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C'est sa dernière garden-party

Le président Jacques Chirac : «<em>Je ne suis pas à l'heure du bilan, je suis à l'heure de l'action</em>.» 

		(Photo : AFP)
Le président Jacques Chirac : «Je ne suis pas à l'heure du bilan, je suis à l'heure de l'action
(Photo : AFP)
Pour son ultime intervention du 14-Juillet, le président Jacques Chirac a voulu avant tout convaincre les Français qu’il était encore aux commandes. Comme la tradition l’exige, Jacques Chirac a abordé les grandes questions de l’heure avec bien sûr une priorité accordée au dossier brûlant du Proche-Orient. Il a aussi évoqué ce qui sera sa dernière participation au sommet du G8 ce week-end à Saint-Pétersbourg. A propos de la situation intérieure française, l’embellie du chômage et l’expulsion des sans-papiers, ont illustré un bilan en noir et blanc. Ce 14 juillet, à 73 ans, Jacques Chirac entamait en quelque sorte sa tournée des adieux.

«Je me demande s’il n’y a pas une volonté de détruire le Liban», s’est d’abord interrogé le président Chirac. «Nous sommes dans cette région du Moyen-Orient dans une situation de fragilité et d’instabilité et donc dans une situation dangereuse(…) Il faut faire très, très attention. Toutes les initiatives comptent, tous les mots comptent et on peut basculer d’un côté ou de l’autre» a-t-il encore averti avant de qualifier de «disproportionnées» les réactions actuelles au Proche-Orient. Interrogé par Patrick Poivre d’Arvor (TF 1) et David Pujadas (France 2) dans les jardins de l’Elysée, M. Chirac s’est cependant réjoui de la décision du secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, d’envoyer une mission de l’ONU sur place.

Au bord du gouffre

Cette mission doit «aller au Liban, si elle peut y accéder, en Israël, à Ramallah, dans les principaux pays arabes concernés et terminer par la Syrie car au cœur de la question, il faut discuter avec la Syrie», a expliqué Jacques Chirac. A ce propos, il a exprimé «le sentiment que le Hamas et le Hezbollah ne peuvent pas avoir pris ces initiatives seuls, il y a quelque part le soutien de tel ou telle nation. Il doit y avoir quelqu’un derrière», a-t-il encore suggéré. Il a tenu à préciser que c’est lui qui a suggéré à Kofi Annan cette initiative et il s’est dit heureux de la voir retenue. L’objectif de cette mission, selon M.Chirac est d’abord d’obtenir la libération des trois soldats israéliens enlevés, ensuite de parvenir à un cessez-le-feu total et enfin de définir les modalités de la mise en place d’une sécurité militaire internationale à la frontière entre Israël et le Liban.

Poursuivant sur le registre international, le président a abordé la crise du nucléaire iranien, la reliant «aux initiatives prises de manière tout à fait irresponsables par le Hamas et le Hezbollah, tout cela plus ou moins interconnecté ; on est en permanence au bord du gouffre». La question iranienne sera discutée au G8 a annoncé sans surprise M. Chirac qui a aussi tenu à dire que la situation actuelle lui rappelait la période précédant le déclenchement de la guerre en Irak.

Interrogé sur le problème des familles sans-papiers des enfants scolarisés en France, le président Chirac en fait avant tout une question de développement en Afrique. «Faute de développement de l’Afrique a-t-il martelé, les Africains qui seront 2 milliards en 2040-2050, inonderont le monde. La France qui demeure une terre d’accueil et d’asile, n’a pas pour vocation de laisser entrer tout le monde». Sur la loi sur l’immigration, Nicolas Sarkozy a agi comme il convenait a-t-il estimé ajoutant qu’il ne voyait pas d’autre solution que le système du «cas par cas» institué par ministre de l’Intérieur pour régulariser les enfants sans-papiers. «Je ne suis pas sûr que le cadre choisi soit le bon, mais je n’en vois pas d’autre», a poursuivi M. Chirac. Plus largement sur la question des demandes d’asile, il a expliqué que, selon lui, la clé du problème résidait dans le temps nécessaire pour examiner les dossiers. On n’a pas fait les réformes nécessaires pour raccourcir le délai actuel de 18 mois, a regretté le chef de l’Etat qui estime qu’il faut passer maintenant à moins de six mois.

Je suis à l’heure de l’action

Questionné sur ses relations avec Nicolas Sarkozy, qui se voit bien en hôte de la garden-party du 14 juillet 2007, Jacques Chirac a affirmé qu’elles «étaient très bonnes». Sur la question de savoir s’il avait les qualités d’un homme d’Etat, le président a aussitôt rétorqué qu’il «n’avait aucune raison d’en douter». Cela dit, Jacques Chirac a aussi fermement affirmé qu’il ne «se situait pas dans un temps limité. Je ne suis pas à l’heure du bilan, je suis à l’heure de l’action», a-t-il lancé en rappelant qu’il donnerait sa réponse à une éventuelle candidature à la présidentielle de 2007, au cours du premier trimestre de l’année prochaine.

D’ici cette échéance, M. Chirac a rappelé qu’il y avait encore plusieurs réformes à conduire et surtout que c’était bien lui qui tenait les manettes. Parmi les changements annoncés les plus importants toucheront la justice, les tutelles et l’encadrement du système des stock-options (options d'achat d'actions). Le président a aussi affirmé sa volonté de voir se poursuivre les efforts pour faire passer le chômage sous la barre des 8% . Il souhaite également que des dispositions soient prises «pour forcer les partis politiques» à respecter la parité hommes-femmes. D'autre part M. Chirac s’est dit favorable à une allocation de rentrée pour les étudiants. Enfin, l’inévitable question sur le coup de tête de Zidane est venue conclure ces trois quarts d’heure d’entretien : «son geste n’est pas acceptable, c’est évident. On ne peut pas accepter, mais on peut comprendre», a-t-il estimé.

Sans surprise, l’Union pour un mouvement populaire (UMP) a jugé que Jacques Chirac s’était montré «visionnaire pour la France et combatif pour les mois à venir» alors que le Parti socialiste l’accuse d’avoir voulu «tracer un tableau idyllique de la situation de la France pour ne pas avoir à répondre du bilan de son action concrète». Pour l’Union pour la démocratie française (UDF) de François Bayrou, il n’y a «vraiment rien de nouveau sous le soleil de l’Elysée» et pour Philippe de Villiers président du Mouvement pour la France (MPF) ce fut «un 14 juillet du commentaire et de l’impuissance».

par Claire  Arsenault

Article publié le 14/07/2006Dernière mise à jour le 14/07/2006 à TU

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Isabelle Chenu

Journaliste à RFI

«Le président Chirac s’est dit consterné par ce qui se passe au Proche-Orient et plus particulièrement au Liban.»

[14/07/2006]

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