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Liban

Les étrangers partent, les Libanais craignent le pire

Les évacuations se poursuivent, vidant le pays de ses résidents étrangers, dans l'hypothèse d'une extension des combats. 

		(Photo : AFP)
Les évacuations se poursuivent, vidant le pays de ses résidents étrangers, dans l'hypothèse d'une extension des combats.
(Photo : AFP)
Meurtris par dix jours de bombardements israéliens, les Libanais regardent avec tristesse et angoisse le départ des dizaines de milliers de ressortissants étrangers. Beaucoup craignent une recrudescence de la violence après la fin de l’évacuation.

De notre correspondant à Beyrouth

Les pays occidentaux et d’Europe de l’Est ainsi que la Russie, l’Inde, la Turquie et les Etats arabes poursuivent l’évacuation de leurs ressortissants du Liban, alors que la guerre est entrée dans sa dixième journée. Les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne ont mis en place un important dispositif aérien et naval pour sortir leurs ressortissants de l’enfer libanais. Hélicoptères, ferries et autres bâtiments de guerre font des va-et-vient incessants entre le port de Beyrouth, où sont rassemblés ceux qui désirent partir, et l’île de Chypre, première étape avant leur rapatriement. Trente mille étrangers ont déjà quitté le Liban depuis le début de l’offensive israélienne, le 12 juillet, dont quelque 5 000 Français. Les opérations d’évacuation doivent s’achever, en principe, dimanche.

Le départ précipité de ces ressortissants donne lieu parfois à des déchirements, comme ce couple formé d’une Canadienne et d’un Russe qui s’étaient rencontrés à Beyrouth. «La guerre nous a séparés alors que nous envisagions de fonder une famille, explique Sibylle les yeux humides. Youri est déjà rentré à Moscou par la Syrie. Je n’ai pas pu l’accompagner. Je ne sais pas si on se reverra un jour».

Mais ce sont les Libanais qui sont le plus affectés par le départ des ressortissants étrangers. Les images de ces milliers de personnes qui ont quitté maison, travail et amis du jour au lendemain pour fuir les bombardements israéliens, ont un effet dévastateur sur le moral de la population. «J’ai l’impression d’être abandonnée, seule. Je ressens une étrange impression de vide autour de moi», murmure d’une voix cassée Alice, une habitante du quartier chrétien d’Achrafié. «Le monde nous a menti, se révolte Georges, son voisin. Quand il a fallu jeter la Syrie dehors, toute la planète s’est mobilisée pour soi-disant aider le peuple libanais et défendre la démocratie. Mais quand Israël détruit le pays et tue les civils innocents par centaines, la communauté internationale ne lève pas le petit doigt».

Le calme avait la tempête

Ce qui inquiète le plus la population, c’est le calme relatif qui règne dans la capitale et sa banlieue sud depuis le début de l’évacuation des étrangers. Les appareils israéliens n’ont mené que quelques raids sporadiques sur le bastion du Hezbollah ces dernières 48 heures. La première semaine de la guerre, le vrombissement des avions et les déflagrations des explosions raisonnaient dans toute la ville. Beaucoup pensent que ce calme précède la tempête. «Quand les étrangers seront partis, les bombardements israéliens vont redoubler de violence, s’inquiète Imane, une jeune femme originaire de la banlieue sud de la capitale. Leur présence m’apportait un soutien psychologique. Tant que les ressortissants occidentaux étaient là, j’étais persuadée qu’Israël ferait preuve d’un peu de retenue. Maintenant, plus rien ne le retiendra». Ahmad, un épicier du quartier sunnite de Tarik-Jédidé, partage les mêmes angoisses. «J’ai peur, je ne sais pas où aller. Après la fin de l’évacuation des étrangers, ça va être l’enfer», dit-il.

Les développements sur le terrain n’augurent rien de bon. Si à Beyrouth l’intensité des raids a baissé, partout ailleurs, les bombardements se poursuivent sans relâche. Ce vendredi, les appareils israéliens ont lâché des tonnes de bombes sur la ville de Baalbeck, dans la plaine de la Bekaa. Et des affrontements terrestres d’une rare violence ont opposé pendant plus de 24 heures les combattants du Hezbollah à l’armée israélienne qui a eu de nombreux morts et blessés dans ses rangs. Devant la résistance acharnée des hommes de Hassan Nasrallah, l’armée israélienne a annoncé, vendredi, la mobilisation de 5 000 réservistes supplémentaires.

Seule lueur d’espoir, la poursuite des pressions diplomatiques pour convaincre les Etats-Unis de modifier leur priorité et d’accepter un cessez-le-feu en prélude à la recherche d’une solution politique à la crise. Le fait que la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice ait avancé à dimanche la date de sa tournée dans la région pourrait être interprété comme un signe encourageant.



par Paul  Khalifeh

Article publié le 21/07/2006Dernière mise à jour le 21/07/2006 à TU

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(©AFP/Bourgoing/RFI)

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