Togo - RD Congo : 0 - 2
Togo or not Togo
(photo : AFP)
De l’un de nos envoyés spéciaux en Egypte
Mais où était Sheyi Adebayor au début de la rencontre ? Il s’était échauffé avec ses coéquipiers, on nous l’avait annoncé sur la feuille de match et, au coup d’envoi, il n’était plus sur le terrain. Adekanmi Olufade avait pris sa place. Stephen Keshi avait décidé de ne pas le faire jouer, l’estimant insuffisamment préparé, plus préoccupé ces derniers jours par les modalités de son transfert à Arsenal que par les « Eperviers ». Sheyi n’était pas de cet avis. « Dans ces conditions, je ne figure même pas sur la liste des remplaçants », avait-il laissé entendre. Adebayor rentrera après l’heure de jeu pour se substituer à celui qui l’avait remplacé, mais sans parvenir à comprendre l’énigme togolaise. Une équipe errant sur le terrain, incapable d’aligner deux passes consécutives, constamment sur la défensive. Anesthésiée par la pression nouvelle ? C’était une des explications que l’on entendait aux vestiaires après la leçon reçue. Le terme n’est pas trop fort.
Les « Simba » promènent les « Eperviers » anesthésiés
Les « Eperviers » ne sont jamais parvenus à prendre leur envol. De bout en bout, surtout en première période, ils ont été promenés par des « Simba », crinière au vent, avançant, jonglant, déroutant l’adversaire. Un coup à gauche, un coup à droite, un coup au centre. Les offensives partaient de toute part. On admirait le brio de l’équipe de Claude Le Roy. Du rythme, du mouvement, des accélérations. Les Congolais solides en défense devant un Pascal Kalemba bondissant, vifs au milieu, alignant les passes comme un toréador devant le taureau, alertes en attaque, donnaient littéralement le tournis à des Togolais, médusés, anesthésiés, décontenancés, désorientés. Assurément ils ne s’attendaient pas à un tel festival. Heureusement Agassa Kossi veillait au grain, car il eut plusieurs interventions déterminantes sur des tentatives répétées de Trésor Mputu, Mbuta Mbala qu’au Congo on ne connaît que sous le sobriquet de « Biscotte », de Mbele Lelo et, bien sûr de Lomana Lua Lua, chef d’orchestre de ce commando armé des meilleures intentions.
Les Congolais faisaient chanter le ballon et, dans les tribunes, on se régalait de ce concerto pour onze solistes plus doués les uns que les autres. Quel bonheur, quel plaisir de football, simple, limpide, technique, intelligent et efficace ; 45e minute : offensive congolaise à trois, Lua Lua au centre ; à sa droite Mputu , à sa gauche « Biscotte ». Lua Lua efface son vis-à-vis immédiat, sert sur sa droite Mputu qui, d’une petite balle piquée, trompe Agassa Kossi. Un but à zéro à la mi-temps. Les Togolais ne sont pas passés loin de la punition.
Performance en demi-teinte des Mondialistes
Après la pause, il y aura quelques timides réactions des Mondialistes, sans plus et si le rythme avait diminué, les Congolais étaient toujours les plus entreprenants, les plus créatifs, les plus maîtres de leur ballon. Et peu après l’heure de jeu, Lua Lua profitait d’une petite erreur de placement du portier togolais pour inscrire le second but des « Simba ». Il y aura encore des actions dangereuses pour les Congolais avec toujours les mêmes opportunistes, mais sans succès. Côté togolais une seule frappe réellement dangereuse, celle de Yao Senaya Junior à la 75e minute.
Les « Simba » seraient-ils devenus les « Léopards » de 1974, vainqueurs ici même au Caire ? Vous le saurez en suivant le festival de CAN qui est sans doute loin d’avoir révélé toutes ses surprises. On le disait avant le début de la compétition, tout est à écrire. Ce que l’on sait, c’est que pour leur entrée en matière les Mondialistes du jour, Côte d’Ivoire (même victorieuse), Angola et Togo nous laissent sur une note inquiétante. Attention toutefois aux premières impressions, elles sont parfois corrigées dans le temps.
par Gérard Dreyfus
Article publié le 21/01/2006 Dernière mise à jour le 03/02/2006 à 15:07 TU