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Sénégal

Deux nouvelles incarcérations dans «l'affaire Idrissa Seck»

Idrissa Seck a été inculpé le 23 juillet d'«<I>atteinte à la sûreté de l'Etat et à la défense nationale</I>»<EM>.</EM>(Photo : AFP)
Idrissa Seck a été inculpé le 23 juillet d'«atteinte à la sûreté de l'Etat et à la défense nationale».
(Photo : AFP)
Mbaye Coulibaly est informaticien de l'ex-Premier ministre, l'inspectrice Coumba Ngouye Thiam a été chef de service au ministère de la Famille. Ils avaient été mis en garde à vue la semaine dernière, comme l'avaient été Awa Guèye Kébé et Opa Ndiaye, deux anciens ministres réputés proches d'Idrissa Seck. Les ex-ministres ont été remis en liberté le week-end passé, tandis que Mbaye Coulibaly et Coumba Ngouye Thiam ont été inculpés de «complicité d'atteinte à la sûreté de l'Etat», puis placés sous mandat de dépôt.

De notre correspondante à Dakar

Mbaye Coulibaly était en garde à vue depuis le lundi 5 septembre à la suite d'une convocation de la Division des investigations criminelles (DIC, police). Coumba Ngouye Thiam avait connu le même sort trois jours plus tard, le jeudi 8. Des perquisitions avaient également été effectuées au domicile de chacun pour des motifs que leurs proches avaient assuré ignorer jusqu'au mercredi 14. A leur sortie du bureau du doyen des juges d'instruction, tout le monde était fixé : l'un et l'autre ont été inculpés de «complicité d'atteinte à la sûreté de l'Etat et à la défense nationale», a expliqué à RFI un de leurs avocats, Me Pape Jean Sèye. Mbaye Coulibaly, qui souffre d'hypertension artérielle, a été évacué vers le pavillon spécial pour détenus de l'Hôpital Aristide Le Dantec de Dakar, tandis que Coumba Ngouye Thiam a été conduite à la prison pour femmes à Liberté 6, un quartier du centre-nord de la capitale.

Pour Me Sèye, qui coordonne le collectif de la défense de M. Coulibaly et Mme Thiam, le dossier des nouveaux prévenus est «politique» et «monté de toutes pièces», un avis partagé par le docteur Abdoulaye Ndoye, membre du Mouvement de soutien à Idrissa Seck (MSIS). «On veut installer dans la mentalité populaire que le fait d'être l'ami d'Idrissa Seck ou un de ses sympathisants constitue un délit. C'est extrêmement grave!», a estimé le Dr Ndoye dans un entretien accordé jeudi à la radio privée Walfadjri-FM. Faux, selon Me Mbaye Jacques Ndiaye, avocat de l'Etat sénégalais. «Ce n'est pas le régime libéral qui poursuit M. Idrissa Seck et ses complices, il s'agit de la Justice», a déclaré Me Ndiaye à l'antenne de la même radio. «Si l'on considère aujourd'hui qu'un individu est soupçonné d'avoir commis des malversations énormes en ce qui concerne les deniers publics, il est tout à fait normal qu'une information soit ouverte, parce que M. Idrissa Seck est poursuivi pour des faits extrêmement graves!», a-t-il lancé.

Prison pour certains, pas pour d'autres

Idrissa Seck a été gardé en vue pendant une semaine avant d'être inculpé le 23 juillet d'«atteinte à la sûreté de l'Etat et à la défense nationale», puis envoyé à la prison civile située à Rebeuss, près du centre-ville. Il est également inculpé pour malversations financières portant sur plusieurs milliards de francs CFA à la faveur d'investissements à Thiès (est de Dakar), une ville dont il est le maire. On ignore si les deux dossiers ont un lien, mais celui dit des «chantiers de Thiès» a également valu à Salif Bâ, ex-ministre du Patrimoine bâti, de l'Habitat et de la Construction, d'être inculpé. Conduit le 22 août à Rebeuss, M. Bâ a été évacué le 26 au pavillon spécial de l'Hôpital Le Dantec où il se trouve toujours.

Beaucoup avaient prédit la case prison pour Awa Guèye Kébé, ex-ministre de la Famille, du Développement social et de la Solidarité, et Opa Ndiaye, ex-ministre du Plan d'Idrissa Seck, il n'en fut rien. Convoqués à la DIC le jeudi 8 septembre, ils ont été placés en garde à vue, puis remis en liberté le samedi 10. Yankhoba Diattara, leader des Forces intégrées pour la démocratie et la liberté (Fidel, parti se réclamant de M. Seck), l'a également échappé belle. Arrêté le lundi 5 à sa sortie de Rebeuss où il avait rendu visite l'ex-Premier ministre, il a été gardé à vue puis libéré le mercredi 7.

Jeudi, des radios privées ont annoncé l'arrestation à Thiès de deux autres proches de l'ex-Premier ministre, alors que les avocats d'Idrissa Seck ont organisé deux conférences de presse à Dakar et Paris pour dénoncer ce qu'ils ont appelé «la dérive autoritaire du régime sénégalais», provoquant la colère dans le camp de l'accusation. «Il est inadmissible qu'une affaire soit entre les mains de la Justice, et que des individus s'agitent pour dire qu'il y a de l'autoritarisme. Mais la Justice, elle doit être forte! C'est la raison pour laquelle (elle) a la possibilité d'arrêter quelqu'un, de le mettre en prison», a martelé Me Mbaye Jacques Ndiaye.


par Coumba  Sylla

Article publié le 16/09/2005 Dernière mise à jour le 16/09/2005 à 12:27 TU

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Paul-Albert Iweins

Ancien bâtonnier du Barreau de Paris

«Il y a manifestement une volonté d'élimination politique d'Idrissa Seck.»

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