Pérou
Le retour d’Alan Garcia à la tête du pays
(Photo : AFP)
De notre correspondante à Lima
Après plusieurs mois d’une campagne électorale basée sur les insultes, attaques personnelles et autres polémiques, la sérénité et la bonne foi des deux candidats comme le consensus entourant les résultats ont repris le dessus au Pérou, au lendemain de l’élection présidentielle.
Dimanche 4 juin, la victoire du candidat social-démocrate Alan Garcia n’a ainsi laissé aucun doute. Annoncée par les instituts de sondage dès la sortie des urnes, les premiers résultats officiels ont maintenu la tendance. Après avoir dépouillé 91 % des bulletins, l’ancien chef d’Etat (1985-1990) était ainsi en tête avec 53,52 % des voix contre 46,48 % pour son adversaire nationaliste Ollanta Humala. Malgré un premier mandat (1985-1990) ayant plongé le pays dans une crise économique fatale à la population, Alan Garcia est ainsi de nouveau élu à la tête de l’Etat et succèdera à Alejandro Toledo le 28 juillet.
Face à des milliers de partisans réunis devant la Maison du peuple, siège de l’Alliance populaire révolutionnaire américaine (APRA), Alan Garcia a alors proclamé sa victoire, avant de remercier, ému, le peuple péruvien. Quelques heures plus tard, c’était au tour du candidat d’Union pour le Pérou de se prononcer. « Conformément à notre engagement démocratique, nous reconnaissons les résultats, a déclaré Ollanta Humala, avant de « saluer les forces qui ont participé (au second tour), représentées par Monsieur Alan Garcia. »
Rassurée par la bonne tenue de l’élection, s’étant déroulée sans incident majeur, la presse dans son ensemble a sobrement félicité Alan Garcia, lundi 5 juin. Au lendemain du scrutin, tous mettent en avant la volonté d’ « ouverture » affichée par le nouveau président qui a assuré vouloir mettre en place un gouvernement de « concertation et de dialogue ».
Alan Garcia élu avec les voix de droite
N’ayant obtenu que 24,33 % des voix lors du premier tour, Alan Garcia a ainsi bénéficié du report des votes de nombreuses formations politiques pour l’emporter face à Ollanta Humala. Pour le candidat apriste, tout s’est ainsi joué à Lima, la capitale abritant près du tiers de la population nationale. Ayant majoritairement voté pour Lourdes Flores, la candidate de droite d’Unité nationale, au premier tour, les Liméniens ont finalement décidé d’appuyer « Alan », comme on l’appelle au Pérou.
Au-delà du seul appui des autres formations, Alan Garcia a aussi reconnu, dès dimanche soir, l’importance du vote obtenu par son adversaire nationaliste. Vainqueur dans quinze des vingt-cinq départements péruviens, Ollanta Humala a ainsi reçu l’appui majeur des populations des parties amazoniennes et andines du pays. Véritable bastion nationaliste, l’ensemble du Sud du Pérou a aussi voté en masse pour l’ancien militaire qui a notamment obtenu plus de 80 % des voix dans le département d’Ayacucho ayant fortement souffert du conflit contre la guérilla maoïste du sentier lumineux.
Dès son premier discours, Alan Garcia a assuré « aux électeurs d’Ollanta Humala qu’ils ne seraient pas oubliés » et a noté l’appel des populations du sud du pays.
« Pour Alan Garcia, ce mandat est un mandat d’inclusion sociale », titre le quotidien national El Comercio (droite), au lendemain du scrutin. « Aidez-moi à construire un Pérou plus juste », insiste pour sa part La Republica (centre-gauche), reprenant les mots du nouveau président. « Je tends la main à tous les Péruviens, sans exception », a encore souligné Alan Garcia.
Contrairement à ses concurrents, le journal Peru 21 (centre-droit) rappelle le nouveau président ses responsabilités. « Ce n’est pas un chèque en blanc,
par Chrystelle Barbier
Article publié le 05/06/2006Dernière mise à jour le 05/06/2006 à 18:10 TU