Grippe aviaire
Le gouvernement ivoirien ordonne l'abattage
(Photo : AFP)
La République de Côte d’Ivoire doit faire face au problème de la grippe aviaire dans sa capitale économique, Abidjan. L’épizootie a été confirmée dans ce pays africain le 25 avril et, depuis dimanche dernier, des opérations d’abattage de volailles d’élevages traditionnels ont été déclenchées dans des marchés des quartiers populaires abidjanais de Marcory Anoumabo et de Treichville, où avaient été localisés les foyers de la maladie, dans sa forme la plus dangereuse qu’est le virus de l’influenza aviaire H5N1. Ces cas ont été décelés dans un élevage traditionnel de poulets et de canards. Un épervier contaminé a été aussi découvert.
La Côte d’Ivoire est ainsi le septième pays africain touché par la grippe aviaire, après le Nigeria, l’Egypte, le Cameroun, le Burkina Faso, le Niger et le Soudan. Les autorités ivoiriennes affirment que, pour le moment, l’épizootie est limitée au district d’Abidjan. Aucun cas humain de la maladie n’a été déclaré officiellement dans le pays et les autorités ont interdit, pendant dix jours, la vente de volailles dans les marchés de Marcory et de Treichville, où, selon l’AFP, des «hommes masqués en combinaisons blanches» ont commencé à désinfecter les cages servant à conserver les poulets.
Les mesures d’abattage et d’incinération ne concernent pas les élevages industriels de poulets, ce qui semble limiter considérablement la portée des opérations en cours. Des habitants de la ville d’Abidjan nous ont indiqué que beaucoup de vendeurs et d’aviculteurs vont mettre à l’écart pendant quelques semaines leurs poulets, pour ne pas les perdre, même si le gouvernement a annoncé que 6 milliards de francs CFA (9,2 million d’euros) vont être débloqués pour indemniser les aviculteurs ivoiriens, selon le Docteur Alphonse Douati, ministre de la Production animale et des Ressources halieutiques.
La presse ivoirienne affirme que 10 millions de volailles devraient être abattues dans un délai de dix jours, ce qui semble être une mission impossible vu l’état de l’économie du pays. L’aviculture en Côte d’Ivoire, avec plus de 400 fermes, fait vivre directement et indirectement plus d’un million d’habitants. Des critiques ont surgi à Abidjan contre les «Blancs et des laboratoires en France qui veulent faire marcher leurs produits», tandis qu'une nouvelle «danse de la grippe aviaire», sorte de mimique d’un poulet en train de mourir, a fait son apparition dans les discothèques de la ville.
L’Organisation mondiale de la santé animale appelle au renfort des équipes vétérinaires
A Paris, l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) considère qu’il est «fondamental de renforcer les structures vétérinaires en Côte d’Ivoire et dans les pays voisins. Seuls des services vétérinaires efficaces et fonctionnels peuvent empêcher que l’épizootie puisse avoir des effets catastrophiques». L’OIE est consciente des problèmes soulevés par la division de la Côte d’Ivoire en deux zones, avec la partie nord du pays sous le contrôle des rebelles, ce qui pourrait compliquer les actions pour combattre l’épizootie. L’Organisation souligne aussi l’importance des «systèmes de compensation» pour limiter les conséquences économiques de l’abattage de poulets à grande échelle.
Dans un graphique établi par l’OIE, concernant le nombre de foyers d’influenza aviaire de sous-type H5N1, le Vietnam figure en première position avec 2 312 cas, devant la Thaïlande et l’Indonésie (1 078 et 211 cas respectivement). Dans cette statistique, la Côte d’Ivoire - tout comme le Burkina Faso, le Niger, la France et l’Allemagne – totalise seulement un foyer de cette variante pathogène de la grippe aviaire. Le Nigeria, avec 69 cas, est actuellement le pays africain le plus atteint par l’épizootie.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a notifié, jusqu’à maintenant, un total de 205 cas humains de grippe aviaire qui ont provoqué 113 décès dans 8 pays. La contamination a pour origine des contacts étroits avec des animaux malades ou morts, ou avec leurs excréments. Des recherches sont en cours, un peu partout dans le monde, pour la production de vaccins efficaces contre le virus H5N1, lorsque le virus aura muté et que la transmission sera possible d’humain à humain. Ce qui demeure seulement une hypothèse pour le moment.par Antonio Garcia
Article publié le 09/05/2006 Dernière mise à jour le 09/05/2006 à 17:11 TU
