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Sénégal

Idrissa Seck remis en liberté

Idrissa Seck, acclamé par ses partisans lors de sa sortie de prison, le 7 février.(Photo : AFP)
Idrissa Seck, acclamé par ses partisans lors de sa sortie de prison, le 7 février.
(Photo : AFP)
Idrissa Seck est sorti de prison mardi après un non-lieu partiel rendu par la commission d'instruction de la Haute cour de justice. L'ancien premier ministre avait déjà été blanchi des accusations d'atteintes à la sûreté de l'Etat et à la défense nationale fin janvier. Il retrouve donc la liberté après sept mois de prison et de péripéties politico-judiciaires.

De notre correspondant à Dakar

Il est 17 heures, ce mardi 7 février. Idrissa Seck sort de la prison centrale de Rebeuss sous les acclamations de ses partisans. Quarante-cinq minutes plus tard, un impressionnant comité d’accueil, composé de centaines de ses supporteurs, l’attend devant son domicile du quartier résidentiel du Point E.

 Idrissa Seck arrive à bord d’une voiture noire et sort brièvement par le toit ouvrant. Des partisans survoltés hurlent son nom en essayant de le toucher. L’ex-Premier ministre se fraye un chemin vers sa maison, avant de réapparaître au balcon, souriant et levant les bras en signe de victoire.

Puis il fait une courte déclaration : « C’est avec une conscience calme que je suis entré dans cette épreuve, c’est avec une conscience calme que j’en sort. Et je convoite la sérénité, l’endurance, la capacité de dépassement, qu’exige la mission que je me suis assignée : servir le Sénégal. »

Selon ses avocats et des sources judiciaires, Idrissa Seck sort blanchi des principales accusations qui pesaient sur lui. Les poursuites pour dépassement illégal dans les chantiers de sa ville de Thiès sont levées, à la suite de celles pour atteinte à la sécurité de l’Etat et à la défense nationale. Cela dit, l’ancien Premier ministre n’est pas entièrement tiré d’affaires, dans la mesure où reste en suspens une commission rogatoire transmise à la justice française pour enrichissement illicite présumé. « On se donne l’illusion de peser sur l’avenir politique d’Idrissa Seck en laissant planer au dessus de sa tête un brin de procédure. Je dis que celui qui a choisi cette voie voulait s’aménager une porte de sortie honorable », analyse Boucounta Diallo, l’un de ses principaux  avocats.

Bonnes volontés

Cela dit, il reste à comprendre comment celui qui était présenté, il y a peu, comme l’ennemi numéro 1 du président Wade, a retrouvé la liberté. « Le droit, rien que le droit », répètent en chœur le gouvernement comme les avocats de l’ancien chef du gouvernement. « Aucun marché n’a été conclu sur le dos des magistrats ni sur le dos de qui que ce soit, assure Maître Boucounta Diallo. Il est un républicain, respectueux du droit et de la justice, c’est pourquoi, pour qu’il n’y ait pas d’équivoque, il n’a jamais voulu qu’une demande de liberté provisoire soit déposée. Comment quelqu’un qui refuse une demande de liberté peut en retour accepter de sortir de prison par des portes dérobées ? »

Cela dit, dans les deux camps, on reconnaît que des bonnes volontés se sont activées autour du cas Idrissa Seck. Et, selon des sources proches de la présidence, le chef de l’Etat lui-même s’est prononcé pour un apaisement dans cette affaire.

Qu’en sera-t-il enfin de l’avenir politique de l’ex-Premier ministre ?  Mardi, Idrissa Seck s’est dit soucieux de servir son pays, mais sans préciser si ce sera aux côtés de l’actuel chef de l’Etat.

Mais au moins deux possibilités s’offrent à lui. La première, c’est qu’il revienne dans le giron du parti au pouvoir. Ces adversaires les plus résolus, au sein du PDS, y sont opposés. A l’image du ministre de l’Agriculture, Farba Senghor, interrogé sur la radio privée RFM, qui a traité Idrissa Seck de « voleur ». Pourtant, son retour est loin d’être exclu. « En politique, rien n’est impossible. Tout sénégalais peut effectivement venir dans notre parti, estime Doudou Wade, chef du groupe parlementaire PDS à l’assemblée nationale. Il s’agit seulement de respecter notre règlement intérieur et de se référer à la politique définie par le secrétaire général de notre parti [Abdoulaye Wade], qui est notre seule boussole.»

Il reste qu’Idrissa Seck ne retournera pas au PDS pour jouer les seconds couteaux. D’où la possibilité qu'il décide de faire cavalier seul, en emmenant avec lui une partie du mouvement d’Abdoulaye Wade. Certains des proches de l’ancien Premier ministre le souhaitent. Or, une telle éventualité  pourrait handicaper le chef de l’Etat dans la perspective des élections présidentielle et législatives de l’année prochaine.


par Christophe  Champin

Article publié le 08/02/2006 Dernière mise à jour le 08/02/2006 à 18:16 TU