Cameroun
Corruption : multiplication des initiatives

(Photo : www.spm.gov.cm)
De notre correspondant à Yaoundé
Tout se passe comme s’il fallait franchir les derniers obstacles. Pour la dernière ligne droite sur le chemin du point d’achèvement de l’initiative de réduction de la dette, le gouvernement semble décidé à mettre les bouchées doubles. Des sources autorisées parlent d’une mission de haut niveau, dite stratégique, en préparation. Vraisemblablement composée de technocrates, elle devrait intervenir incessamment, suite à celle plus diplomatique effectuée en mars par le Premier ministre Ephraïm Inoni, à Washington auprès de
Le gouvernement a réussi à mener des réformes prescrites par les institutions financières internationales : le processus de privatisation des entreprises publiques s’est relativement accéléré dans le respect du chronogramme arrêté avec les bailleurs de fonds, et une gestion plus rigoureuse des finances publiques a permis d’éloigner le spectre des «dérapages budgétaires», lesquels avaient mis le Cameroun off track en 2004, repoussant l’atteinte du point d’achèvement.
Mais les bailleurs sont plus regardants sur la lutte contre la corruption. Et, sur ce front, les autorités ont multiplié ces derniers mois des actions visant à accréditer leur bonne volonté. Début mars, d’anciens directeurs de sociétés d’Etat ont été interpellés et mis en détention préventive. Ils sont présumés responsables d’atteinte à la fortune publique. Les processus sont en cours, même si les observateurs ont l’impression qu’un coup d’arrêt a été donné. Dans la foulée, la Commission nationale anti-corruption (Conac) a été créée en lieu et place de l’Observatoire de lutte contre la corruption, jusque-là moribond. De même, les députés ont-ils adopté, lors de la session de mars, le texte d’application de l’article 66 de
Critiqué par des experts
Le gouvernement espère ainsi s’attirer la bienveillance des bailleurs. Mais il est critiqué par des experts. «D’une manière générale, la création de ces institutions marque une avancée en matière de lutte contre la corruption. On peut toutefois regretter un certain nombre de travers et d’insuffisances, notamment leur peu d’indépendance, en raison de l’importance du président de
Il n’empêche. Selon certaines chancelleries à Yaoundé, des bailleurs de fonds risquent de se contenter de ces évolutions. En attendant la… révolution. Et dans les couloirs du ministère de l’Economie et des Finances à Yaoundé, on se veut serein. L’échéance espérée fin avril devrait, si elle concluante, ouvrir la voie à une réduction de la dette du Cameroun, à hauteur des 1 400 milliards de Francs CFA, sur une trentaine d’années, dont la moitié supportée par la seule France dans le cadre du Contrat désendettement développement (C2D), dont des projets ont déjà été élaborés ; ils concernent l’éducation, la santé, et les infrastructures. Un signe.
par Valentin Zinga
Article publié le 10/04/2006 Dernière mise à jour le 10/04/2006 à 09:15 TU