Sénégal
Idrissa Seck partiellement innocenté
(Photo : AFP)
De notre correspondant à Dakar
Idrissa Seck n’est pas encore tiré d’affaire, mais ce non-lieu est un tournant. Lorsqu’il a été convoqué par la police, le 15 juillet 2005, l’ancien Premier ministre devait en effet être interrogé sur l’affaire des chantiers de sa ville de Thiès, à la suite d’un rapport de l’Inspection générale d’Etat transmis à la justice qui l’accusait de dépassements frauduleux.
Mais dès le lendemain, on apprenait qu’il était en réalité gardé à vue pour atteinte à la sûreté de l’Etat et à la défense nationale, avant d’être inculpé et écroué à la prison centrale de Dakar, huit jours plus tard. Et c’est seulement début août qu’est intervenu le vote de mise en accusation par le Parlement dans l’affaire principale qui relève d’une Haute Cour de justice.
D’où cette réaction des proches de l’ancien Premier ministre, pour qui ce non-lieu prouve que les premières accusations étaient un montage visant à le maintenir en détention. « Depuis le début, j’ai dit qu’Idrissa Seck était totalement innocent des faits qui lui sont reprochés. Et c’est certainement pour donner de l’épaisseur aux accusations concernant les chantiers de Thiès, qu’il fallait ajouter autre chose », assure Oumar Sarr, chef de file des députés fidèles à l’ex-chef du gouvernement.
Discrètes tractations
Dans le camp présidentiel, on dément, en assurant que la justice n’a fait que son travail. « Franchement, c’est un mauvais procès qu’on fait à ce pays, s’insurge Abdou Fall, porte-parole du Parti démocratique sénégalais au pouvoir. Pour ce qui concerne l’indépendance de la justice et la liberté de décision des juges, le Sénégal reste une référence. » Mais dans le même temps, le porte-parole du PDS reconnaît qu’Idrissa Seck pose un problème au parti dirigeant. « Lui et ses partisans avaient décidé, depuis qu’il avait perdu la posture institutionnelle qu’il occupait, de se lancer dans une attitude de défiance, de déstabilisation et de sabotage systématique.»
Quoi qu’il en soit, les rumeurs vont bon train sur un possible règlement politique du cas Idrissa Seck. Et le fait que tous ses co-accusés aient été libérés les uns après les autres renforce l’impression d’une volonté d’apaisement en haut lieu. Mais, dans un pays habitué aux revirements spectaculaires, aucun responsable politique ne se risque à l’affirmer publiquement.
Seule certitude, des sources proches de la présidence comme de l’ancien Premier ministre reconnaissent l’existence de contacts discrets entre l’entourage d’Abdoulaye Wade et celui de son ancien bras droit. Pour autant, les avocats d’Idrissa Seck affirment que leur client n’entend pas déposer une demande de liberté provisoire. « Il n’acceptera de sortir de prison que s’il est entièrement blanchi par la justice de son pays », confie un proche.
par Christophe Champin
Article publié le 31/01/2006 Dernière mise à jour le 31/01/2006 à 15:47 TU