Yeo Martial, jovial compagnon, est un homme heureux. L’actuel directeur technique national du football ivoirien est celui qui avait mené les Eléphants à leur première consécration continentale en mars 1992 à Dakar. Comment ne rêverait-il pas d’un nouveau sacre pour les héritiers des Gadji Celi, Joël Tiéhi, Abdoulaye Traoré et quelques autres. Comment ne pas vouloir rapporter au pays une deuxième fois la Coupe ? Si les Ivoiriens réitéraient l’exploit de 92, cela constituerait un formidable stimulant avant d’aller affronter l’élite mondiale en Allemagne.
De l’un de nos envoyés spéciaux en Egypte
Beaucoup avant la 25e CAN avaient fait de la Côte d’Ivoire un des plus chauds favoris du tournoi. C’était sans doute se laisser emporter par une brusque « ivoiromania » qui n’était probablement pas totalement justifiée. L’équipe était jeune, inexpérimentée et la plupart des titulaires étaient encore en phase d’apprentissage dans leurs clubs en Europe. De plus, les deux défaites subies lors des éliminatoires contre le Cameroun, aussi bien à Yaoundé qu’à Abidjan, n’étaient pas vraiment sécurisantes. La CAN venait donc fort à propos pour situer l’exact niveau d’une équipe encore fragile. Après un premier tour médiocre, les Eléphants ont disposé du Cameroun dans une configuration match de coupe du monde. Une victoire obtenue dans la douleur, à l’arraché, au terme d’une extraordinaire séance de tirs au but. Ce que l’on retiendra, c’est surtout le duel d’égal à égal avec les guerriers camerounais toujours à leur affaire dans ce genre de bras de fer. Brusquement les Eléphanteaux ont grandi et sont devenus de véritables Eléphants prêts à affronter les tâches les plus rudes face à un adversaire qui, physiquement, n’accorde aucun répit. Ce match a, semble-t-il, fait mentalement un bien énorme aux coéquipiers de Didier Drogba. Ce qui a été avéré lors de la demi-finale face au Nigeria. Le plus éprouvé des deux n’étaient pas celui auquel on pensait.
La débauche d’efforts fournis trois jours plus tôt n’avait pas physiquement atteint le groupe d’Henri Michel. Peut-être parce que l’entraîneur français a fait tourner la totalité de son effectif. Tous les joueurs présents en Egypte ont fait au moins une apparition sur le terrain, à l’exception du troisième gardien, Gérard Gnanhouan. Quand on a des joueurs de qualité, ce n’est pas pour les laisser sur le banc a, sans doute pensé Henri Michel. Les faits lui ont donné raison. Pour autant il n’a peut-être pas encore trouvé son équipe-type pour le rendez-vous capital du mois de juin en Allemagne. Elle n’a marqué que six buts dont trois pour le seul Drogba et en a encaissé cinq. Le problème est sans doute celui de la défense et au moins autant celui du milieu de terrain, le plus difficile à résoudre.
Yaya Touré a certainement gagné sa place de titulaire au côté de Zokora. Les deux autres places sont pour qui ? Akale est puissant ; il a été précieux contre le Cameroun. Romaric, Yapi, Fae, Demel qui a été très peu utilisé sont sur les rangs. Devant, Arouna Koné a semblé le meilleur pendant de Drogba. Ses débordements sur le côté gauche ont souvent créé le danger. Provisoirement et pour les circonstances que l’on connaît, Aruna Dindane n’a pas pu montrer l’exacte étendue de son talent. Reste enfin le cas Kalou qui a bien du mal à trouver sa place au sein des Eléphants. On le pensait capable d’être l’organisateur de la troupe orange, mais il semble n’en avoir, ni le goût ni, ce qui reste à démontrer, la capacité.
La Côte d’Ivoire est le seul mondialiste à avoir émergé pendant cette CAN. Ce qui lui confère une place élevée dans la hiérarchie africaine. Peut-être la verra-t-on bientôt au sommet des Pyramides d’Egypte à la place de l’Egypte ? Mais pour réussir une telle ascension, Drogba, Maestro, Arouna Koné et les autres devront sortir le grand jeu.
