Chronique des matières premières
Aux Etats-Unis comme en Europe, le café colombien se fait désirer. A cause d’une série d’avanies, inondations, problèmes de transport, la principale récolte du producteur andin a pris un sérieux retard, et surtout elle est légèrement moins importante que prévue. Une baisse de quelques centaines de milliers de sacs qui a suffi à perturber sérieusement les échanges. A tel point qu’il devient extrêmement compliqué de trouver cette origine sur le marché mondial.
Cet automne, lorsque ce défaut a commencé à se faire sentir, la prime payée au café colombien s’est envolée. Il y a un an, le différentiel était de un cent au-dessus du cours de l’Arabica. Cette prime est aujourd’hui vingt fois plus élevée. Tous ceux qui avaient vendu cette origine à terme sont aujourd’hui dans l’embarras. Car ils ont fait de la vente à découvert, c’est-à-dire qu’ils ont vendu du café qu’ils n’avaient pas encore et qu’ils doivent acheter aujourd’hui au prix fort pour livrer leurs clients. Pour limiter les pertes, les voilà contraints de racheter leurs positions, cette demande accrue faisant automatiquement grimper la prime. Même la fédération colombienne du café s’est fait piéger.
Le gain pour les producteurs est très relatif : au cours actuel de l’Arabica, le café colombien vaut 136 cents la livre, c’est un bon prix mais encore inférieur au record établi en 2008 par le marché new-yorkais lorsque la livre valait 150 cents. En revanche, c’est un vrai souci pour les industriels. Car la Colombie, quatrième producteur au monde de café, est le seul à fournir du café lavé de qualité en quantité importante et régulière. Les autres producteurs d’Amérique centrale n’ont pas les volumes suffisants pour combler la défaillance colombienne.
Pour les marques qui proposent du café 100% Colombie, c’est un casse-tête. Au nom de la traçabilité imposée par le consommateur, elles sont prêtes à acheter des stocks d’anciennes récoltes pour remplir leurs obligations. Une histoire qui démontre à quel point la Colombie a réussi à devenir un producteur irremplaçable sur le marché du café.
par Dominique Baillard
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