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Chili

La socialiste Bachelet talonnée par Pinera

Sebastian Pinera s'opposera à Michelle Bachelet au second tour de la présidentielle, le 15 janvier 2006.(Photo: AFP)
Sebastian Pinera s'opposera à Michelle Bachelet au second tour de la présidentielle, le 15 janvier 2006.
(Photo: AFP)
Hier, plus de 8 millions de Chiliens se sont rendus aux urnes sous un soleil de plomb pour élire leur président. C’était aussi les élections des 120 députés du Parlement et de 20 sénateurs sur 38. Si la coalition de centre-gauche au pouvoir, la Concertacion, gagne la majorité au Congrès, sa candidate à la présidentielle, Michelle Bachelet, devrait affronter un deuxième tour serré face au conservateur Sebastian Pinera.

De notre correspondante à Santiago

Hier soir, c’était le choc dans l’équipe de campagne de Michelle Bachelet réunie devant le petit écran dans l’hôtel Plaza San Francisco, situé au centre ville de Santiago. Si la socialiste arrive en tête du premier tour de la présidentielle avec près de 46 % des voix, elle obtient le plus mauvais score jamais réalisé par un candidat de sa coalition, la Concertacion. Elle est donc en mauvaise posture pour le second tour où son adversaire de droite du parti Rénovation Nationale, Sebastian Pinera, (25,44%) la talonnerait. Car il obtiendrait près de 49 % des voix en cumulant celles du second candidat de droite, son frère ennemi, Joaquin Lavin (23,2 %). Un coup dur pour une coalition qui imaginait il y a seulement quelques mois voir sa candidate passer au premier tour.

Autre indication : Michelle Bachelet réalise un score inférieur à celui de sa coalition qui, pour la première fois, cumule la majorité dans les deux chambres avec 51 % au Parlement et 57% au Sénat (un Sénat de 38 membres au lieu de 48, qui sera pour la première fois entièrement élu par le peuple).

Certains analystes estiment donc que le fait d’être une femme lui a fait perdre le vote d’une partie des hommes, dans un pays où le machisme, tenace, relègue les femmes à la maison pour les 2/3 d’entre elles. D’autres estiment que le point faible de Michelle Bachelet a surtout à voir avec sa campagne trop citoyenne et confidentielle. La «docteure», comme la nomme avec affection les Chiliens, avait préféré se dire plus «citoyenne» que «politicienne». Elle a privilégié une campagne de terrain à une campagne médiatique, sa figure personnelle à la hiérarchie des partis et au président Ricardo Lagos, accrédité de 70 % de popularité.

Le «Berlusconi chilien»

Sa coalition a gagné, elle a perdu. Son équipe de campagne devrait dès aujourd’hui être modifiée, ainsi que sa stratégie plus orientée sur les partis traditionnels, afin de pouvoir l’emporter au second tour le 15 janvier. Car la candidate a l’intention de se battre. Hier, entourée de sa mère et ses trois enfants, elle lançait depuis le balcon de l’hôtel : «Nous allons gagner trois fois : la première fois au Parlement, la seconde au premier tour et la troisième au second tour».

A quelques rues de l’hôtel de Michelle Bachelet, la fête battait son plein à l’hôtel Crowne Plaza où étaient réunis les partisans et l’équipe de Sebastian Pinera qui s’opposera à la candidate au second tour. Car le grand gagnant des élections d’hier, c’est finalement lui, le chef d’entreprise millionnaire de 56 ans qui a fait irruption en mai seulement dans la campagne. Surnommé «la locomotive» ou le «Berlusconi chilien», cet ancien président du parti conservateur Rénovation nationale et ancien sénateur de Santiago-Est, est parvenu à déboulonner son adversaire au sein de la droite, Joaquin Lavin, du parti Union démocrate indépendante.

Il l’a ainsi remplacé hier à la tête de la droite chilienne, et espère devenir également le premier président de droite du Chili depuis la fin de la dictature. Pour cela, il appelle les sympathisants de l’Union démocrate indépendante (UDI) à voter pour lui et orientera davantage encore sa campagne sur le changement. Car les Chiliens aspirent à des réformes en matière de santé, éducation et retraite, entièrement privatisés, et à une meilleure redistribution des richesses. Or, sous la Concertacion, au pouvoir depuis la fin de la dictature (1973-1990), les inégalités se sont creusées et la croissance s’est maintenue à des niveaux très hauts (5,4% en moyenne). De quoi donner envie de changer de coalition.


par Claire  Martin

Article publié le 12/12/2005 Dernière mise à jour le 12/12/2005 à 16:01 TU

Audio

Michèle Gayral

Envoyée spéciale de RFI au Chili

«Au Chili, cela ne sera pas facile pour Michelle Bachelet lors du second tour.»

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