Bénin
Yayi Boni, un nouveau-venu présidentiable
(Photo : AFP)
C’est un nouveau-venu, entré en politique, fin 2005, sans appareil de parti, Yayi Boni, un fin connaisseur des rouages bancaires, qui prend la tête du peloton des 26 candidats à la succession du septuagénaire Mathieu Kérékou, atteint par la limite d’âge. Dimanche, avant même que l’aube ne se lève, le président de la Cena, Sylvain Nouwatin, lui a en effet reconnu plus d’un tiers des suffrages, devant les vétérans, Adrien Houngbedji et Bruno Amoussou au coude à coude. Ces premiers résultats provisoires du premier tour de la présidentielle du 5 mars se fondent sur le dépouillement de 70,87% des bulletins. Partiels, ils ne garantissent pas non plus la victoire de quiconque. Ils n’en dégagent pas moins la tendance du second tour pour lequel les grandes manœuvres ont déjà commencé.
Loin derrière le triplé de tête, le fils de l’ancien président Nicephore Soglo (1991-1996), le candidat de la Renaissance du Bénin (RB) qui se voulait le principal parti d'opposition, Léhady Soglo, obtient un très modeste 8,58%. Il pourra, au mieux, servir de force d’appoint dans le duel qui s’annonce entre Yayi Boni et Adrien Houngbedji, Bruno Amoussou pouvant prétendre à un rôle d’arbitre plus déterminant. Mais d’ici là, il faudra compter «les bulletins qui ne sont pas encore arrivés au siège de la Cena» et examiner les recours en contestation déjà déposés auprès de la Cour constitutionnelle par certains mécontents. Reste que les 58,52% de votants (sur quatre millions d’électeurs) qui se sont rendus aux urnes ont manifesté un intérêt certain pour le candidat le plus extérieur au sérail, Yayi Boni.
Yayi Boni : «ça doit changer, ça va changer !»
Les observateurs internationaux envoyés par l’Organisation internationale de la francophonie, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), les Etats-Unis ou par des d’ONG indépendantes coordination des observateurs internationaux indépendants, Etats-Unis ont jugé le scrutin crédible, en dépit de ses problèmes d'organisation et de la mise en doute exprimée par Mathieu Kérékou le jour du scrutin. Pour sa part, Léhady Soglo s’étonne de ne pas avoir fait le plein des voix dans son fief familial du Sud et dénonce des fraudes : du travail en perspective pour la Cour constitutionnelle, seule habilitée à promulguer les résultats définitifs. Mais déjà, une première tendance se dégage de ce premier vote éclaté. Un tiers des Béninois qui sont allés aux urnes ont été sensibles au slogan de Boni : «ça doit changer, ça va changer !»
par Monique Mas
Article publié le 12/03/2006 Dernière mise à jour le 12/03/2006 à 11:32 TU