Coupe du monde 2006
Les adieux manqués de Zidane
(Photo : AFP)
Cette finale de la 18e Coupe du monde, c’était bien la finale de Zinedine Zidane dont on savait qu’il jouait là son dernier match avec l’équipe de France. Zidane par-ci, Zidane par-là. Il s’agissait pour lui de gagner cette Coupe du monde, la seconde en huit ans et de graver pour longtemps son nom au panthéon du football mondial.
Après ses prouesses dans les matches précédents, Zidane a, une fois de plus répondu présent face à des Italiens déterminés qui jouaient bien. Quand Zidane ne fait pas marquer, c’est lui-même qui s’en charge. Très tôt dans le match, à la 7e minute de jeu, le voilà qui marque le premier but français sur penalty. Et quel penalty ? Face à Bouffon et avec très peu d’élan, il frappe en rupture une balle molle qui heurte la barre avant de rebondir à l’intérieur des buts. Cette extraordinaire et inattendue « Panenka » lui permettait de montrer une fois encore que sa présence au sein des Bleus était bénéfique à l’équipe.
Tout bascule à la 110e minute
C’est la stupeur à la 80e minute lorsque Zidane reste à terre après un choc. Le joueur vient de faire un signe significatif à son banc de touche. Touché à l’épaule droite, on croit d’abord qu’il demande à sortir. Un bon coup de froid atténuait la douleur et – sous un tonnerre d’applaudissements des supporters soulagés - la star reprend sa place sur le terrain.
Mais Zidane est touché, pourtant, sa volonté d’accompagner ses camarades jusqu’au bout est manifeste. Le capitaine courage continue de se battre à un moment où le ballon est confisqué par les Français. Tout va basculer à la 110e minute lorsque Zinedine Zidane donne au défenseur italien Marco Materazzi, un violent coup de tête en pleine poitrine. Et « violent », c’est le mot qui convient à ce geste surprenant qui a été fort sifflé dans les gradins.
Que nous montrent les images ? Dans la défense italienne, on voit dans un premier temps, l’Italien dans le dos de Zidane. Il le ceinture légèrement, puis le lâche quelques secondes après, juste au moment où le Français se dégage d’un léger coup de coude. Visiblement excédé, Zidane se retourne et lui reproche son geste en lui montrant son maillot. En petites foulées, les deux joueurs se dirigent vers le centre de terrain. Zidane est devant Materazzi. Ce dernier aurait-il adressé à Zidane, des propos déplaisants ? On voit Zidane qui se retourne brusquement et d’un terrible coup de tête, abat l’Italien. L’arbitre n’a rien vu, mais le 4e arbitre, si. C’est le carton rouge à 10 minutes de la fin du match.
Résultat, une expulsion logique qui a terni, dans cette finale, l’image d’un joueur qui, jusqu’à cet incident, a marqué la rencontre de sa classe et de son envie de quitter le football par la grande porte. Voilà comment Zinedine Zidane, pour avoir perdu son sang-froid, a manqué ses adieux.
« Zinedine Zidane ne va-t-il pas manquer au football français ? ». Réponse de l’entraîneur français Raymond Domenech à cette question posée par un confrère : « Il nous a déjà manqué au cours des vingt dernières minutes ». Fermez le ban. Dans l’album de souvenirs que nous laisse Zidane, on préferera retenir les deux coups de tête qui envoient le ballon au fond des filets brésiliens lors de la finale de 1998 plutôt que le coup de boule de 2006.
par Dave Wilson
Article publié le 10/07/2006Dernière mise à jour le 10/07/2006 à TU