France-Irak
L’otage Bernard Planche apparaît sur une vidéo
(Photo : AFP)
Depuis le 5 décembre, Bernard Planche est aux mains de quatre ou sept hommes armés (selon différentes sources), qui l’avaient auparavant roué de coups devant sa maison à Mansour dans l’ex-quartier chic de Bagdad, avant de le jeter de force dans un véhicule 4x4 puis de partir vers une destination inconnue.
Trois semaines après son enlèvement, Planche est toujours vivant, du moins si on en croit les images, tournées en noir et blanc, d’une vidéo de mauvaise qualité diffusée mercredi sur la chaîne satellitaire Al-Arabiya basée dans les Emirats arabes unis.
Ils menacent de le tuer
Vêtu d’un polo noir, les traits tirés, l’otage français s’exprime en anglais : il décline son identité, présente ses excuses à sa famille et à « ceux qui ont voulu l’aider ». Derrière, il est tenu en joue par deux hommes armés de fusils-mitrailleurs dont on ne voit que le bas du corps. Et dans un angle de la salle, le drapeau irakien est hissé et apparaît le nom, écrit en couleur, du groupe auxquels appartiennent les ravisseurs : «Bataillon de la vigie pour l’Irak». Une faction totalement inconnue jusqu’à hier mercredi.
Les membres de cette organisation menacent de tuer Bernard Planche si la France ne met pas fin à sa «présence illégale» en Irak et si Jacques Chirac ne consent pas «à retirer les soldats français» de l’Irak.
Un vernis de revendications « politiques » étonnantes de la part des ravisseurs, laissant plutôt privilégier la piste criminelle.
La France, on le sait, était en 2003 le chef de file des pays opposés à une invasion de l’Irak par l’administration Bush et ses alliés. De plus, Paris n’a qu’une présence diplomatique sur les bords du fleuve Tigre car sur la centaine de Français présents encore en Irak, la moitié travaillent pour l’Ambassade. Les autres sont, pour la plupart, membres d’organisations humanitaires.
«Je rappelle que la France n’a pas de présence militaire en Irak et qu’elle a toujours plaidé pour que ce pays soit restauré dans sa pleine souveraineté», a assuré jeudi, le ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, invitant les ravisseurs à libérer « sans délai» Bernard Planche.
Depuis plusieurs mois déjà, Paris tente de dissuader ses ressortissants notamment les journalistes, les humanitaires et hommes d’affaires de partir en Irak. C’est ce qui explique que l’ambassade de France à Bagdad avait déjà mis en garde Planche « contre les risques qu’il courait » en vivant seul dans une grande maison sans sécurité particulière. La représentation diplomatique lui «avait même conseiller de quitter» l’Irak. Mais l’ingénieur avait laissé entendre «qu’il savait ce qu’il avait à faire».
Mystérieux et taciturne
Après avoir travaillé pour l’association française Solidarité Bernard Planche s’est installé à son propre compte et depuis octobre 2004, il est à la tête de l’AACCESS, une petite ONG spécialisée dans l’humanitaire. Il est présenté comme un homme discret et très avare de propos sur ses activités. A Badgad depuis quelques mois, l’otage travaillait dans une station d’épuration d’eau dans la ville de Roussafa (est de Bagdad) comme ingénieur mécanique spécialisé dans la distribution d’eau.
Fait troublant, l’ONG de Planche porte le même nom qu’une autre association, américaine celle-là : AACCESS. Cela aurait t-il induit les ravisseurs en erreur ? Interrogés, les responsables de l’association américaine installée à Cleveland dans l’Ohio et qui œuvre pour l’intégration des immigrants arabes aux Etats-Unis, ont nié tout lien avec l’organisation de Planche.
Jeudi, Paris a de nouveau annoncé que ses services de renseignements étaient «mobilisés» afin d’obtenir la libération de l’otage français comme l’avait promis le président Jacques Chirac qui indiquait le 5 décembre que «tout (était) mis en œuvre pour obtenir sa libération».
par Muhamed Junior Ouattara
Article publié le 29/12/2005 Dernière mise à jour le 29/12/2005 à 17:25 TU