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Coupe du monde

L’Afrique compte « ses » Bleus

L’Algérie vibre pour Zidane. Ailleurs en Afrique on soutient également les « enfants du pays » qui portent le maillot français. 

		(Photo : AFP)
L’Algérie vibre pour Zidane. Ailleurs en Afrique on soutient également les « enfants du pays » qui portent le maillot français.
(Photo : AFP)
Bien qu’aucune de ses équipes ne se soit qualifiée pour la phase finale de la compétition, l’Afrique va vibrer à l’unisson des autres continents au moment de la finale. Dans le face-à-face qui va opposer la France à l’Italie, chacun choisit son camp. Avec difficultés parfois, en raison des relations complexes qu’entretiennent en ce moment Européens et Africains, comme en témoignent les reportages de nos correspondants au Cameroun, au Sénégal, au Mali et en Algérie.

Cameroun : «C’est nous, les immigrés, qui faisons la fierté de la France»

De notre correspondant à Yaoundé

Drapeau du Cameroun 

		DR

Devant ce kiosque du centre-ville, les discussions sont vives. Elles opposent partisans d’une « France plurielle » aux inconditionnels de l’Italie. « Au moins les autorités françaises comprendront-elles que c’est nous, les immigrés, qui faisons la fierté de la France », avancent en chœur les premiers qui, calculettes en mains, s’intéressent aux origines des joueurs de l’équipe de France. « Nous n’allons plus respirer pendant un mois si la France remporte ce trophée. Les médias français vont nous en mettre plein les oreilles », s’emporte un supporter occasionnel de l’Italie fervent pourfendeur de « l’immigration choisie ». Loin de Berlin et des stades, les relations entre la France et l’Afrique se jouent dans les paris et les pronostics de buvettes et de taxis…

Les principaux quotidiens affichent des manchettes plutôt discrètes sur cette finale de la Coupe du monde. Pas d’«ouverture» sur le sujet. Un signe en cette terre où le football est une autre religion. Mutations parle de « La finale des outsiders ». Le Messager évoque « Les chances de la France ». La Nouvelle Expression s’accroche à « L’inévitable choc ». Quant au très gouvernemental Cameroon Tribune, il analyse dans ses pages intérieures la rencontre, évoque sans trop insister le parcours des deux équipes et publie deux pronostics peu étonnants. «  La France va gagner 1-0 », prédit le directeur du Centre culturel français de Yaoundé. « 2-0  pour l’équipe d’Italie », annonce pour sa part le premier secrétaire de l’ambassade d’Italie.

Sénégal : le cœur bleu-blanc-rouge

De notre correspondant à Dakar

Sénégal 

		

Au Sénégal, les Bleus auront beaucoup de supporters dimanche soir. Un petit sondage rapide dans les rues de Dakar suffit pour l’apprécier. A chacun ses motivations. «Je suis pour les Bleus parce qu’il y a beaucoup d’Africains parmi eux, explique Mbaye, un bijoutier. Il y a par exemple Patrick Vieira. Il est né ici, au quartier Lliberté 6 à Dakar ». Entre l’Italie et la France, Mokhtar Ndong, employé dans la périphérie de la capitale, a fait son choix par « solidarité francophone ». Gaston Gomis, lui, a opté pour un soutien « matrimonial » : « Je suis pour la France parce que ma femme est française ».

Mais à Dakar, certains ont tout de même aussi le cœur bleu-blanc-rouge pour les qualités techniques des hommes de Raymond Domenech. « On est obligé de soutenir les Français parce qu’ils représentent le vrai football dans le Mondial. La manière dont ils ont joué contre le Brésil nous a carrément plu», confie Mohamed, moniteur d’auto-école. Cela dit, tout le monde ici n’est pas « Français ». « Je suis pour l'Italie. Je suis le championnat transalpin et je vois que les Italiens ont des bons joueurs, affirme El Hadj Ndiaye, gardien. Et puis, il y a de nombreux immigrés Sénégalais en Italie. » Son pronostic ? «  2-0 pour l’Italie ». Exactement l’inverse des prévisions de Mokhtar Ndong : « C’est 2-0. But de Zidane et de Thierry Henry », lance-t-il en riant.

