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Comores

Crise sociale: un mort et des blessés

Depuis quelques jours la capitale comorienne est le théâtre de violence : voitures brûlées, routes barrées, commerces fermés…(Photo : AFP)
Depuis quelques jours la capitale comorienne est le théâtre de violence : voitures brûlées, routes barrées, commerces fermés…
(Photo : AFP)
Une poussée de violence a fini vendredi dernier dans un bain de sang à Moroni, la capitale comorienne. Un mort, une quinzaine de blessés, suite à un appel à la grève lancé par Usukani wa Masiiwa, le syndicat des chauffeurs de taxi.

Administrations bloquées, marchés et commerces fermés, voitures «officielles» brûlées, routes impraticables. Des carcasses de voitures, des containers vidés, des pierres et des pneus enflammés dans les rues sous forme de barricades, y compris sur l’artère menant à Beït-Salam, là où se trouve le siège de la présidence de la République. Circulation bloquée dans toute la ville, pillage de magasins et de villas appartenant à des personnalités liées au pouvoir.

«Les maisons de Ben Massound Rachid, vice-président de l’Union, et de Houmed M’saidié, le directeur de cabinet du chef de l’État, ont été saccagées. Ce dernier a fait une déclaration à la radio. Tout a été emporté chez lui par les casseurs. Les manifestants ont voulu attaquer d’autres demeures des membres du gouvernement mais l’armée est intervenue», raconte un témoin.

Des militaires qui tirent à même la foule. Un mort par balle et une quinzaine de blessés identifiée samedi par les services d’El-Maarouf, le principal central hospitalier du pays. De nombreuses arrestations musclées faites à partir notamment d’images vidéo tournées par des membres des forces de l’ordre en tenue civile. Moroni est sortie pour ainsi dire de sa torpeur légendaire ce vendredi 23 septembre 2005. A cause d’une grève de 48 heures provoquée au départ par Usukani wa masiiwa, le syndicat des chauffeurs de taxi, mais qui a vite débordée ses organisateurs. « Un week-end chaud pour tous. Le président Azali devait rentrer de l’étranger sur un vol de nuit le même vendredi. Il aurait raté son avion, nous a-t-on dit. On pense qu’il a voulu attendre que ça se tasse avant de débarquer » ajoute notre témoin.

Moroni, ville morte

Les «taximen», comme on les surnomme affectueusement, ont voulu exprimer leur colère. Maoulana Charif, le ministre de l’Economie, venait d’annoncer le 21 septembre une hausse du prix de l’essence (750 FC le litre au lieu de 500 FC) et du prix du gazole (600 FC le litre au lieu de 350 FC). La mesure, qui concerne également le pétrole lampant (passée de 175 FC à 250 FC) utilisée en cuisine et en éclairage, s’expliquerait par la hausse du baril de brut sur le marché mondial.

Le gouvernement affirme que sans cette «hausse», la compagnie nationale des hydrocarbures risquerait de perdre de l’argent. Abdou Ali Toibibou, secrétaire général du syndicat des travailleurs des Comores (CTC) juge cette mesure «inacceptable, impossible et disproportionnée». L’OPACO, syndicat patronal, en accord avec la CTC et Usukani wa Masiiwa, a lancé un appel pour que les administrations et les commerces n’ouvrent pas ce lundi 26 septembre. Seul le grand marché de Moroni a ouvert ses portes, malgré des menaces exprimées sur les ondes par les «taximen».


par Soeuf  Elbadawi

Article publié le 26/09/2005 Dernière mise à jour le 26/09/2005 à 16:30 TU