Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Maroc

Mohammed VI au-delà du Sahara

Mohammed 6 entame une tournée qui le conduira dans cinq pays sub-sahariens. 

		( Photo : AFP )
Mohammed 6 entame une tournée qui le conduira dans cinq pays sub-sahariens.
( Photo : AFP )
Le roi du Maroc entame une tournée africaine de treize jours qui le conduira dans cinq pays sub-sahariens et francophones, le Bénin, le Cameroun, le Gabon, le Niger et le Sénégal. Cette visite s’inscrit dans le cadre d’une politique de renforcement de la coopération entre pays du sud, mais elle concerne aussi des pays qui n’ont pas reconnu le Sahara occidental comme un Etat indépendant.

Mohammed VI est parti le 15 juin de Tanger pour sa première destination en Afrique sub-saharienne, le Bénin où il restera quarante-huit heures. Une importante délégation accompagne le souverain et sa composition en dit long sur les objectifs poursuivis par la diplomatie marocaine. Outre les conseillers, cadres et hauts fonctionnaires, les ministres des Affaires étrangères et de la coopération, des Finances et de la privatisation et des Affaires islamiques accompagnent le roi Mohammed VI et procéderont à la signature de nombreux accords bilatéraux prévus à chaque étape de la tournée du roi.

Depuis qu’il a claqué la porte de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) en 1984, le Maroc a mis un accent particulier sur ses relations avec l’Occident tout en maintenant le lien avec de nombreux pays africains à travers des accords de coopération bilatéraux. Le secrétariat général de l’OUA avait procédé à la reconnaissance de la République arabe saharouie démocratique qui a proclamé son indépendance après le départ, en 1975, de la puissance coloniale espagnole du Sahara occidental. Le Maroc soutient que la bande de terre désertique mais qui pourrait receler de réserves d’hydrocarbures fait partie intégrante de son territoire alors que l’Algérie voisine milite en faveur de l’indépendance du Sahara occidental.

Ces rivalités ont créé au sein de l’organisation panafricaine, aujourd’hui Union africaine (UA), des clivages entre pro et anti-indépendance du Sahara occidental (RASD). Les pays visités  par le roi Mohammed VI ont la particularité de n’avoir pas reconnu la RASD. Le Mali et le Ghana ont été rayés au dernier moment de la liste des pays à visiter par le roi, parce qu’ils reconnaissent toujours la RASD.

Les amis d’abord

Le Bénin, qui dans les années 70, faisait partie des soutiens indéfectibles du Front Polisario (mouvement de libération du Sahara occidental), a retiré en 1997 sa reconnaissance à la RASD. Il retrouve un niveau de coopération honorable avec le royaume du Maroc  et bénéficie depuis lors d’une coopération dans les domaines économique et universitaire. A l’université d’Abomey-Calavi, non loin de Cotonou, le roi Mohammed VI inaugurera une résidence universitaire «Hassan II» et visitera le siège de la Cour suprême en construction à Porto-Novo, la capitale politique du Bénin. Ces deux édifices bénéficient d’un financement du Maroc à hauteur de 1,1 milliard de francs CFA (1,67 million d’euros).

Alors que de nombreux observateurs politiques africains accusent le Maroc de se tourner plus vers la rive nord de la Méditerranée que vers «ses alliés naturels» du continent africain, les autorités marocaines ont à cœur de montrer leur engagement en Afrique en participant aux différentes structures de maintien de la paix dans les pays en conflit. Par exemple, à la fin du mois de mai, le Maroc a dépêché 700 soldats en Côte d’Ivoire pour participer à la force de paix sous mandat de l’ONU. Depuis quelques années on note une recrudescence de la fréquentation des universités marocaines par des africains du Sahara. Ils sont près de 6 000 étudiants dans les grandes écoles et universités du royaume, majoritairement inscrits en médecine et en sciences économiques.

En Afrique centrale le Gabon, du président Bongo a toujours été un allié du Maroc. La visite de Mohammed VI est donc pour affirmer la continuité des choix politiques et diplomatiques de son défunt père, le roi Hassan II. Il est aussi question de signer avec Libreville un accord de libre-échange. Au Niger, il sera davantage question de sécurité et de lutte anti-terroriste. Le Maroc désigné par les Etats-Unis comme «allié majeur hors OTAN» entend jouer sur cette distinction qui fait de lui un intermédiaire obligé entre les pays occidentaux et certains pays africains dans le domaine de la coopération policière.

Le Sénégal qui sera la dernière étape de la tournée du roi, entretient des relations économiques très poussées avec le Royaume du Maroc. Une importante communauté d’affaires se retrouve dans les banques et dans des sociétés d’import-export. Le fleuron de cette coopération économique est la compagnie aérienne Air Sénégal international, dont Royal air Maroc est l’actionnaire majoritaire.

Le Maroc cultive ses relations bilatérales avec les pays africains au sud du Sahara et met en valeur sa «vocation africaine», souligne de conserve toute la presse marocaine. 



par Didier  Samson

Article publié le 15/06/2004 Dernière mise à jour le 15/06/2004 à 16:17 TU