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Mohammed VI au Sahara, l’ONU dans l’attente

Première visite du souverain marocain Mohammed VI au Sahara occidental en 2001.(Photo: AFP)
Première visite du souverain marocain Mohammed VI au Sahara occidental en 2001.
(Photo: AFP)
A l’approche de la présentation aux Nations unies, en avril, du plan marocain pour le Sahara occidental, le roi du Maroc a entamé lundi dans l’ancienne colonie espagnole une visite de cinq jours, la troisième du genre depuis son intronisation en 1999. Mohammed VI pourrait y prononcer un discours important présentant les grandes lignes du projet.

C’est par El Ayoun, chef-lieu du Sahara occidental, que le roi du Maroc a entamé sa visite lundi après-midi. Des centaines de personnes, munies de photos du roi et de drapeaux marocains, étaient rassemblées sur 5 km, le long de la route empruntée par le souverain entre l'aéroport et sa résidence. Une deuxième étape est prévue à Boujdour, localité portuaire située à 180 km plus au sud. Dans un geste visant à montrer sa volonté de moderniser les « provinces du Sud », selon la terminologie officielle marocaine, Mohammed VI doit visiter, dans cette ville qui accueille pour la première fois un souverain marocain, les chantiers de construction d'un grand port ayant coûté plus de 26 millions d'euros. Il devrait également inaugurer des projets socio-économiques dans les secteurs de l'eau, des routes et de l'habitat.

Sur un plan plus directement politique, cette visite, la troisième de Mohammed VI sur place depuis son accession au trône en 1999, a valeur de symbole après que le mouvement indépendantiste Polisario, soutenu par l’Algérie, a célébré récemment son trentième anniversaire. Dimanche, ce dernier a qualifié le déplacement du souverain marocain d’« initiative belliqueuse ».

Réelle démocratisation

Mais ce séjour devrait être surtout l’occasion, pour le roi, de présenter les grands axes du projet marocain pour le Sahara occidental. Selon l’hebdomadaire marocain Le Journal, Mohammed VI pourrait prononcer un « discours fort » portant probablement sur la question de l'autonomie.

Cette visite intervient, en effet, alors que le Maroc se prépare à présenter, en avril à l'ONU, un projet d'autonomie pour l’ancienne colonie espagnole. Il y a dix jours, le palais royal invitait l'ensemble des partis politiques marocains représentés au Parlement à faire connaître leurs positions sur le projet de régionalisation et d'autonomie que compte octroyer le royaume au Sahara.

De source américaine aux Nations unies, on dit attendre de Rabat une proposition d'autonomie assez audacieuse, qui prenne en compte les ingrédients d'une réelle démocratisation. L’idée, selon Washington, est que le Maroc fasse les efforts nécessaires pour présenter un plan permettant à la communauté internationale de faire pression sur le Polisario afin qu'il abandonne ses ambitions d'autodétermination.

Mohammed VI ira-t-il dans ce sens ? Le quotidien gouvernemental marocain Le Matin, journal au plus proche des positions royales, écrivait ce week-end que le souverain ne « veut plus se satisfaire d’une impasse qui s’éternise », il est donc « décidé à faire la percée » et préconise « une large autonomie pour les provinces du Sud », avec la volonté de les « transformer en modèle, celui d’une démocratie vécue à la base. »

A Alger, où on ne notait pas de réaction officielle, plusieurs journaux dénonçaient lundi la visite royale marocaine. Ainsi le quotidien Liberté, stigmatisant la « provocation de Mohammed VI », et estimant qu’« à l’approche de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies sur le conflit sahraoui, le souverain marocain multiplie les actions et les contacts dans l’espoir d’influer sur le traitement du dossier. »

Le « Sahara, inaliénable et indivisible »

Véritable serpent de mer diplomatique, la question du Sahara occidental – territoire administré depuis 1975 par Rabat – peine toujours à sortir de l’impasse. L'Onu a proposé en 2003 un plan de règlement du conflit (le plan Baker, du nom de l’ancien représentant spécial de l'Onu et ex-secrétaire d’Etat américain), fondé sur une période d'autonomie de cinq ans devant être suivie d'un référendum d'autodétermination sur le statut définitif du territoire.

Le Maroc a rejeté ce plan, de même que le principe du référendum, le jugeant « obsolète » et « inapplicable », et proposant en échange une large autonomie sous souveraineté marocaine. Lors de sa dernière visite au Sahara occidental en 2002, le roi Mohammed VI avait déclaré que le Maroc « ne renoncerait pas à un seul pouce du territoire de son Sahara, inaliénable et indivisible. »

par Philippe  Quillerier

Article publié le 20/03/2006 Dernière mise à jour le 20/03/2006 à 17:21 TU