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Inde

Attentats terroristes à New Delhi

Des secouristes au marché de Sarojini Nagar au sud de New Delhi.(Photo : AFP)
Des secouristes au marché de Sarojini Nagar au sud de New Delhi.
(Photo : AFP)
Dimanche, un groupe inconnu jusqu'à présent et se présentant sous l'étiquette «Inquilab» (révolution) a revendiqué les trois attentats simultanés qui ont fait, samedi, à New Delhi,  61 morts et  188 blessés selon un bilan officiel. Il se réclame de la guerilla séparatiste qui affronte les forces indiennes dans le Cachemire que se disputent l'Inde et le Pakistan. Cette revendication tombe au moment même où les deux pays ont annoncé leur décision d'ouvrir le 7 novembre cinq points de passage sur la Ligne de contrôle qui les sépare au Cachemire. Pour sa part, le Premier ministre indien, Manmohan Singh, estime que les terroristes ont voulu semer la peur et la colère «parmi les partisans de la paix» en frappant, à quelques jours de la rupture du jeûne du Ramadan et de la grande fête du Diwali, la fête des Lumières ( mardi prochain), qui attirent Indiens et étrangers dans les marchés. Samedi, trois d'entre eux étaient visés, le quartier commerçant de Paharganj, aux abords de la gare centrale de la capitale, ainsi que ceux de Sarojini Nagar et de Gole, au sud de New Delhi, tout aussi bondés.

«De telles attaques se poursuivront jusqu'à ce que l'Inde retire ses troupes du Cachemire et y cesse ses activités inhumaines», menaçait, dimanche, un certain Ahmed Yar Gazvani, par téléphone, à Srinigar, métropole du Cachemire indien. Le groupe dont il se réclame, «Inquilab» n'avait encore jamais été recensé par les spécialistes de la kyrielle de rébellions séparatistes ou idéologiques qui vérolent le territoire indien, à l'exception notable de trois Etats. A elle seule, depuis 1989, la lutte armée des séparatistes musulmans dans l'Etat indien du Cachemire a provoqué la mort de quelque 44 000 personnes, sur environ 50 000 personnes tuées à l'occasion d'une quelconque insurrection, toutes obédiences confondues.

Le Cachemire constitue également une pomme de discorde originelle entre l'Inde et le Pakistan. Ces derniers ont même tenté de régler leur différent frontalier par la guerre à deux reprises. Mais justement, après un nouveau pic, la tension entre les deux pays s’était quelque peu relâchée en 2003, avec un cessez-le-feu, les séparatistes musulmans reprochant alors à Islamabad de vouloir, en quelque sorte, vendre le Cachemire aux Indiens. Nul ne doute que l'ire des rebelles soit montée d'un cran, ces derniers jours, avec la perspective d'un embryon de circulation transfrontalière annoncé dimanche. Les experts estiment pour leur part que la guérilla séparatiste du Cachemire est la seule à disposer des moyens permettant de monter l'opération terroriste de samedi.

L'Inde et le Pakistan ouvrent des points de passage au Cachemire

Le terrible séisme du 8 octobre a servi de catalyseur au léger réchauffement de ces dernières années. L'Inde et le Pakistan ont en effet multiplié les réunions pour entrouvrir la Ligne de contrôle qui les sépare dans une région himalayenne hautement militarisée. L'objectif immédiat est de faciliter l'acheminement des secours aux victimes du tremblement de terre. Et, samedi, la réaction d’Islamabad aux événements a été très prompte, le ministre des Affaires étrangères faisant savoir, sans détour, que «le Pakistan condamne fermement les attentats terroristes de New Delhi, qui ont provoqué la mort de nombreux innocents». De leur côté, les autorités indiennes ont décrété l'état d'alerte dans tout le pays, renforçant le dispositif de sécurité à Bombay, la capitale économique, et dans plusieurs autres métropoles.

Plusieurs marchés de New Delhi ont également été fermés dès l’annonce des attentats, tandis que des secouristes se déployaient dans les marchés visiblement visés en raison de leur très forte fréquentation. Celui de Paharganj est en effet aussi populaire que touristique. A Sarojini Nagar, les boutiques bon marché attirent en permanence quantité de chalands. Quant à la zone industrielle de Govindpuri, également frappée, un policier a déclaré que la déflagration a «été tellement puissante qu'elle a secoué notre commissariat de police qui est tout de même assez éloigné» du point d’impact. Ailleurs, des paquets ou des bagages suspects ont semé la panique. Mais Islamabad et New Delhi n'ont pas repoussé leur décision commune d'ouvrir des voies de communication au Cachemire.

Samedi déjà, les autorités indiennes ne doutaient guère de la nature terroriste des évènements. Dès leur annonce, le Premier ministre indien, Manmohan Singh, a appelé la population au calme, assurant que «la violence extrémiste n'affaiblira pas la résolution du pays à lutter contre le terrorisme». Depuis, il multiplie les déclarations dans ce sens, assurant que les enquêteurs indiens disposent «d'indices sur lesquels nous travaillons». Quant au mobile présumé des attentats, «les terroristes cherchent à propager un sentiment de peur et de suspicion au sein des partisans de la paix, ces explosions ont été programmées pour instiller la colère pendant la période festive», dit-il.

De son côté, le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, condamne ce qu'il qualifie «d'atrocité terroriste». L'Australie, la Chine, la France ou l'Italie dénonce aussi ces actes terroristes, les Etats-Unis ajoutant que: «Combattre la terreur est notre lutte».


par Monique  Mas

Article publié le 29/10/2005 Dernière mise à jour le 29/10/2005 à 18:30 TU