combattants auprès des agents du Prac, remise de leurs armes et munitions, vérification et conditionnement des armes et munitions par le technicien en désarmement, signature de l'attestation de désarmement volontaire et de l'acte d'engagement, remise du kit du démobilisé composé d'ustensiles et de matériels de première nécessité (seaux, casseroles, assiettes, verres, savons, préservatifs, brochures pour sensibiliser à une sexualité responsable)», selon la documentation officielle du Pnud.

Financer les projets de réinsertion

A en croire des prévisions, cette opération exécutée par le Pnud, et qui bénéficie d'un financement d'environ 11 millions de dollars, concerne 7 565 ex-combattants, dont quelques 200 femmes. D'une manière générale, elle concerne «un groupe relativement hétéroclite, composé de groupuscules armés (formels et informels), impliqués dans les événements qui ont alimenté les crises tout au long des dix dernières années», explique Fabrice Boussalem, qui parle d'un «signal d'équité entre toutes les personnes». Le processus ainsi lancé prévoit que les armes collectées sont dans un premier temps, mises dans un container (dont une clé est remise à la Cnddr, et deux autres détenues par les représentants de la communauté internationale), avant d'être détruites.

L'opération, au-delà de la démobilisation et du désarmement, doit aboutir à la réinsertion sociale des ex-combattants. Ces derniers sont ainsi appelés à choisir, à la faveur de cette opération, entre l'agriculture, l'élevage, la pêche, une formation professionnelle, les activités génératrices de revenus, la formation scolaire et universitaire, ou tout autre emploi que leur propose la Prac. Selon des sources proches du dossier, on devrait compter un peu plus de 7 500 projets de réinsertion, devrant mobiliser chacun, entre 500 et 800 dollars. Une option qui autorise d'ores et déjà un certain optimisme. «En vérité, ce sont des laissés pour comptes qui sont concernés. Dès qu'ils ont un business, on peut espérer qu'ils s'y mettent à fond», souligne Demba Kissima Tandia.

Les résultats ne se sont apparemment pas faits attendre. Par exemple, à la date du 2 juillet, 833 personnes avaient été désarmées tandis que 18 046 armes et munitions avaient été saisies dans la seule ville de Bangui. A la même date, 92 personnes étaient désarmées et 464 armes et munitions collectées dans la localité de Bossoangoa. A Kaga-Bandoro, 29 situations de désarmement avaient été enregistrées, et 601 armes et munitions collectées. A Sibut, 25 ex-combattants faisaient l'objet d'un désarmement et 351 armes et munitions avaient été remises aux autorités.

Reste que d'une manière générale, les observateurs conviennent que le pays a besoin, au-delà du processus en cours, d'une opération de désarmement systématique au sein des populations civiles à l'échelle de tout le territoire centrafricain.


par Valentin  Zinga

Article publié le 25/09/2005 Dernière mise à jour le 25/09/2005 à 10:38 TU