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Immigration

Dakar se cabre, Madrid négocie

Le ministre sénégalais de l'Intérieur, Ousmane Ngom, s'adresse à la presse à propos du rapatriement des immigrés clandestins sénégalais.(Photo : AFP)
Le ministre sénégalais de l'Intérieur, Ousmane Ngom, s'adresse à la presse à propos du rapatriement des immigrés clandestins sénégalais.
(Photo : AFP)
Les autorités sénégalaises ont annoncé jeudi la suspension de leur coopération avec l’Espagne en matière de rapatriement des immigrés clandestins sénégalais. Dakar conteste les conditions de ce rapatriement. Et elle a demandé l’interruption des vols à partir des Canaries. Mais des consultations reprennent avec Madrid dès ce vendredi. Le secrétaire d’Etat espagnol aux Affaires étrangères est attendu à Dakar.

De notre correspondant à Dakar

Côté sénégalais, le blocage est intervenu dés le premier vol de rapatriement de clandestins des Canaries, arrivé mercredi à Dakar, avec quatre-vingt-dix-neuf Sénégalais à bord. On a appris qu'une partie des passagers avaient été menottés. Et, selon plusieurs témoignages, certains clandestins seraient montés à bord de l’avion après une promesse qu’il se dirigerait non pas vers le Sénégal mais vers la partie continentale de l’Espagne où ces illégaux étaient supposés être régularisés.

Des sources diplomatiques affirment que « sans ces promesses certains auraient refusé de partir ». Mais tout cela a provoqué la colère des autorités sénégalaises qui ont vivement protesté contre les conditions de rapatriement de leurs compatriotes, avant de décider la suspension des vols avec effet immédiat puisque l'un d'entre eux, censé ramener hier 110 autres Sénégalais, a été annulé. « Le minimum, c’est de rapatrier ces migrants clandestins dans le respect de la vie humaine », a expliqué jeudi le porte-parole du gouvernement, Bacar Dia.

Pourtant le Sénégal et l’Espagne semblaient être tombés d’accord sur une sorte de consensus sur cette question des clandestins. La semaine dernière, le secrétaire d’Etat espagnol aux Affaires étrangères, Bernadino Leon s’était rendu à Dakar où il avait notamment rencontré le chef de la diplomatie sénégalaise, Cheikh Tidiane Gadio. Ce dernier s’était alors déclaré opposé à la conclusion d’un accord de rapatriement de ses ressortissants, comme il en existe par exemple entre l’Espagne et le Maroc.

Un pays important dans le dispositif anti-immigration

En revanche, il a proposé une gestion concertée du problème avec Madrid. Et une mission composée de représentants de différents ministères s’était immédiatement rendue dans les îles Canaries pour identifier les Sénégalais parmi les 9 000 clandestins arrivés ces dernières semaines. « Plus de six cent personnes ont ainsi été recensées. Et un calendrier pour leur retour avait même été convenu », souligne Abdoulaye Kane, directeur cabinet du ministre des Sénégalais de l’extérieur.

Pour le moment toutes ces opérations sont donc suspendues. Cela dit, les diplomaties des deux pays s'activent pour trouver une issue à la crise. A Dakar, le ministère des Affaires étrangères cherche manifestement à calmer le jeu. « Depuis le début des événements, il y a une coopération étroite entre les autorités espagnole et sénégalaise sur ce dossier, insiste Mankeur Diagne, directeur de cabinet. Il y a quelques incompréhensions sur la manière dont nos compatriotes ont été rapatriés. Nous avons saisi les autorités espagnoles de cette affaire. Et nous allons très rapidement reprendre les consultations. »

Effectivement, le secrétaire d'Etat espagnol aux Affaires étrangères était attendu à Dakar vendredi pour la troisième fois en dix jours pour arrondir les angles avec un pays important pour son dispositif anti-immigration. A la fois parce que beaucoup d'illégaux partent du Sénégal, mais aussi parce que Dakar va devenir un centre clé pour l'ensemble du volet diplomatique du plan espagnol contre l'émigration clandestine.



par Christophe  Champin

Article publié le 02/06/2006Dernière mise à jour le 02/06/2006 à 12:43 TU

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(Conception : RFI)

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Christophe Champin

Journaliste à RFI

«Sur le premier vol de clandestins vers le Sénégal, une partie des passagers était menottée.»

[02/06/2006]

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