France
Présidentielle : Voynet, candidate des Verts
(Photo : AFP)
Après plusieurs tours de scrutin sur fond de contestations et de querelles intestines au sein du parti, les militants écologistes se sont finalement prononcés, mardi, en faveur de Dominique Voynet pour l’élire candidate des Verts à la présidentielle de 2007. Forte de 50,59% des suffrages contre 49,41% pour son rival Yves Cochet, l’actuelle sénatrice de Seine-Saint-Denis (en banlieue parisienne) repartira donc en campagne, comme elle le fit en 1995, assurant qu’elle a «conscience des lourdes responsabilités» qu’elle endosse.
En effet, les Verts avaient représenté 5% des votes dans la présidentielle du 21 avril 2002 perdue par le parti socialiste. Le parti socialiste reste traumatisé par l'élimination au premier tour de son candidat, Lionel Jospin. Les analystes avaient attribué cet échec à une dispersion des voix entre les petites formations politiques. Celle-ci avait profité au candidat d’extrême-droite Jean-Marie Le Pen. Aujourd'hui, Dominique Voynet entend bien cette inquiétude du PS mais le renvoie à ses propres responsabilités pour rassembler son électorat au premier tour. L’ex-ministre de l’Environnement rappelle que «démonstration a été faite en 1995 qu’un candidat de gauche [ pouvait] être présent au second tour de la présidentielle même avec un candidat écologiste au premier», tout en réitérant son soutien à la gauche: «Sans nous [elle] serait moins belle, moins généreuse, moins ambitieuse et elle pourrait être tentée de déporter son message vers un centre improbable où les priorités ne seraient pas clairement lisibles», a-t-elle déclaré.
La première ministre verte de l’histoire de la République française
Militante écologiste depuis l'âge de 16 ans, antimilitariste, la fibre syndicaliste bien chevillée au corps, elle participe aux luttes contre la déforestation et fonde, en 1984, avec Yves Cochet, Guy Hascoët et Antoine Waechter, le parti des Verts. Les thèmes politiques qui guident son action sont l’engagement social, la paix et l’écologie. Une campagne présidentielle l'a fait connaître du grand public, en 1995 : elle obtient 3,32% des voix. «C'est toi et personne d'autre», lui lance en 1997 le tout nouveau Premier ministre socialiste Lionel Jospin, au moment de choisir le représentant écologiste au gouvernement après la victoire de la gauche plurielle aux législatives. Dominique Voynet est alors la plus jeune ministre du gouvernement et la première ministre verte de l’histoire de la République française.
1997-2001 : pendant ses quatre années au ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, Dominique Voynet réussit à conserver la confiance du Premier ministre, malgré les crises à répétition qui marquent cette première expérience gouvernementale pour les Verts. Elle ne parvient pas à imposer son parti comme le premier partenaire du Parti socialiste au sein de la majorité plurielle. Battue aux municipales de mars 2001 à Dole (Jura) par le maire sortant UDF Gilles Barbier, elle connaît également un échec aux législatives de 2002. Dans la foulée, fatiguée des querelles internes, elle décide d'abandonner la tête du mouvement qu'elle avait prise en 2001, pour entrer au Sénat.
Fille d’un ancien militant socialiste et d’une mère institutrice syndicaliste CFDT, Dominique Voynet choisit très tôt son camp politique et est à l'origine du choix des Verts de s'allier avec le PS -opposée en cela à la ligne «ni droite, ni gauche» défendue par Antoine Waechter. Elle fait ses premières armes de militante écologiste en manifestant contre la centrale de Fessenheim et pour la protection de la forêt vosgienne, avant de fonder un club d'aide au Tiers-monde. Médecin-anesthésiste de profession, mère de famille et grand-mère, cette féministe aime à souligner qu'elle a payé ses études en travaillant comme infirmière de nuit.
par Dominique Raizon
Article publié le 19/07/2006 Dernière mise à jour le 19/07/2006 à 17:30 TU