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Colombie

Uribe réélu dans un fauteuil

Alvaro Uribe a dominé la campagne électorale... en évitant les questions encombrantes, selon les humoriste politiques.(Photo : AFP)
Alvaro Uribe a dominé la campagne électorale... en évitant les questions encombrantes, selon les humoriste politiques.
(Photo : AFP)
Avec plus de 62% des voix, le président sortant Alvaro Uribe est réélu dès le premier tour de l'élection présidentielle en Colombie. Aux yeux des électeurs, ils est apparu comme le principal garant d'une insécurité moindre dans le pays. En Amérique latine, la réélection d'un leader proche de George Bush fait figure d'exception.

De notre correspondante à Bogota

Enfin une bonne nouvelle pour George Bush. Son plus fidèle allié latino-américain, Alvaro Uribe, a été triomphalement réélu dimanche. Le président colombien a en effet remporté le premier tour des élections présidentielles, avec plus de 62% des voix. Son principal rival, le candidat de gauche Carlos Gaviria n’en obtient que 22%. Et le candidat du parti libéral Horacio Serpa moins de 12%. Personnage original mais très respecté, l’ancien maire de Bogota, Antanas Mockus, recueille moins de 2% des voix.

Des résultats que l’on peut qualifier d’historiques a plusieurs points de vue. Un, parce qu’ils témoignent de la popularité sans faille  - et sans précédent -  d’Alvaro Uribe. Deux, parce qu’ils font de la gauche démocratique – traditionnellement minoritaire en Colombie – la première force d’opposition. Trois, parce qu’ils confirment l’effondrement du traditionnel Parti libéral, longtemps majoritaire et longtemps au pouvoir. Les observateurs parlent d’une « véritable recomposition du paysage politique colombien ».

Le sentiment d’un pays plus sûr

Mais le pays reste ancré à droite. Alors que la gauche n’a cessé de gagner du terrain en Amérique latine. « Merci, les FARC », ironise Jorge Ivan Cuervo, politologue. Selon lui, seule l’interminable conflit armé qui déchire le pays et les exactions commises par cette guérilla qui se dit d’extrême gauche expliquent la popularité d’Alvaro Uribe. « Uribe a démontré que la manière forte est efficace. Les gens ont l’impression que le pays est plus sûr aujourd’hui qu’il y a 4 ans », explique M Cuervo.  Le scrutin s’est d’ailleurs déroulé dans le calme, un calme relatif évidemment.  Les autorités ont informé de la mort de 3  militaires et 10 guérilleros. Le ministre de l’intérieur a considéré qu’il s’agissait « d’incidents mineurs ». Les FARC avaient appelé à voter pour la première fois de leur histoire. Et annoncé qu’elles ne saboteraient pas les élections.

 « Que Notre Seigneur et Marie la très Sainte nous aident pour que cette décision démocratique soit utile a notre grande patrie,” furent les premiers mots d’Alvaro Uribe qui, dimanche soir à 20 heures, prononçait son discours de la victoire. Sourire heureux mais tendu - il est toujours tendu –, M. Uribe a remercié tous ceux qui avaient contribué à sa victoire, à commencer par « les soldats et les policiers de la patrie ».  Le président a également remercié les partis politiques qui l’appuient. Ils sont six au total. A eux tous, ils assurent une confortable majorité parlementaire au président. Mais, dès la fin du discours, certains réclamaient la démission de l’actuel gouvernement pour exiger des ministères…

Priorité aux questions sociales

Rendu conciliant par la victoire, M. Uribe a tendu la main au Parti libéral – implicitement appelé à rejoindre la majorité uribiste – . Il s’est même dit heureux du score de la gauche,  « expression d’une démocratie pluraliste ».  

Devant un auditoire enthousiaste, le président a parlé travail, amour et démocratie. Il a prononcé le mot patrie 36 fois. Mais M. Uribe n’a pas dit un mot sur les rebelles, ni annoncé  un virage de sa politique sécuritaire – comme certains l’espéraient.

Quatre ans après l’arrivée au pouvoir de cet homme à poigne, aucun des grands chefs de la guérilla n’a été capturé. Et les chefs paramilitaires – qui ont officiellement accepté de rendre les armes – se promènent en liberté. Aucun de ces grands criminels n’a encore été jugé. Mais Alvaro Uribe a préféré parler création d’emplois et politique sociale. A le croire, les priorités de son prochain gouvernement. Et le cheval de bataille de l’opposition. Les opposants rappellent que la forte croissance que connaît le pays (+5% en 2005) ne profite pas aux plus pauvres.

La victoire d’Alvaro Uribe est telle que les menaces et tentatives de fraude – dénoncées par l’opposition – perdent toute crédibilité. D’autant plus que les résultats ont été délivrés très rapidement. Deux heures après la fermeture des bureaux de votes, plus de 95 des votes avaient été dépouillés, un record pour la Colombie. Paradoxalement, l’administration publique y fonctionne souvent mieux que dans les pays voisins


par Marie-Eve  Detoeuf

Article publié le 29/05/2006 Dernière mise à jour le 29/05/2006 à 09:14 TU

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Olga Gonzalez

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