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Angola – Togo : 3 – 2

Le réveil trop tardif des « Palancas Negras »

Malgré Amado (No 16) l'Angola ne passe pas.(Photo : AFP)
Malgré Amado (No 16) l'Angola ne passe pas.
(Photo : AFP)

Pour ce dernier match du groupe B, les Angolais étaient équipés d’une calculatrice et d’un transistor. Une calculatrice pour bien compter les points. Les «Palancas Negras» pouvaient encore espérer se qualifier pour les quarts de finale. Il leur fallait gagner leur confrontation face aux «Eperviers» du Togo mais également soigner leur goal-average pour pouvoir éventuellement s’emparer de la place qualificative occupée par la République démocratique du Congo. Or, la RDC, dans le viseur des Angolais, jouait son match simultanément face au Cameroun, mais dans un autre stade. D’où la nécessité du transistor, pour suivre l’évolution du score de l’autre match.


De l’un de nos envoyés spéciaux en Egypte

Première nécessité pour les Angolais : gagner. A priori, la tâche n’avait rien d’insurmontable face à une équipe du Togo bien terne durant cette CAN. Les «Eperviers», pourtant qualifiés pour la prochaine Coupe du Monde, n’ont remporté aucun match dans cette campagne égyptienne. Leur joueur - vedette, Emmanuel Adebayor, blessé, ne figurait pas sur la feuille de match. Les Angolais, déterminés à jouer crânement leur chance, pouvaient donc entamer la partie sur un rythme intense. En s’installant dans le camp togolais, les «Palancas Negras» allaient trouver rapidement le chemin du but. A la 9e minute. Flavio hérite d’un ballon dans sa course. L’attaquant congolais du club égyptien d’Al-Ahly entre dans la surface et réussit à piquer légèrement son ballon pour l’expédier par-dessus le gardien togolais (1-0). Dans les minutes qui ont suivi, les Angolais étaient bien près de plier le match, avec deux grosses occasions incroyablement ratées par un capitaine Akwa bien peu chanceux.

En plus de motiver les joueurs angolais, cette entame de match servait aussi d’aiguillon pour des Togolais, visiblement soucieux de produire un spectacle plus digne d’un mondialiste que celui qu’ils ont proposé jusque-là. Aussi, les hommes de Stephen Keshi se montraient-ils dangereux en plusieurs occasions. Les 22 acteurs sur le terrain livraient ainsi un match bien plus dense que lors de leurs précédentes sorties respectives. Et c’est presque logiquement que les Togolais réussirent à revenir au score, à la 24e minute. Sur une action de contre, Abdel Kader Coubadja se présente seul face au portier angolais et, du bout du pied, pousse le ballon dans les filets adverses (1-1).

L’exclusion de Kassim profite à l’Angola

Le match était lancé sur les chapeaux de roue, avec cette égalisation, comme si les deux équipes voulaient inscrire les buts qu’ils n’avaient quasiment pas marqués lors de leurs matchs précédents. Seul l’Angola avait inscrit un but face au Cameroun; les Togolais n’avaient, jusque-là, pas trouvé le chemin des filets. Et d’autres buts allaient ainsi venir. Mais d’autres soucis allaient se présenter pour le onze togolais. Au milieu de la première période, Kassim est sanctionné pour une stupide faute de main dans le rond central. L’arbitre lui adresse un deuxième carton jaune. Kassim exclu, les «Eperviers» allaient devoir jouer en infériorité numérique. Une situation qui évidemment profitait aux «Palancas Negras». A la 38e minute, Flavio, placé au point de penalty, reçoit un ballon venu de la droite. Il contrôle, pivote, tire et trompe le portier togolais. A deux buts à un, la qualification se rapproche pour Flavio et ses coéquipiers, d’autant que dans l’autre stade, les Camerounais mènent au score face à la RDC.

