Chronique des matières premières
Le pétrole a de nouveau flambé hier en Europe comme aux Etats-Unis. A Londres le baril de Brent de la mer du Nord a grimpé en séance jusqu’à 71 dollars 40 cents pour le contrat de juin, soit une hausse encore plus importante que celle enregistrée jeudi. A New York même scénario pour le West Texas Intermediate, le baril de référence sur le marché américain. La crise iranienne reste le principal facteur de surchauffe, propulsant les cours au-delà du seuil psychologique des 70 dollars. A l’automne on craignait que Téhéran n’ait recours à l’arme pétrolière pour défendre son programme nucléaire contesté par l’Occident, maintenant ce sont les armes réelles qu’on redoute : une éventuelle intervention des Etats-Unis, hypothèse avancée par la presse américaine, entraînerait sans doute la suspension immédiate des exportations de l’Iran. Ce n’est pas rien, le pays est le quatrième exportateur mondial. Cette incertitude sur les disponibilités de l’offre a eu encore plus d’effets haussiers pour les contrats expirant ultérieurement. A New York le baril livrable en octobre s’est échangé à 73 dollars.
Mais si l’exacerbation des tensions entre l’Iran et la communauté internationale est devenue ces jours la principale cause de l’envolée des cours, ce n’est pas la seule : la faiblesse des stocks américains de carburant est l’autre facteur qui contribue à la hausse des cours depuis une dizaine de jours. Une cause qui s’appuie sur des faits tangibles et inquiétants à quelques semaines des départs en vacances. Les derniers chiffres sur les réserves font état d’une diminution des stocks disponibles. Cela s'explique en partie avec les problèmes de maintenance dans les unités de raffinage et en partie avec la mise en place de nouvelles normes environnementales. L’éthanol doit maintenant remplacer le MTBE, l’éther de méthyle qu’on mélangeait à l’essence mais que l’on juge maintenant trop polluant pour les nappes phréatiques. Cette adaptation peine à se mettre en place, du coup les prix à la pompe ont grimpé sur le marché américain. Cela n’a pas vraiment d’incidence sur le marché mondial, en revanche, la hausse du brut engendrée par la crise iranienne relève le risque de pénurie d’essence car les raffineurs sont aujourd'hui plus pressés de tirer partie de cette hausse du brut que de faire remonter les stocks de carburant. Bien approvisionnés en pétrole brut pour leur besoin immédiat, ils achètent néanmoins massivement notamment pour les contrats qui arrivent à échéance à l’automne car les cours élevés annulent le coût du stockage. La crise du raffinage loin de se résorbée pourrait bien se voir aggravée par la crise de l’uranium iranien.
par Dominique Baillard
[18/04/2006]
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