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Sénégal

Les révélations de l’inspectrice générale de l’Etat

Idrissa Seck. (photo: AFP)
Idrissa Seck.
(photo: AFP)
L’affaire «Idrissa Seck», du nom de l’ancien Premier et ancien n°2 du Parti démocratique du Sénégal (PDS) continue d’empoisonner le climat politique du Sénégal. Les déclarations de Nafi Ngom Kéita, de l’inspection générale de l’Etat, jettent à nouveau de l’huile sur le feu.

C’est dans les colonnes du journal Walfadjri que la chef de mission de l’Inspection générale de l’Etat, Nafi Ngom Kéita, a fait de nouvelles révélations laissant entendre que le vrai rapport n’est pas encore publié. Et pourtant c’est sur la foi d’un dossier qu’un juge d’instruction a pu mettre sous les verrous, un ancien Premier ministre et maire de la ville de Thiès, et un autre ministre de la République. «Le jour où le rapport sera mis dans Internet ou en tout cas porté sur la place publique, vous verrez M. Bara Tall, directeur des entreprises Jean Lefevbre, parler dans les procès verbaux  d’audition des réunions tenues dans les bureaux du Premier ministre avec le ministre des Finances et le ministre du Patrimoine bâti, de la construction et de l’habitat».

En dit-elle trop ou pas assez quand elle a, elle-même, choisi de déroger à son devoir de réserve dans une affaire dont l’instruction se poursuit ? En tout cas, elle s’est autorisée à citer des noms mettant en cause directement le ministre des Finances Abdoulaye Diop. Lorsque notre confrère Walfadjri souligne la responsabilité du ministre qu’elle engage dans ses propos, elle rétorque immédiatement: «Je n’ai pas engagé sa responsabilité, c’est lui qui a engagé la sienne parce que c’est l’ordonnateur unique et principal  du budget de l’Etat». En expliquant sa démarche et le sens qu’il faut donner à ses propos, Nafi Ngom Kéita, renchérit en évoquant l’implication directe du ministre des Finances Abdoulaye Diop. «On parle de décision de versement pour justifier les transferts de fonds à Thiès. Qu’est-ce que cela veut dire ? Une décision, c’est par essence un acte interne  de gestion (…). C’est lui (le ministre des Finances) qui a l’argent», a-t-elle précisé.

Nafi Ngom Kéita craint pour sa vie

Les accusations de Nafi Ngom Kéita, se perdent par la suite dans les méandres des hiérarchies  et autres responsabilités partagées dans les hautes sphères de l’Etat. «Le problème est qu’il y a quelqu’un qui a donné des instructions, un autre qui a été Premier ministre qui a une responsabilité et je ne rentre pas dans les détails de comment il est responsable et qu’est-ce qu’il a fait (…). Mais apparemment, on veut sauver Abdoulaye Diop. Je ne me préoccupe pas des raisons mais qu’il me laisse tranquille, je ne lui ai rien fait», lance-t-elle comme un appel au secours.

En effet, elle dit avoir subi d’énormes pressions et craint pour sa vie. Le pouvoir qui a pris très au sérieux ses inquiétudes a affecté à sa protection des gendarmes d’un corps d’élite. Les réactions se multiplient dans la classe politique sénégalaise après cette sortie tonitruante d’un haut fonctionnaire de l’Etat, qui, dit-on, «a dû en référer à sa hiérarchie, la présidence de la République» avant de se répandre dans la presse.


par Didier  Samson

Article publié le 22/09/2005 Dernière mise à jour le 22/09/2005 à 17:09 TU

Audio

Christophe Champin

Envoyé spécial permanent de RFI au Sénégal

«A Dakar, on se demande les raisons de la sortie fracassante de Nafi Ngom Kéita.»

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