Pologne
Duel présidentiel
(Photo: AFP)
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Aucun des deux favoris, sur les douze candidats, qui se disputent la magistrature suprême ne paraît en mesure d’emporter la majorité absolue au premier tour. Et si depuis les législatives, les Polonais ont manifesté leur volonté de tourner le dos à l’ère communiste et d’engager un virage à droite, un léger suspense demeure quant au nom du futur vainqueur et quant au degré d’abstention des électeurs. En effet, les derniers sondages ont crédité Donald Tusk d’une avance de cinq à dix points sur Lech Kaczynski. Mais aux législatives le parti de ce dernier a fait mieux que prévu. De leur côté, les dix autres candidats à la magistrature suprême font finalement figures de lièvres, ou d’aiguillon, les mieux placés, comme le populiste Andrzej Lepper et le social-démocrate Marek Borowski, arrivant loin derrière avec des intentions de vote évaluées à quelque 10%.
Des alliés en compétition
L’écart se resserrant et la joute cruciale se rapprochant, le ton s’est durci entre les deux favoris, qui sont également des alliés et qui formeront ensemble le futur gouvernement. La campagne a porté sans surprise sur les thématiques économiques et sociales chères à la droite, avec des digressions particulièrement venimeuses à l’encontre des homosexuels par exemple. Dans cette joute à droite, Droit et Justice a repris l’argumentaire qui lui a été bénéfique aux législatives, accusant le très libéral Tusk de faire peu de cas des citoyens les plus modestes. En riposte, la Plateforme a beaucoup agité l’épouvantail diplomatique, stigmatisant les excès conservateurs de Kaczynski et
prophétisant des difficultés avec les grands voisins russe et allemand.
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Les deux favoris ont également tenté de marquer, à leur manière, le territoire présidentiel qu’ils convoitent, Donald Tusk se déclarant farouchement déterminé à faire renforcer les pouvoirs présidentiels, Lech Kaczynski estimant nécessaire de laisser une marge de manœuvre au gouvernement. En l’état actuel de la Constitution, le président de la République, chef suprême des armées a également la haute main sur les Affaires étrangères. Et le débat est d’autant plus concret que les deux vainqueurs des législatives sont en négociations pour former le gouvernement qui devrait être dirigé par un homme du PiS, conformément à la place parlementaire qu’il s’est taillée au scrutin de septembre. C’est d’ailleurs le jumeau de Lech Kaczynski, Jaroslaw, qui est en lice pour le fauteuil de Premier ministre.
La formation du gouvernement et, bien sûr, le contenu détaillé de son programme sont renvoyés au lendemain des résultats définitifs de la course présidentielle. Les résultats du premier tour commenceront à tomber à vingt heures, ce soir.
par Monique Mas
Article publié le 09/10/2005 Dernière mise à jour le 09/10/2005 à 16:05 TU