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Pologne

Cap sur le modèle libéral

La Pologne affiche sans complexe sa préférence pour le modèle libéral.(Photo : tourisme-pologne)
La Pologne affiche sans complexe sa préférence pour le modèle libéral.
(Photo : tourisme-pologne)
Nouveau poids lourd de l’Union européenne, la Pologne affiche sans complexe sa préférence pour le modèle libéral. Une tendance que devrait renforcer les élections législatives de ce dimanche et la victoire attendue des libéraux de la Plateforme civique.

De notre envoyé spécial à Varsovie

Malgré la session de rattrapage de septembre qu’il est sur le point de passer, Maciek Wrzesniewski a le sourire. À 21 ans, cet étudiant de Warsaw School of Economics, l’une des plus prestigieuses écoles de commerce du pays, est sur le point de créer sa troisième entreprise. «J’ai fondé ma première entreprise quand j’avais 16 ans, explique-t-il. C’était une boîte de services internet. Je l’ai revendue puis j’en ai créé une autre qui m’a permis de rentrer comme associé dans une grosse entreprise. Je viens d’en sortir parce que je veux créer une société dans l’industrie pharmaceutique. J’ai mille idées à la minute et je compte bien qu’au moins une se réalise».

Maciek n’est pas un cas isolé. Depuis la fin du communisme, la Pologne a vu fleurir une multitude de petites entreprises. Même si beaucoup n’ont pas survécu au coup de frein économique de 1999-2003, créer sa propre entreprise reste une idée bien ancrée chez les Polonais. «L’esprit d’entreprise est très présent en Pologne» assure Roman Mlodkowski, producteur de l’émission «Firma» (entreprise, en polonais), diffusée sur TVN24, la chaîne d’information en continu. Toutes les semaines, pendant vingt minutes, «Firma» donne des leçons de business aux apprentis chefs d’entreprises. «Nous avons déjà passé en revue toutes sortes d’entreprises comme une station-essence, un centre équestre ou un marchand de vin, détaille le journaliste. Nous comparons les coûts et les revenus possibles, puis, à la fin de l’émission, nous réunissons toutes ces informations et nous voyons si l’affaire est rentable».

«Firma» fait figure de baromètre d’une Pologne post-communiste conquise par l’économie de marché. L’économie tourne à plein régime. En 2004, le pays a attiré 7,86 milliards de dollars d’investissements étrangers directs, pour un taux de croissance du PIB de 5,3%. «La Pologne est un immense chantier, s’enthousiasme Magdalena Tran-Van, directrice de la Chambre de Commerce et d’Industrie Française en Pologne (CCIFP). Nous vivons une époque pionnière où l’on peut encore faire fortune en peu de temps. Ce qui est devenu très difficile dans les économies occidentales». Cette Pologne-là, qui a vu la Bourse de Varsovie s’installer dans l’ancien siège du Parti communiste, veut construire un modèle tout entier tourné vers l’entreprise, «à l’image de ce qui s’est fait en Irlande » résume Sebastian Mikosz, vice-président de l’Agence polonaise pour l’information et les investissements étrangers (PAIIZ). «L’orientation de tous les hommes politiques va clairement vers le modèle anglo-saxon, ajoute Sebastian Mikosz. La question qui se pose aujourd’hui est uniquement de savoir jusqu’à quel degré nous irons dans le libre-marché».

Le Code du travail «ne pèse pas très lourd»

Les libéraux de Plateforme civique (PO), favoris des élections de dimanche, promettent par exemple d’instaurer la «flat tax». Un taux unique d’imposition de 15% pour la TVA, l’impôt sur le revenu et l’impôt sur les sociétés. Déjà en vigueur dans plusieurs pays post-communistes, la «flat tax» rompt avec le principe de progressivité de l’impôt selon lequel les riches payent proportionnellement plus pour la collectivité. Le vent de liberté qui a emporté le régime communiste a aussi introduit une bonne dose de «flexibilité». Les indemnités chômage ne durent que six mois et le Code du travail «ne pèse pas très lourd» note Stéphane Portet, chercheur en sciences sociales à l’Université de Varsovie. Désormais incontournable au sein de l’Union européenne, Varsovie, trop longtemps éclipsée par le géant russe, compte bien peser de tout son poids dans le débat européen. «Il faut s’attendre à voir la Pologne mener la bataille du libéralisme sur le plan européen, comme on l’a vu sur la directive Bolkenstein ou la directive sur le temps de travail, prédit Stéphane Portet. La Pologne va beaucoup plus loin que l’Angleterre de Tony Blair». Et il ne lui déplaît sans doute pas de bousculer au passage les pays de la «vieille Europe».


par Karim  Lebhour

Article publié le 24/09/2005 Dernière mise à jour le 24/09/2005 à 12:09 TU