Cameroun – RD Congo : 2 - 0

Les Indomptables sont en appétit

Eto'o marque son cinquième but.
(Photo : AFP)

Samuel Eto’o , depuis le début du tournoi, a affiché une telle boulimie de buts qu’il ne lui était pas possible de ne pas partir à la recherche de bonnes aubaines dans le camp retranché des « Simba ». Avec lui, Rigobert Song qui a joué tous les matches (26) de son équipe en phase finale de CAN depuis sa première sélection, et Geremi Njitap, autre grognard de l’équipe. Stratégie naturellement différente pour Claude Le Roy tenu de tout tenter pour éviter la défaite, au risque de perdre son billet pour les quarts de finale.

De l’un de nos envoyés spéciaux en Egypte

La partie commençait sous le regard de toute l’équipe d’Egypte venus voir leur possible adversaire congolais en quart de finale. On jouait plutôt bien, les uns et les autres s’attachant à ne pas perdre le ballon. Les gardiens, Kameni dont c’était le grand retour en sélection – en tout cas dans un match sans enjeu – et Kalemba observait attentivement ce va et vient dans les deux moitiés de surface sans être mis à contribution. Peu à peu, de manière presque imperceptible, la puissance des Camerounais s’imposait. Les Congolais étaient sur la défensive. Song et ses camarades avaient mis en route le laminoir. On profitait de ce lent travail de sape pour observer la star de la 25^e CAN, Samuel Eto’o. Que de progrès depuis deux ans. Il n’est plus celui qui attend de bons ballons en profondeur. Il est aujourd’hui le chef d’orchestre de la ligne offensive camerounaise. On le voit, à droite, on le voit à gauche, au centre, derrière, parfois dans son propre camp. Il observe, il oriente dans l’espoir de dégainer. Avant le match il a demandé le record de buts dans une CAN (Ndaye 9 buts en 1974). Gagner la CAN et imposer son nom dans la grande légende de la Coupe d’Afrique. Depuis le début, on connaît ses rêves.

Le missile de Gérémi Njitap

Mais revenons au terrain militaire où se déroulait ce match. On jouait depuis une demi-heure. Faute de Félicien Kabundi sur Eto’o à 25 mètres du but. Le coup franc était joué à trois avec une passe en retrait pour Njitap dont le missile explosait le filet congolais. Pascal Kalemba n’était pas au bout de ses peines. A la 33^e minute, Eto’o recevait une bonne balle dans la surface qui, après avoir heurtée la base du montant droit des buts, rebondissait sur le crâne du  malheureux gardien pour finir derrière sa ligne de but. 2 à 0 pour le Cameroun, de plus en plus impressionnant Claude Le Roy attendait anxieux la suite des événements car au grand stade, l’Angola menait 2-1 face au Togo. Un petit but d’avance. La situation des équipiers de Lomana Lua Lua était inconfortable.

Au sortir des vestiaires Achille Webo (le bourreau des Ivoiriens à Abidjan) revenait à la place d’Albert Meyong Zé et Kabamba, côté congolais, remplaçait Hérita. Un coup franc légèrement excentré du buteur-maison, « Maître Samuel », faisait trembler la transversale congolaise, sans plus de malheur pour Kalamba. Les Verts et rouges étaient affamés, bien décidés à faire un bon repas. Si certains avaient pu s’étonner de la composition du onze camerounais de départ, ils n’avaient plus matière à se montrer sceptique, la preuve que certains remplaçants valent aussi les titulaires. On verra en quart de finale contre…la Côte d’Ivoire !

Un coup de pied volontaire

Le jeu à nouveau était équilibré, les blancs congolais s’efforçaient d’imposer un rythme plus soutenu à la rencontre pour ne pas subir le rouleau-compresseur camerounais et tenter de revenir au score. A la 58^e minute, Eto’o, encore une fois dans ses œuvres partaient de son camp, suivant du regard le ballon qui se trouvait dans les pieds d’Angbwa sur le côté droit. En trois mouvements, il se retrouvait dans la surface et frappait sur le gardien. Nouvelle chaude alerte pour Kalemba. A l’heure de jeu, Claude Le Roy indiquait à son joueur le plus proche que le Togo venait d’égaliser. De quoi regonfler le moral de ses troupes tout prêt de sombrer lorsqu’ après une grosse faute de Kalemba sur Webo, l’arbitre malien, Koman Coulibaly, se satisfaisait d’un carton jaune qu’on aurait vu rouge sous d’autres cieux. L’arbitre n’avait pas dit son dernier mot car il sortait le rouge à Gladys Bokese  auteur d’un violent coup de pied volontaire sur un adversaire au sol. Après Mputu contre le Togo, un deuxième Congolais était expulsé pour ne pas avoir contrôlé ses nerfs !

Dernier quart d’heure. Au grand stade l’Angola reprenait l’avantage. Les Congolais jouaient à dix, les Camerounais accéléraient, mettant à l’ouvrage leurs adversaires, en particulier leur gardien. Maîtres de leur destin et sûrs d’eux-mêmes, les Indomptables étaient désormais en répétition avant le match que beaucoup d’entre eux attendaient sans jamais l’avouer ouvertement, contre la Côte d’Ivoire qu’ils ont déjà battue deux fois lors des éliminatoires et qui leur a chipé leur place en Allemagne. Un grand choc en perspective alors que l’Egypte ne doit pas être malheureuse d’avoir à affronter la RD Congo qui sera privée de Mputu et de Bokese. Ce sera très dur pour la bande à Claude Le Roy.

par Gérard  Dreyfus

Article publié le 29/01/2006 Dernière mise à jour le 30/01/2006 à 11:12 TU

Réactions:

Benoît Angbwa (défenseur du Cameroun)
« Je pense que nos adversaires ont un certain respect à l’endroit des Camerounais. (…) Les gens savent que jouer contre le Cameroun, ce n’est pas toujours facile, quand on sait qu’on a Samuel Eto’o, Rigobert Song et compagnie. Ce sont des noms de gros calibre. Donc pour les joueurs qui ont des gars comme ça en face, ça leur fait toujours un peu peur.

Les Congolais ont de bons joueurs, mais on a su les prendre dans notre système. Le but était de ne pas encaisser de buts. Ayant le match sous contrôle, il n’y avait pas lieu de s’affoler.

(Le match de quart de finale contre la Côte d’Ivoire), on va l’aborder avec plus de concentration et de détermination que les autres matchs. La pression évolue, les matchs deviennent de plus en plus sérieux. Donc on abordera ce match avec tout le sérieux nécessaire. »