Egypte – Côte d’Ivoire : 3 - 1
Les Pharaons rassurent le peuple
(Photo : AFP)
Il leur fallait une victoire, au pire un match nul, pour se qualifier. Il leur fallait plus encore redonner confiance à leurs supporteurs. Et ce succès par trois buts à un a été aussitôt accueilli comme s’il s’était agi du succès final. Les « Pharaons » se sont imposés à une équipe de Côte d’Ivoire-bis, au sein de laquelle Henri Michel avait assez largement fait appel aux remplaçants. Autant dire qu’on n’est guère plus avancé qu’on ne l’était avant la rencontre sur le parcours à venir des deux équipes.
De l’un de nos envoyés spéciaux en Egypte
On ne change pas une équipe qui gagne. Sauf quand on a son billet en poche pour les quarts de finale. Sauf quand on a plusieurs joueurs sous la menace d’un deuxième carton jaune. Sauf quand on décide de laisser se reposer les titulaires pour jauger les remplaçants dans un match entier pour procéder à d’éventuelles corrections au moment où le championnat se transforme en coupe avec élimination directe. N’en déplaise aux supporteurs, Henri Michel a eu raison de jouer la prudence en préservant les uns, l’audace en lançant dans le grand bain les abonnés du banc de touche. Il n’y a que les Marocains qui pourraient le lui reprocher; mais au moment de leur match contre la Libye, ils étaient ailleurs, convaincus que, quoi qu’il advienne, il était trop tard. La tactique décidée par Henri Michel est depuis longtemps la règle dans ce genre de compétition.
Le bal des drapeaux
D’entrée de jeu, les Egyptiens affirmaient leurs intentions, pressant la défense ivoirienne dans ses tranchées, lui interdisant tout billet de sortie. Dès la cinquième minute, Mohamed Abo Treka ratait d’un cheveu un centre venu de la droite, Tizié aussi, alors que les deux hommes se faisaient face. Les coéquipiers d’Ahmed Hassan attaquaient sous tous les angles face à une équipe cueillie à froid. Les 75 000 Egyptiens présents au stade international poussaient leur équipe si fort qu’elle ouvrait la marque très vite, à la huitième minute, Emad Moteab reprenait de la tête sur la ligne de but une première tête d’ Abdel Zaher El Sakka monté aux avants-postes sur un corner. On n’avait pas dit aux spectateurs qu’il n’y avait pas sur le terrain la meilleure équipe de Côte d’Ivoire; à chaque offensive des leurs, ils se levaient, agitaient les drapeaux, hurlaient comme si la coupe était en jeu dans le match décisif. Les artilleurs du Nil pressaient, pressaient devant la cage de Tizié, tandis que les Ivoiriens faisaient de la résistance. Le gardien ivoirien sortait le grand jeu, constamment sollicité, et n’eût été la maladresse des Egyptiens, l’addition aurait pu être portée à un ou deux autres buts.
El Hadary en évidence
Brutalement, la situation basculait après une tentative (22e minute) signée Romaric. La machine verte (les Ivoiriens étaient tout de vert vêtus) allait petit à petit se mettre en marche. Dans la minute qui suivait, Mido était obligé de sortir, blessé aux adducteurs. Son remplaçant n’était autre que le vieux Hossam Hassan, tout fier d’endosser pour la 166e fois la tunique rouge. Ahmed Hassan, dès son entrée en scène, lui transmettait, en signe de révérence, son brassard de capitaine. A quarante ans - il les aura le 10 août prochain -, le vieux renard n’a plus la même agilité, ce qui n’allait pas l’empêcher de faire quelques misères aux Ivoiriens. Au seuil du dernier quart d’heure de la phase initiale, Romaric d’abord, Emerse Fae ensuite obligeaient Essam El Hadary à se mettre en évidence. Et à la quarante-deuxième minute, Arouna Koné, encore très présent sur le front de l’attaque, récupérait un service sur mesure de Bonaventure Kalou, il pivotait légèrement et égalisait. Tout était à refaire pour les Egyptiens alors que le public encaissait le choc dans un silence de circonstance.
Les malheurs de Copa
La deuxième période était un peu la réplique de la première. Egyptiens volontaires mais pas toujours habiles dans la finition ; Ivoiriens, massifs comme des Eléphants, prêts à entamer une longue marche dévastatrice. Un incident allait sans doute modifier l’issue de la partie. Blessé au début de la seconde période dans un choc avec Hossam Hassan, Jean-Jacques Tizié était contraint de laisser sa place à Boubacar Barry. Deux minutes plus tard, après un excellent jeu en triangle avec au départ El Wahab, en relais Hossam Hassan et pour finir Mohamed Abo Treka, le malheureux Barry était battu sur un excellent tir croisé. Sur la première action, il allait chercher le ballon au fond de ses filets. Moins de dix minutes plus tard, suite à une frappe, le ballon rebondissait sur la barre transversale, échouait dans les pieds d’Hossam Hassan qui manquait sa reprise, mais le ballon arrivait dans les pieds d’Emad Moteab qui ne ratait pas l’occasion et inscrivait son deuxième but de la soirée. La fin de rencontre donnait lieu à quelques chevauchées ivoiriennes, sans résultat tangible.
En attendant Tizié
A titre indicatif, sur l’ensemble de la partie, les Egyptiens ont été maîtres du jeu (possession de balle: 54% contre 46%). Leur incapacité à concrétiser leurs occasions de but en première mi-temps n’était pas de bon augure pour le futur. Ils se sont rattrapés grâce aux deux buts marqués en deuxième mi-temps. Quant aux Ivoiriens, ils ont été bons, parfois très percutants avec une formation très physique qui avait gagné en volume, en envergure et souvent en taille par rapport aux matches précédents. Peut-être des problèmes de choix pour Henri Michel avant les quarts de finale. Cela dépendra de l’adversaire. Un Cameroun - Côte d’Ivoire, par exemple. On se réjouit de la probabilité d’une telle affiche. Et cette fois Drogba, Kolo Touré, Boka et quelques autres seront sur la pelouse, pas sur le banc comme contre l’Egypte. En espérant que le gardien sera rétabli. Mais comme le disait Henri Michel après le match, rencontrer le Cameroun après la Libye et le Maroc, déjà adversaires lors des éliminatoires, ce n’est pas le plus exaltant.
par Gérard Dreyfus
Article publié le 28/01/2006 Dernière mise à jour le 28/01/2006 à 22:48 TU