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Comores

Présidentielle : fin de premier round

La présidence tournante de la fédération des Comores sera assurée par un ressortissant d'Anjouan.(carte : H.Maurel/RFI)
La présidence tournante de la fédération des Comores sera assurée par un ressortissant d'Anjouan.
(carte : H.Maurel/RFI)
Les présidentielles viennent de commencer dans l’archipel des Comores. Le trio gagnant des primaires à Anjouan se prépare au second tour. Ahmed Abdallah Sambi, Mohamed Djaanfari et Ibrahim Halidi ont l’avantage tous trois de ne pas être confondus avec les « dinosaures » de la politique comorienne.

Il s’agit d’une élection-test dont l’issue devrait définitivement décider du bon fonctionnement des nouvelles institutions de l’Union des Comores, ensemble territorial inauguré il y a quatre ans par le colonel Azali, au sortir d’une longue crise séparatiste. La constitution impose de faire « tourner » le poste présidentiel, île par île. C’est ainsi qu’Anjouan récupère cette année le « fauteuil », avant la petite île, Mohéli, en l’an 2010. Les primaires viennent de s’y dérouler sous le contrôle des forces africaines dépêchées sur place par l’Union africaine ce dimanche 17 avril 2006 et ont permis de déterminer un « trio gagnant » pour le second tour, prévu au 14 mai prochain. Seuls les Anjouanais pouvaient voter lors de ce premier tour. Les trois candidats désignés (sur treize en campagne) vont ensuite affronter l’ensemble des électeurs de la partie indépendante de cet archipel.

Une élection qui s’est déroulée dans la confusion générale. Bureaux ouverts tardivement, matériel acheminé avec difficulté dans les différentes circonscriptions, contrôle des bureaux de vote sur fond de tensions régionalistes, accusations de fraude de la part des candidats malheureux. C’est ainsi que Caambi Elyachroutu, l’ex-vice président Azali, aurait introduit une requête auprès de la CNEC (commission nationale des élections aux Comores) visant à faire annuler les opérations électorales dans de nombreuses localités, où il aurait été victime d’irrégularités. Jeudi au plus tard seront annoncés les résultats définitifs de cette élection « partielle ». En attendant, il semble que Ahmed Abdallah Sambi (26,02%) passe premier sur la liste, suivi de Mohamed Djaanfari (14,44%) et de Ibrahim Halidi (14,30%).

Des hommes « neufs » en politique

Des trois candidats, seul Halidi a exercé un poste de haute responsabilité au niveau national, en tant que ministre des Affaires étrangères et de la Coopération le temps d’une « transition ». Mais dans l’ensemble, ils paraissent tous trois « vierges » en matière de gestion politique. Non pas qu’ils soient totalement inconnus du paysage politique national. Mais les électeurs se refusent à les associer aux gestions passées. Ils ne les confondent surtout pas avec les « dinosaures », qui s’accrochent au pouvoir depuis les années d’indépendance. « Ils sont comme neufs » confie un journaliste de Kashkazi, hebdomadaire local. « Personne ne peut préjuger de leurs capacités à bien ou mal diriger le pays. L’avantage est qu’ils ne sont associés à aucune malversation avant ce scrutin ». Dans ce pays en crise où faire carrière en politique est considéré comme une manière de vouloir s’enrichir au plus vite, la confiance de l’opinion sur ce plan est un atout certain. Reste que Djaanfari et Halidi sont supposés quand même proches des cercles du président sortant, Azali Assoumani, dont les années de règne n’ont pas manqué de soulever des questions de corruption généralisée.

« Nul ne peut dire qui des trois va l’emporter mais il y a des chances pour que ce soit Sambi » spécule un membre de la CNEC. Surnommé « Aha » ou « ayatollah », homme d’affaire, Abdallah Sambi est d’abord connu comme le « guide ». Formé dans le monde arabe, étiqueté « islamiste », il prêche avec succès dans les mosquées depuis son retour au pays en 1986. Acteur social, il monte, parallèlement à son activité politique, une fabrique de matelas dans les années 90, se lance dans la production de parfum, ainsi que dans la mise en bouteille d’eau de table. Député du Front national pour la justice (FNJ) depuis 1996, chargé de la commission des lois au sein du parlement de l’Union, il incarne le retour possible d’une certaine morale en politique.

Mohamed Djaanfari, lui, a fait 17 ans d’armée française, avant de devenir armateur dans son pays natal. Vice-président de l’assemblée nationale, il a aidé sa ville, Sima, à se doter d’infrastructures modernes. Il se présente à ses élections pour mettre fin à la corruption et au chômage. Il s’engage aussi à développer la pêche industrielle dans les six premiers mois de son mandat, s’il venait à l’emporter. Quant au dernier prétendant, Ibrahim Halidi, il passe, lui, pour être le candidat du CRC (convention pour le renouveau des Comores), le parti du colonel Azali. Militaire avant d’être un politique, il a été un des acteurs de la réconciliation nationale, lors de la crise de sécession dite anjouanaise. Ses principaux détracteurs avouent ne pas saisir ses positions récentes en faveur de « Mayotte française ». «S’il nie aujourd’hui l’intégrité territoriale de l’archipel. Que fera-t-il une fois au pouvoir ? » s’inquiète un Comorien sur un forum internet.


par Soeuf  Elbadawi

Article publié le 19/04/2006 Dernière mise à jour le 19/04/2006 à 17:31 TU

Audio

Francisco Madeira

Représentant du président de l'Union africaine aux Comores

«Une force de 462 militaires et policiers, de l’Union africaine est présente pour permettre de sécuriser l’élection de façon à ce qu’elle soit libre, transparente et crédible.»

[16/04/2006]

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