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Mauritanie

Satisfecit mesuré après l’adoption de la nouvelle constitution

A voté : le colonel Ely Ould Mohamed Vall, président du Conseil militaire pour la justice et la démocratie. 

		(Photo : AFP)
A voté : le colonel Ely Ould Mohamed Vall, président du Conseil militaire pour la justice et la démocratie.
(Photo : AFP)
Le «oui» l’a emporté massivement dimanche en Mauritanie. Selon les résultats provisoires officiels proclamés lundi par le ministère de l’Intérieur, la nouvelle constitution qui vise à instaurer une alternance obligatoire tous les dix ans au moins au sommet de l’Etat, est approuvée à plus de 96% avec un taux de participation de 76%. En attendant que ces chiffres soient validés par le conseil constitutionnel, après examen des recours éventuels, observateurs et partis politiques font part de leur satisfecit mais relèvent néanmoins certaines défaillances.

De notre correspondante à Nouakchott

Les autorités ne pouvaient pas espérer mieux. Les résultats valent plébiscite pour la présidence qui interprète le score obtenu comme une « adhésion au programme politique du Conseil militaire pour la justice et la démocratie ». Après le vote massif en faveur des amendements constitutionnels, les autorités se félicitent, dans un communiqué publié lundi, de « la  maturité politique et du niveau élevé de civisme » des Mauritaniens. Sur le terrain, les observateurs et représentants des partis confirment qu’il y a eu un afflux massif et spontané des populations, dans la capitale comme à l’intérieur du pays. La victoire du oui ne surprend pas non plus si on tient compte de la mobilisation affichée des autorités, de la majorité des formations politiques et de la société civile. Seule l’Alliance pour la justice et la démocratie (AJD) qui avait appelé au boycott parle aujourd’hui d’un score « soviétique ».

Le satisfecit est donc général après ce scrutin, vu comme un galop d’essai avant les autres échéances de la transition. Les résultats ne sont pas contestés, mais plusieurs défaillances doivent être corrigées de l’avis des observateurs interrogés. Il y a d’abord eu la campagne en faveur du oui qui ne s’est visiblement pas arrêtée le jour du vote. Les associations de défense des droits de l’homme mauritaniennes, qui n’avaient pas obtenu le droit d’avoir un statut d’observateur, ont noté « la présence d’encadreurs d’électeurs portant des badges d’identification d’entreprises et des signes extérieurs partisans tels que des banderoles et des badges pour le oui à la constitution ». Mohamed ould Maouloud, président de l’Union des forces du progrès relève aussi  « le zèle d’une administration qui est allée plus loin que la mission qui lui était confiée » en conseillant parfois les électeurs dans leur vote le jour du scrutin. « Ces représentants de l’administration ont cependant enfoncé des portes ouvertes, vu le consensus national autour de la question », ajoute t-il.

«S’il n’y a pas eu fraude cette fois-ci…»

L’organisation, qualifiée de presque parfaite par l’Union africaine, a cependant fait preuve de quelques faiblesses, de l’avis même de ses observateurs. « Nous avons constaté des défaillances techniques dans la procédure de vote, notamment pour ce qui est de l’utilisation de l’encre indélébile pour tamponner avec le doigt la carte de l’électeur et aussi un problème d’information et d’éducation, certains ne sachant pas comment remplir leur bulletin unique », souligne l’envoyé spécial de l’Union africaine pour la Mauritanie Vijay Makhan pour qui la qualité du scrutin n’est pas remise en cause. L’utilisation du bulletin unique –que l’on pouvait remplir avec un cachet ou la lettre « b » en arabe- serait justement à revoir selon Ahmed ould Daddah, leader du Rassemblement des forces démocratiques, par ailleurs agréablement surpris des résultats. « Le tampon est à bannir car il peut notamment s’imprimer sur l’autre partie du bulletin quand on le plie en deux ; personnellement je souhaite aussi que l’on trouve une autre solution que le dessin d’une lettre pour cocher la case choisie. Il faut opter pour les solutions les plus élémentaires ». Par exemple, propose t-il, celle d’un clou qui sert à perforer le bulletin, comme cela a déjà été expérimenté dans d’autres pays.

« Il y a eu de nombreuses carences qui montrent que s’il n’y a pas eu fraude cette fois-ci, il pourrait y en avoir si besoin », confie un diplomate après avoir visité plusieurs bureaux de vote. Il note en particulier que des urnes ont été mal scellées, des électeurs n’ont pas émargé sur la liste ou n’ont pas trempé leur index dans l’encre indélébile, des bulletins ont été mal comptés. « Il n’y a rien à dire cette fois-ci mais pas de quoi être rassuré non plus pour la suite, l’ensemble des observations ayant montré que le système n’était pas étanche », confie t-il. La pression risque d’être plus forte pour les scrutins à venir, moins abstraits que le référendum. Prochains rendez-vous en novembre pour les législatives et municipales.

par Marie-Pierre  Olphand

Article publié le 27/06/2006Dernière mise à jour le 27/06/2006 à TU

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Habib Ould Hemet

Ministre mauritanien secrétaire général de la Présidence

«Nous sommes raisonnablement optimistes pour une participation massive au référendum [sur les réformes constitutionnelles].»

[16/06/2006]

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