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Ligue arabe

Darfour : les Arabes à la rescousse de Khartoum

Les leaders arabes ont pris une décision d'importance en décidant de financer pendant six mois la force de l'Union africaine au Darfour, à partir du 1er octobre 2006.(Photo: AFP)
Les leaders arabes ont pris une décision d'importance en décidant de financer pendant six mois la force de l'Union africaine au Darfour, à partir du 1er octobre 2006.
(Photo: AFP)
Le sommet arabe de Khartoum a décidé de renforcer son aide financière et militaire au Soudan dans le dossier du Darfour. Il préconise une augmentation des forces arabo-africaines déployées dans la province orientale en crise et annonce un financement du contingent à partir d’octobre 2006.

De notre envoyé spécial à Khartoum

On va donner un petit coup de peinture aux casques verts dans l’espoir qu’ils ne finissent pas par virer au bleu. C’est la tactique pour laquelle a opté le sommet arabe de Khartoum pour venir à la rescousse du Soudan dans la crise du Darfour, qui a déjà fait deux à trois cents mille morts et plus de deux millions de déplacés ou réfugiés. Le régime soudanais avait, en effet, commencé par refuser la résolution du Conseil de sécurité projetant le remplacement des forces africaines de maintien de la paix par des casques bleus onusiens. Khartoum avait même organisé des manifestations « populaires » qui avaient menacé de décréter le djihad contre les « envahisseurs » venus de l’ONU. Une contradiction quand on sait qu’une mission onusienne de prés de six mille hommes, dont des casques bleus, se trouve déjà au Soudan pour observer les accords de paix avec le Sud.

Le Conseil de sécurité avait adopté, à quelques jours du sommet arabe, une résolution demandant au Secrétaire général « de lui présenter, pour examen, le 24 avril 2006 au plus tard, diverses options pour une opération des Nations unies au Darfour ». La résolution demandait aussi gouvernement soudanais et aux rebelles du Darfour de « faciliter la planification préparatoire nécessaire pour un passage de la Mission de l’Union africaine au Soudan (MUAS) à une opération des Nations unies ». Plusieurs pays occidentaux, dont les Etats-Unis, avaient critiqué la MUAS et mis en doute sa capacité à empêcher les milices armées, notamment les Janjawid alliés du gouvernement, de gravement porter atteinte à la sécurité ce qui ne permettait pas d’améliorer la situation humanitaire.

Pas de commentaire sur les élections israéliennes

Apres des discussions qui ont frisé la polémique entre les modérés, l’Egypte notamment, et les partisans de la ligne soudanaise dure, le sommet est parvenu à un consensus permettant de respecter la résolution de l’ONU tout en cherchant à jouer les prolongations pour la MUAS. Une « intox » orchestrée par la délégation soudanaise a, dans un premier temps, fait croire que 150 millions de dollars seraient immédiatement débloqués par la Ligue arabe. Mais le texte définitif de la résolution du sommet précise que les Etats arabes vont financer la MUAS et augmenter les contingents des Etats arabo-africains qui y participent à partir d’octobre. Le mandat de la MUAS arrive à son terme fin septembre mais il n’est pas précisé dans la résolution onusienne que les casques bleus doivent prendre la relève à cette date. On offrirait donc au Conseil de sécurité une force africaine plus importante, plus riche et plus efficace qui permettrait de reporter l’envoi de troupes de l’ONU. Des troupes qui, en tout état de cause, devraient recevoir l’aval préalable du gouvernement soudanais, estime la résolution arabe.

Sur la question israélo-palestinienne, les participants ont évité tout commentaire direct sur le résultat des élections israéliennes. Le secrétaire général, Amr Moussa, a répété le texte de la résolution rejetant toute action unilatérale israélienne et notamment le tracé des frontières. Le sommet arabe a appelé la communauté internationale à poursuivre son soutien économique à l’autorité palestinienne et à respecter le choix démocratique de la population sans pour autant citer le Hamas. Mais la préoccupation d’éventuelles suspensions d’une partie de l’aide étrangère ne s’est pas traduite par une aide supplémentaire aux Palestiniens. On en est toujours aux 55 millions de dollars mensuels (dont le tiers seulement est effectivement versé) décidés au sommet de Beyrouth en 2002. En ce qui concerne l’Irak, le sommet a décidé d’appeler les Etats arabes à augmenter leur représentation diplomatique (ambassadeurs) et d’ouvrir un bureau de la Ligue à Bagdad. Un renforcement de la présence arabe visant à contrer la montée d’influence iranienne.


par Alexandre  Buccianti

Article publié le 29/03/2006 Dernière mise à jour le 29/03/2006 à 15:48 TU