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Brésil

Sao Paulo : «l’état de guerre» touche à sa fin

Le calme est revenu, vendredi, dans l’Etat de Sao Paulo, après une semaine de violences. Le dernier bilan officiel de ces émeutes menées par une organisation criminelle fait état de 170 morts, dont une quarantaine de membres de forces de l’ordre. Malgré la mobilisation policière, des attaques contre des cibles civiles se sont poursuivies ces derniers jours.

Un policier garde les restes d'un bus calciné après une attaque dans le quartier de Jardim Tremembe, au nord de Sao Paulo, le 16 mai 2006. (Photo: AFP)
Un policier garde les restes d'un bus calciné après une attaque dans le quartier de Jardim Tremembe, au nord de Sao Paulo, le 16 mai 2006.
(Photo: AFP)

L’Etat de Sao Paulo a connu sa première nuit sans attaques au terme d’une semaine de violences qui ont fait 170 morts. Au total, 293 attaques, imputées à l’organisation criminelle PCC (Premier commandement de la capitale) contre la police et des objectifs civils ont été comptabilisées. Un début de normalisation est perceptible, «les agressions contre la police et la société sont pratiquement tombées à zéro», a déclaré vendredi matin le responsable de la police militaire à la chaîne de télévision Globo News. Les mutineries dans les prisons ont, elles aussi, cessé. La police continue toutefois de maintenir quelque 130 000 hommes mobilisés pour prévenir une reprise éventuelle des émeutes.

Le principal gang du crime organisé à Sao Paulo a lancé cette série d’attaques coordonnées contre la police ainsi que des mutineries dans les prisons pour protester contre le transfert de 765 de détenus vers une prison de haute sécurité. La démonstration de force de cette organisation très implantée dans les prisons et disposant de vastes ramifications à l’extérieur a ensuite visé des objectifs civils : plus de 80 autobus ont ainsi été incendiés et une vingtaine de banques attaquées. La police, dont une quarantaine de membres ont été tués depuis le début de cette offensive sans précédent, a engagé une riposte sanglante qui a fait une centaine de morts, sans qu’il soit possible de déterminer si les suspects tuées étaient tous des assaillants.

Des télés pour regarder le Mondial

Le refus du gouvernement de l’Etat de Sao Paulo de communiquer la liste des morts accrédite, selon certaines analyses, l’hypothèse d’une vendetta de la police. Selon les organisations de défense des droits de l’Homme, des témoignages cités dans la presse rapportent que des personnes qui n’avaient apparemment aucun lien avec les violences ont été tuées par des groupes de tueurs encagoulés, notamment dans les quartiers défavorisées de Sao Paulo. Pour le Mouvement national des droits de l’homme, «il ne fait pas de doute que ces groupes n’ont agi qu’avec la participation de policiers ou avec leur bienveillance. Ces agressions peuvent être le fait de commandos parallèles ou de policiers vengeant leur collègues». La police s’est défendu de telles accusations «Toutes les morts de suspects sont survenues lors de contre-attaques de la police à des agressions. Près de 70% des morts avaient un casier judiciaire», a assuré le colonel Teixeira Borges au quotidien Folha de Sao Paulo. Reste que les autorités n’ont toujours pas révélé les noms des personnes tuées.

L’administration pénitentiaire a fait face à la plus grande rébellion de l’histoire des prisons brésiliennes. Dans le même temps, les autorités reconnaissent avoir pris contact avec les chefs de l’organisation mafieuse. Parmi les nombreuses revendications des détenus les plus dangereux figurent des demandes comme notamment des téléviseurs pour assister aux matchs de la coupe du monde de football. Y-a-t-il eu accord avec les autorités de Sao Paulo et le PCC ? l’hypothèse est largement avancée par certains commentateurs y compris par le président Lula en personne, qui a évoqué sous forme de critique implicite des informations selon lesquelles il y avait eu des tractations entre l’organisation mafieuse responsable de l’offensive et l’administration de l’Etat de Sao Paulo. Le gouverneur Claudio Lembo a démenti formellement.



par Myriam  Berber

Article publié le 19/05/2006Dernière mise à jour le 19/05/2006 à TU