Libye – Maroc : 0 - 0
La magie n’a pas opéré
(Photo : AFP)
De l’un de nos envoyés spéciaux en Egypte
Tête baissée, le regard un peu éteint, Mohamed Fakhir regagne à petits pas les vestiaires. La CAN, c’est fini pour lui et pour son équipe. Ambiance morose dans les rangs des « Lions de l’Atlas ». Comme elle semble loin, l’épopée de la CAN 2004 en Tunisie ! Les Marocains avaient alors atteint la finale. Deux ans plus tard, c’est la désillusion. Les joueurs entraînés par Mohamed Fakhir terminent à la troisième place de leur groupe.
Un transistor dans les oreilles
Il faut dire que les espoirs de qualification s’étaient passablement amenuisés avec la défaite face à la Côte d’Ivoire, lors du premier match, puis avec le match nul face à l’Egypte. Pour les Marocains, les chances d’atteindre les quarts de finale passaient alors nécessairement par une large victoire face à la Libye, déjà éliminée. Mais surtout, il fallait dans le même temps que l’Egypte soit battue par la Côte d’Ivoire, dans l’autre match du groupe, disputé simultanément. Les « Lions de l’Atlas » n’avaient donc pas leur destin en main. Mais tous, au stade militaire du Caire avaient un transistor pour savoir ce qui se passait dans l’autre stade. Aussi, à chaque but inscrit par l’Egypte face à la Côte d’Ivoire, les spectateurs égyptiens présents dans les gradins ne cachaient pas leur joie. Les joueurs marocains comprenaient ainsi que leurs bien maigres chances de qualification disparaissaient. Difficile dans ces conditions de se motiver !
Un jeu de contres
Pour entamer ce match face à Libye, les « Lions de l’Atlas » présentaient une équipe résolument offensive. Et le premier quart d’heure a été l’occasion de plusieurs occasions de but. A la 14ème minute, Naybet reprend du pied gauche, un ballon au deuxième poteau, mais sans parvenir à viser le cadre. Deux minutes plus tard, le portier libyen Agustini est obligé d’intervenir pour intercepter un ballon dangereux dans sa surface. Dans l’action suivante, El-Yaagoubi bien placé à l’entrée de la surface frappe mais le ballon échoue sur le poteau gauche du gardien. Pas de réussite donc chez les Marocains dont le jeu paraît bien moins spectaculaire que lors des rencontres précédentes. Les combinaisons en milieu de terrain peinent à créer du danger aux abords du but libyen. Côté libyen justement, les joueurs repliés dans leur moitié de terrain, ne procèdent que par contre, mais sans vraiment s’approcher du but adverse.
Au fil des minutes, à mesure que le score évolue en faveur des Egyptiens dans l’autre match, l’enthousiasme s’émousse. Le jeu devient plus terne. Les actions se font rares. Comme si Naybet et ses partenaires n’y croyaient plus.
Supporters prostrés
La seconde période sera à peine plus animée que la première. Les Libyens se montrent un peu plus incisifs, notamment grâce à leur capitaine Tareq El-Taieb ou encore Marei Suliman. Le jeu s’équilibre, sans pour autant gagner en qualité. Les quelques supporteurs marocains restent prostrés sur leur siège, réagissant à peine lorsque les esprits s’échauffent sur le terrain entre attaquants marocains et défenseurs libyens. L’arbitre distribue des cartons jaunes, mais c’est la grisaille du jeu qui reprend vite ses droits. En fin de rencontre, les Libyens sont tout prêts d’ouvrir le score, mais le tir de Marei Suliman, à l’issue d’une chevauchée sur le côté gauche, s’envole bien au dessus du but gardé par Tarek El-Jarmouni. Score final 0-0. Il aurait fallu une victoire pour croire encore à la magie du tournoi. Mais ce match nul conjugué avec la victoire égyptienne scelle définitivement les ambitions marocaines. Les « Lions de l’Atlas » avaient des griffes bien trop élimées pour cette campagne égyptienne.
par Olivier Péguy
Article publié le 28/01/2006 Dernière mise à jour le 28/01/2006 à 22:54 TU
Réactions d’après match (Maroc – Libye)
Hoalid Regragui (défenseur) :
«Au vu de ce match, on ne mérite pas d’être qualifié. On pensait au moins gagner, pour partir par la grande porte. Mais on a montré nos limites. [Depuis la finale de la CAN 2004 en Tunisie, NDLR] est-ce qu’on s’est pas embourgeoisé, est-ce qu’on ne s’est pas cru meilleurs que nous ne le sommes vraiment ? (…) Il va falloir une grande remise en question de la part de toute l’équipe. On devrait prendre exemple sur nos voisins tunisiens où les joueurs ne sont pas forcément supérieurs à nous, mais ce qui fait leur différence, c’est le travail».
Talal El-Karkouri (défenseur) :
«Ce match a été une catastrophe. On n’a pas réussi à construire notre jeu. En fait, pour cette CAN, on a eu une très mauvaise préparation. On est la seule équipe à être restée au pays, alors que toutes les autres allaient se préparer dans un autre environnement, en Europe, dans le Golfe. On a fait des matchs amicaux stupides, durant lesquels plusieurs de nos joueurs ont été blessés (Abdelslam Ouaddou, Jouad Zaïri). Pour la CAN 2004, on s’était préparé pendant deux ans. Là, on n’a eu que quinze jours de préparation. On ne peut pas avoir une bonne équipe en quinze jours ! Au sein de la sélection, nous sommes beaucoup à vivre et à évoluer en Europe. On travaille avec de professionnels qui savent ce qu’est une préparation, un camp d’entraînement… Mais ici en Afrique, généralement, ça ne fonctionne pas de manière professionnelle. C’est une question d’organisation et de volonté. Et puis, dans le monde du football au Maroc, il y a trop de gens qui n’ont rien à voir avec le foot (…). Pour ma part, je m’interroge pour avoir si je vais continuer de jouer avec la sélection ».