Les Angolais attendent la fin de l'autre match pour une qualification par procuration, qui n'est jamais venue.(Photo : Olivier Péguy/RFI)
Les Angolais attendent la fin de l'autre match pour une qualification par procuration, qui n'est jamais venue.
(Photo : Olivier Péguy/RFI)
De retour des vestiaires, après la pause, les Angolais semblent confiants, déterminés, persuadés qu’avec un peu de réussite, ils pourront créer la surprise. Pour cela, il leur faut encore marquer des buts. Mais c’est sans compter avec la pugnacité d’une équipe togolaise bien placée, bien organisée, et surtout désireuse de faire bonne figure auprès des observateurs internationaux venus espionner deux Mondialistes africains, en vue du prochain rendez-vous en Allemagne. Malgré leur infériorité numérique, ils parviennent à bousculer la défense adverse. C’est sur un contre que l’attaquant sochalien Coubadja déborde sur la droite et glisse le ballon à Sherif Touré Mamam, lancé, qui trompe pour la deuxième fois Joao Ricardo (2-2). Evidemment à ce moment-là du match, les espoirs angolais de qualification s’éloignent, sur le papier. Mais dans les jambes et dans la tête, les «Palancas Negras» veulent y croire, quitte à être plus brouillons. Le jeu se débride alors, le ballon passant d’un camp à l’autre. Et c’est sur une montée angolaise à cinq minutes de la fin du temps réglementaire, que Maurito, d’un tir puissant du pied droit, depuis l’entrée de la surface, redonne l’avantage aux Angolais (3-2).

Suspense haletant

Les cinq dernières minutes du match allaient être conformes à tous les films à suspens. Avec pour scénario: des Angolais qui, s’ils marquent encore un but, se qualifient. Et pour pimenter le tout, des Congolais dans l’autre stade, menés 2-0 face au Cameroun. S’ils encaissent un but, ils perdent leur place de qualifié au profit de Angolais. Tout est question de calcul, de liaison radio, et de nerfs. Les Angolais poussent afin d’inscrire un ultime but si précieux ! Mais en vain. L’arbitre siffle le coup de sifflet final. Les «Palancas Negras» ne peuvent plus se fier qu’au résultat de l’autre rencontre. Cet autre match n’est pas encore fini. Les Congolais vont-ils encaisser un but dans les arrêts de jeu ?

Au stade international du Caire, si les joueurs togolais ont déjà rejoint les vestiaires, les Angolais, eux, restent sur le bord du terrain, les yeux rivés vers les écrans géants du stade, qui diffusent les dernières secondes qui s’écoulent dans l’autre match, à quelques kilomètres de là. La centaine de supporters angolais est aussi là, scotchés à un écran, comme si le miracle pouvait venir de là. Les uns prient, les autres retiennent leur souffle, encouragent le Cameroun. Mais voilà, cela n’y changera rien. L’arbitre du match Cameroun –RDC siffle la fin de la rencontre. Les Congolais ne perdent «que» deux buts à zéro. Suffisamment pour qu’ils terminent deuxièmes de leur groupe. Suffisamment pour écarter l’Angola des quarts de finale. Le silence se fait dans l’immense stade du Caire, déjà déserté par le public. Les écrans géants s’éteignent. Tête baissée, les derniers joueurs angolais regagnent leur vestiaire. Ils savent qu’ils ne sont pas passés loin d’une qualification pour les quarts de finale.

La compétition s’arrête là pour une équipe qui n’aura pas démérité, mais qui aura néanmoins montré ses limites. Pas forcément de bon augure, à quelques mois de la Coupe du monde à laquelle ils prendront part. Même constat pour des «Eperviers» bien peu lumineux durant cette CAN, hormis quelques étincelles durant ce dernier match. Il en faudra beaucoup plus pour espérer briller dans quelques mois en Allemagne.


par Olivier  Péguy

Article publié le 29/01/2006 Dernière mise à jour le 30/01/2006 à 17:46 TU

Réactions:

Titi Buengo (défenseur angolais)
« Oui, on est déçu parce qu’on avait le match en main. Et en plus, le résultat dans l’autre match (Cameroun – RDC, 2-0) nous était favorable. On n’a pas su ne pas prendre de but. C’est deux erreurs qu’on a payé cash. (…) On était venu à cette CAN avec des ambitions, mais on n’a pas montré grand chose, sauf dans le dernier match (contre le Togo) où on a gagné. Mais il fallait mettre beaucoup de buts et ne pas en prendre, et on n’a pas su comment faire.

(Cette CAN) va servir pour la prochaine coupe du monde. Mais la Can et la Coupe du monde, c’est pas la même chose. Ca sera une autre bataille. »

Yaovi Abalo (défenseur capitaine du Togo)
« On était mal préparé (pour cette CAN). Quand on joue dans les éliminatoires, ce n’est pas la même pression que dans une phase finale. Et de ce côté, beaucoup de joueurs n’ont pas encore la bonne maturité. Il va vraiment falloir faire quelque chose pour qu’à la coupe du monde, on ne fasse pas la même chose qu’ici. (…) Dans l’ensemble, on n’était pas dans une phase positive avant de venir ici. »