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Hongrie

Législatives : avantage aux sortants

A l’issue du premier tour, les socialistes (MSZP) du Premier ministre Ferenc Gyurcsany et leurs alliés libéraux totalisent 50% des suffrages et devancent l’opposition de droite.(Photo : AFP)
A l’issue du premier tour, les socialistes (MSZP) du Premier ministre Ferenc Gyurcsany et leurs alliés libéraux totalisent 50% des suffrages et devancent l’opposition de droite.
(Photo : AFP)
La coalition gouvernementale de centre-gauche devance l’opposition conservatrice à l’issue du premier tour. Le taux de participation a été élevé : près de 68%.

De notre correspondante à Budapest

Dans le petit parc du centre de Budapest où campe l’Alliance des Démocrates libres (SZDSZ) pendant les élections, c’est l’explosion de joie à 21 heures : le SZDSZ, allié des socialistes dans le gouvernement sortant, a franchi la barre des 5% requis pour siéger au Parlement. Une performance loin d’être acquise car, souffrant de l’usure du pouvoir et de leur peu de poids dans la coalition, les libéraux étaient au plus bas dans les sondages il y a quelques mois encore.

L’avance de la gauche se confirme en fin de soirée. A l’issue du premier tour, les socialistes (MSZP) du Premier ministre Ferenc Gyurcsany et leurs alliés libéraux devancent l’opposition de droite. A eux deux, ils totalisent 50 % des suffrages. Vers minuit, la foule applaudit à tout rompre Ferenc Gyurcsany, venu fêter ce premier succès avec son allié, Gabor Kuncze, président des libéraux. «Szép volt, fiuk ! Bien joué les gars !», hurlent les supporters. Le Premier ministre sortant est rayonnant. «Les élections ne sont pas terminées ! Mais nous sortirons victorieux de ce combat ! Il faut foncer pour répéter ça dans deux semaines !», clame-t-il. «On va fon-cer ! On va fon-cer !», scande la foule.

Système électoral complexe

Selon les résultats officiels définitifs publiés lundi matin par le Bureau national électoral (OVI), après dépouillement de 100% des bulletins, le parti socialiste (MSZP) obtient 43,21% des voix et 113 mandats, dont 105 en nom propre et 4 en commun avec son allié, le parti libéral. Le SDSZ reçoit par ailleurs quatre sièges en son nom. L'opposition de droite (FIDESZ) de Viktor Orban, ancien Premier ministre, obtient 42,03% des voix et 97 sièges.

Les 386 sièges du Parlement hongrois sont attribués pour moitié à la proportionnelle et pour moitié à la majorité. Seuls 66 des 176 sièges désignés au système majoritaire ont été attribués dimanche, 38 au MSZP et 28 au FIDESZ. Dans les circonscriptions restantes, en ballottage, les socialistes et leurs alliés sont mieux placés que l’opposition et pourraient donc confirmer leur victoire au deuxième tour, comme en 2002.

Les incertitudes du scrutin

Mais le nombre de sièges restant à attribuer est trop important pour que l’on puisse s’avancer dans des pronostics sur les résultats définitifs, et des incertitudes pèsent sur le scrutin. Selon le politologue Pierre Kende, «une victoire de la droite au deuxième tour n’est pas exclue. 67% des inscrits ont voté hier ; on peut imaginer que la droite arrive à mobiliser des électeurs potentiels qui ne se sont pas déplacés au premier tour. Par ailleurs, la complexité du système électoral hongrois fait que les votes perdus au deuxième tour sont redistribués entre les deux camps. C’est aussi une inconnue.»

Par ailleurs les espoirs de la droite de revenir au pouvoir ne sont pas morts car un autre parti conservateur, le Forum démocratique (MDF) a fait une entrée surprise au Parlement en franchissant de justesse la barre des 5%. Ce petit parti pourrait jouer le rôle de «faiseur de rois» : en troisième position dans 70 circonscriptions, il serait un appui providentiel pour le FIDESZ.

Quelles alliances pour le second tour ?

Cependant il n’est pas sûr que les électeurs du MDF reportent leur voix sur le parti de Viktor Orban. Les relations entre les dirigeants des deux partis sont exécrables. Ibolya David, présidente du MDF, a reproché à Viktor Orban une rhétorique populiste, un manque de distance vis-à-vis de l’extrême-droite et une politique économique téméraire. Par ailleurs, souligne le politologue Attila Agh, «il y a une forte tension et même de la haine entre les deux partis à cause de la pression exercée par le FIDESZ pour éliminer le MDF de la course électorale. La stratégie d’Orban a toujours été d’être le seul parti à droite de l’échiquier politique». Pendant la campagne, le parti de Viktor Orban a contacté les candidats du Forum dans 27 circonscriptions en leur offrant de l’argent et des faveurs pour qu’ils se retirent de la course ; selon le porte-parole du MDF, ces propositions étaient assorties de menaces.

Les deux partis enterreront-ils la hache de guerre pour gagner ensemble les élections ? Rien n’est moins sûr. D’autant qu’une partie des votes du MDF vient aussi de la gauche. «La moitié de ces suffrages provient d’électeurs socialistes qui ont panaché leur vote (chaque électeur a deux bulletins car il vote pour une liste et pour un candidat, NDLR) ; ils ont mis un bulletin dans l’urne pour le MSZP et l’autre pour le MDF, afin d’affaiblir le FIDESZ. Au deuxième tour, ces électeurs voteront pour le parti socialiste. Il est donc vraisemblable que l’avance actuelle de la gauche va encore s’accroître au deuxième tour», analyse Attila Agh. Si les socialistes et leurs alliés remportaient ce scrutin, il s’agirait du premier gouvernement à être reconduit depuis la fin du régime communiste.


par Florence  La Bruyère

Article publié le 10/04/2006 Dernière mise à jour le 10/04/2006 à 15:28 TU