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Immigration

Les projets de Bush divisent son parti

A la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique.(Photo: AFP)
A la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique.
(Photo: AFP)
Le président Bush voudrait faire passer une loi de régularisation des immigrants illégaux. Une frange du parti républicain rejette l’idée qui doit être débattue cette semaine au Sénat. Le sujet met le feu au Congrès alors que de grandes manifestations pro-immigrants ont eu lieu ce week-end dans plusieurs villes américaines.

De notre correspondante aux Etats-Unis

« Cette loi reviendrait littéralement à criminaliser les activités du bon samaritain, et probablement même celles de Jésus. » C’est la sénatrice Hillary Clinton qui, la semaine dernière, a eu l’idée de faire intervenir le Christ dans le débat américain sur l’immigration. La référence biblique devait illustrer son opposition au projet de loi « Protection des frontières, antiterrorisme et contrôle de l’immigration illégale », approuvé en décembre dernier par la Chambre des représentants, et dont le texte fait encourir jusqu’à cinq ans de prison à ceux qui « assistent » des illégaux cherchant à « rester aux Etats-Unis ».

Une version similaire du texte pourrait être présentée par Bill Frist, chef de la majorité au Sénat. Alors que les deux partis, démocrate et républicain, avaient évité d’aborder la politique américaine de l’immigration pendant la campagne de 2004, le sujet met aujourd’hui le feu au Congrès et de grandes manifestions favorables aux immigrants ont agité en fin de semaine dernière et ce week-end plusieurs villes américaines. A Los Angeles, samedi, la police fait état de 500 000 personnes dans les rues, un des plus grands rassemblements que la ville ait connu.

Projet de régularisation

A l’origine de ces tempêtes : un projet de longue date de George Bush. Le président, façonné par ses années de gouverneur d’un état frontalier, a toujours été favorable à l’immigration. Gouverneur du Texas, il avait par exemple imposé aux écoles publiques d’accepter les enfants de clandestins. Son projet actuel vise à régulariser des immigrants illégaux en accordant des visas temporaires – jusqu’à six ans -  à ceux qui occupent des postes dont des Américains ne voudraient pas. Le message de cette politique selon lui : « si vous avez un emploi dont un Américain ne voudrait pas, vous êtes ici bienvenu pour une période définie ».

Le sujet déchire le parti républicain, divisé entre ses deux électorats, la droite des affaires – favorable à une main d’œuvre bon marché – et la droite des valeurs, inquiète de voir l’identité culturelle américaine noyée par un flux hispanophone. Des personnalités politiques comme Tom Tancredo, parlementaire républicain du Colorado, ont émergé sur la scène nationale, exclusivement grâce à leurs violentes critiques de la politique pro-immigration du président. Pourtant, à l’échelle nationale, le projet du président aiderait le parti républicain à améliorer ses résultats auprès des hispaniques, un électorat en progression en Floride et dans le sud-ouest, régions-clés des prochaines présidentielles de 2008.

Fractures politiques

Pour rendre sa proposition plus digeste à sa base républicaine, George Bush y a ajouté un volet sur le renforcement de la sécurité des frontières. Mais Bill Frist, le chef de file des républicains au Sénat, jusque-là un allié de Bush, menace d’introduire la semaine prochaine un projet de loi qui ne viserait que les contrôles plus stricts des frontières, sans y inclure le programme de régularisation que souhaite le président. L’opposition démocrate a prévenu qu’elle s’engagerait dans des manœuvres de blocage du débat (filibuster) si le texte de Frist était proposé.

Le président Bush a conseillé aux élus du Congrès de calmer les débats et de faire des efforts pour « comprendre ce qui a fait l’Amérique », sous-entendu ses immigrants. Il a prévu d’assister lundi à une cérémonie d’obtention de la naturalisation américaine à Washington. Le sujet provoque des remous au-delà de l’enceinte du Capitole. Dix manifestations pro-immigrants sont prévues dans dix villes le 10 avril prochain. D’autres militants envisagent, comme Philadelphie l’a déjà fait, de coordonner des journées intitulées « une journée sans immigrant », en espérant réussir à perturber le fonctionnement d’hôtels, de cuisines de restaurant et d’usines à viande.

par Guillemette  Faure

Article publié le 26/03/2006 Dernière mise à jour le 26/03/2006 à 12:04 TU

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