Mali : « fous » des Français

De notre correspondant à Bamako

Mali 

		

C’était mercredi soir. La France vient à peine de terrasser le Portugal (1-0). Plusieurs Bamakois, rassemblés autour d’un poste de télévision exultent : « Vivent les Bleus ! », « On a gagné ! ». Après l’élimination des représentants africains à la Coupe du monde, le cœur des Maliens bat plus que jamais pour le Onze français. Dans les grins (appellation au Mali des regroupements d’amis où on sirote un thé à la menthe), les commentaires vont bon train. « Il faut que les Français cassent le rythme du match avec les Italiens », explique en expert Adama Coulibaly, un jeune étudiant installé dans son grin de Magnanbougou, un quartier populaire de la capitale. Dans ce même bled, d’autres supporters de l’équipe de France s’improvisent coachs. « Il faut boucler le milieu du terrain », explique Mahame, un enseignant. Pour lui, comme pour d’autres, le match de cette finale sera « tactique », « très tactique », et c’est sur papier qu’il doit se gagner d’abord.

Place au terrain. Franchement « fous » des Français, les Bamakois amoureux du cuir rond ont déjà joué le match… dans leur tête. Dixième minute, c’est le « grand Zidane » qui marque ; 34e minute, il aggrave le score et, pour que la fête soit totale, Thierry Henry (qui n’a pourtant pas trop de fans à Bamako) cloue le bec aux Italiens. « 3-0, score final », pronostique un fonctionnaire malien. 3-0, ce sera « la victoire de la France, et de l’Afrique aussi », enchaîne Bally Drissa Sissoko, journaliste malien, qui cite Makélélé, Vieira, Govou, Thuran, Henry… tous « des Africains d’origine » qui font « le bonheur » de l’équipe tricolore. Dimanche, au Mali, sera « une journée morte ».Les rues seront désertes. Chacun a son plan : voir le match en groupe ou sortir de Bamako et se rendre dans sa périphérie pour éviter les débordements.

En attendant la victoire tant souhaitée ici, c’est le moment de faire de bonnes affaires : ventes de gadgets et de maillots tricolores à l’effigie des gloires du football français. Dans ce registre, c’est Zizou le plus vendu, suivi de Barthez, le gardien du but de l’équipe. On le reconnaît de loin : il porte des gants et n’a pas un seul cheveu sur la tête.

Algérie : un grand jour

De notre correspondant à Alger

Algérie 

		

Madjid, dit « Tarzan », est allé à Paris au lendemain de la victoire des Bleus avec l’espoir de pouvoir se débrouiller une place pour la finale à Berlin. Figure de la Casbah d’Alger, fou de foot, il n’avait pas prévu que « la bande à Zizou » passerait le cap des quarts de finale. Comme des millions d’Algériens, il ne pouvait pas imaginer que l’équipe de France viendrait à bout du mythique football brésilien. La défaite des Brésiliens a donc renforcé l’image du joueur idyllique incarné par Zinedine Zidane. « La classe », « la sérénité », « le talent »… on ne tarit pas d’éloges à son égard, indépendamment du fait qu’il soit d’origine algérienne. Ribéry, Sagnol, Vieira ont également leurs fans locaux.

Dans les foyers, les cafés ou sur de nombreuses places publiques, ici, la finale sera un grand jour. Elle sera retransmise en direct sur la chaîne nationale qui n’avait pu acquérir les droits de retransmission de toute la compétition, forçant les Algériens soit à se payer une carte d’abonnement auprès du bouquet de télévision ART, soit à courir derrière les codes décryptés, mais instables, de la télévision suisse romande (TSR). Pour cette finale, Zizou et ses camarades seront supportés par quelques millions d’Algériens. Quant aux fans de la squadra azzura, ils sont plutôt minoritaires, pour ne pas dire inexistants.



par Christophe  Champin, Serge  Daniel, Belkacem  Kolli, Valentin  Zinga

Article publié le 07/07/2006Dernière mise à jour le 07/07/2006 à TU

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Mondial 2006: la France en finale et en délire
(Conception : Nicolas Catonné)