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Pologne

Législatives : large victoire pour la droite

Les leaders du parti conservateur Droit et Justice, Jaroslaw Kaczynski (D), et le parti libérale Plateforme civique, Donald Tusk (G). La coalition de droite aura environ 300 sièges sur 460 à la Chambre basse.(Photos : AFP)
Les leaders du parti conservateur Droit et Justice, Jaroslaw Kaczynski (D), et le parti libérale Plateforme civique, Donald Tusk (G). La coalition de droite aura environ 300 sièges sur 460 à la Chambre basse.
(Photos : AFP)

Le parti conservateur Droit et Justice (PiS) arrive en tête des élections législatives polonaises avec plus de 26% des voix. Il devance le parti libéral de la Plateforme civique (PO) qui a obtenu 24% des suffrages. Ces formations, toutes deux  issues du syndicat Solidarité, disposent ensemble de la majorité à la Chambre basse (Diète) et la Chambre haute (Sénat). Elles devraient donc former prochainement une coalition de gouvernement. Ce scrutin, pour lequel on a enregistré l’une des plus faible participation depuis la chute du communisme (environ 40%), marque une nouvelle fois la volonté des Polonais de changer de cap politique. Le parti vainqueur des précédentes législatives, le SLD (social-démocrate, post-communiste), a en effet connu une véritable débâcle en ne recueillant que 11% des suffrages.


Un jumeau ou l’autre. C’est un peu le dilemme face auquel se trouvent aujourd’hui les Polonais. Le résultat des législatives qui se sont déroulées dimanche 25 septembre, a donné l’avantage au parti conservateur (PiS) à la tête duquel se trouve Jaroslaw Kaczynski. En toute logique c’est donc lui qui devrait prendre la tête de la coalition gouvernementale que le PiS doit former avec les libéraux du PO, arrivés en deuxième position à l’issue du scrutin. Sauf que le 9 octobre prochain doit se dérouler l’élection présidentielle pour laquelle son frère jumeau, Lech, est en lice. Et si jamais celui-ci remportait la victoire, Jaroslaw Kaczynski a prévenu qu’il renoncerait à devenir Premier ministre. Car deux Kaczynski occupant les deux fonctions les plus importantes de l’Etat, cela ferait au moins un de trop.

A quelques jours du nouveau scrutin, le président du PiS a estimé qu’il était donc urgent d’attendre avant de désigner le chef du gouvernement, de manière à ne pas porter préjudice à la candidature de son frère. Une décision qui ne semble pas faire l’affaire de ses partenaires du PO qui souhaitaient, pour leur part, que le choix soit annoncé immédiatement. Et pour cause, les deux partis, alliés pour former le gouvernement, restent néanmoins en concurrence pour la présidentielle. Le parti libéral de la Plate-forme civique présente, en effet, lui aussi un candidat, Donald Tusk, donné favori par les derniers sondages.

Priorité à l’emploi

Dans l’attente de la prochaine échéance électorale, les deux formations vont devoir négocier pour former le gouvernement et attribuer les ministères. Cette étape ne sera pas forcément évidente car des divergences importantes existent entre les deux partis sur certains sujets. Les conservateurs du PiS, très attachés aux valeurs catholiques, ont défendu un programme plutôt social qui prône l’interventionnisme de l’Etat dans l’économie, l’octroi d’aides et d’avantages fiscaux aux familles défavorisées. Des mesures qui ne sont pas forcément du goût de la Plate-forme civique, plus libérale, qui a bâti sa campagne électorale sur une mesure-phare destinée à stimuler l’économie et favoriser les entreprises : l’instauration d’un taux unique de 15 % pour l’impôt sur le revenu, sur les sociétés et la TVA, que le PiS juge désavantageux pour les moins aisés. Reste que dans un pays où le principal problème est le taux très élevé de chômage (18%), les deux partis se retrouvent lorsqu’il s’agit de faire de l’emploi la priorité absolue de l’action gouvernementale. De même, ils sont entièrement d’accord en ce qui concerne la lutte contre la corruption.

Ce dernier thème n’est pas anodin dans la vie politique polonaise. En votant pour la droite, les électeurs ont, en effet, certainement voulu manifester à la fois un désir de réformes et une volonté de montrer leur désapprobation face aux scandales de corruption et d’abus de pouvoir qui ont frappé les représentants de la gauche. Le Rassemblement pour la gauche démocratique (SLD) a, du coup, connu une véritable débâcle en passant de 41% des suffrages lors des législatives de 2001 à 11% cette fois-ci. Le parti social-démocrate, qui arrive même derrière le parti populiste (SO) classé troisième avec 12,4 % des voix, se retrouve donc marginalisé et ne devrait pas disposer de plus d’une cinquantaine de sièges dans la nouvelle assemblée.

Si le score du SLD est particulièrement mauvais, il semble malgré tout que l’alternance soit une spécialité polonaise. Depuis la chute du communisme, aucun parti n’a en effet réussi à se maintenir au pouvoir deux législatures de suite. Mais ce dernier scrutin a tout de même une particularité : le taux d’abstention a battu des records (à peine 40 %). Seules les élections européennes de juin 2004 avaient enregistré une participation inférieure (20,89%) à celle des dernières législatives. Une situation que certains observateurs analysent notamment comme le signe d’un désintérêt croissant des électeurs face aux discours et aux pratiques des politiciens polonais.


par Valérie  Gas

Article publié le 26/09/2005 Dernière mise à jour le 26/09/2005 à 17:23 TU