Pétrole
Les marchés s'enflamment
(Photo : AFP)
Les différentes crises internationales, notamment la tension entre les Etats Unis et l’Iran, provoquent la présente montée en flèche des prix. Pourtant, l’actuelle production globale de pétrole est considérée suffisante pour satisfaire les demandes des pays consommateurs, malgré l’augmentation sensible des importations de pétrole chinoises. Ce n’était pas le cas lors de la précédente montée en flèche des cours, le 30 août 2005, qui était liée au fait que plusieurs raffineries et plate-formes de prospection avaient été endommagées lors du passage du cyclone Katrina dans le sud des Etats-Unis. Les spécialistes en questions pétrolières considèrent que l’actuelle flambée des prix est, fondamentalement, une conséquence de l’escalade (pour le moment verbale) entre les gouvernements américain et iranien, suite à la décision du président Mahmoud Ahmadinejad de poursuivre le programme d’enrichissement d’uranium qui préoccupe la communauté internationale et surtout Washington qui accuse l’Iran de vouloir se doter de l’arme atomique. Le président iranien s’est même permis d’affirmer que son pays avait déjà rejoint le club des Etats disposant de technologie nucléaire, défiant ainsi les tentatives de médiation de la troïka européenne.
Les menaces de l’Iran
Si le Conseil de Sécurité de l’Onu décrète des sanctions contre Téhéran, l’Iran menacé de paralyser l’accès au détroit d’Ormuz. Cette menace se traduirait par une crise pétrolière sans précédent, étant donné que l’Iran produit 4 millions de barils par jour, ce qui correspond a presque 5% de la production mondiale. Mais dans cette hypothèse l’ Iran bloquerait aussi le pétrole produit par les principaux membres de l’Opep, notamment l’Arabie Saoudite, le Koweït, l’Irak et les monarchies du Golfe persique, ce qui représente plus de 15 millions de barils par jour qui transitent par cette voie maritime, l’équivalent à 20% de la production de pétrole brut à l’échelle planétaire.
En craignant de nouvelles hausses provoquées par ce bras de fer américano-iranien, les acteurs économiques constituent des stocks, ce qui entraîne de nouvelles hausses des prix. Il s’agit d’une sorte de cercle vicieux qui est, d’ailleurs, aggravé par la chute de la production du Nigeria, suite aux incidents qui se sont multipliés dans le delta du Niger. Plusieurs centres de production ont été fermés à cause de l’agitation « ethnique » dans cette zone qui est la plus pauvre du pays. Des activistes ont même enlevé des techniciens américains et britanniques.
Le Nigeria produit, habituellement, plus de 2,5 millions de barils par jour mais, suite à ces incidents, la production a été amputée de 500 000 barils quotidiens. Les Etats Unis projettent d’augmenter considérablement leurs importations de pétrole d’Afrique Occidentale, notamment du Nigeria et aussi de l’Angola et du Tchad, pour pouvoir diminuer leur dépendance vis à vis des hydrocarbures du Proche et Moyen orient. Ce projet n’est pas réalisable à court terme. Les prix risquent, donc, de se maintenir à un niveau élevé.
par Antonio Garcia
Article publié le 18/04/2006 Dernière mise à jour le 18/04/2006 à 19:33 TU