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Proche-Orient

Israël : on continue !

Le 25 juillet 2006, 4 observateurs de la Finul (Force intérimaire des Nations unies au Liban) sont morts lors d'un raid aérien israélien à Khiam. Le 18 avril 1996 à Cana, le bombardement par l’armée israélienne d'un camp de la Finul abritant 250 réfugiés avait fait plus de 100 morts. 

		(Photo : AFP)
Le 25 juillet 2006, 4 observateurs de la Finul (Force intérimaire des Nations unies au Liban) sont morts lors d'un raid aérien israélien à Khiam. Le 18 avril 1996 à Cana, le bombardement par l’armée israélienne d'un camp de la Finul abritant 250 réfugiés avait fait plus de 100 morts.
(Photo : AFP)
L’échec de la conférence de Rome est la conséquence logique de l’impuissance de la communauté internationale marquée par la mésentente entre Européens et Américains sur la question du Proche-Orient. Washington autorise de facto Israël à continuer ses opérations contre le Hezbollah. Mais l’échec de Rome lui donne le champ libre cautionnant au passage son action comme légitime.

A peine retombé le rideau sur la conférence de Rome, Israël clame plus fort que jamais son intention de poursuivre ses opérations au Liban. Sans le moindre frein international le ministre israélien de la Justice, Haïm Ramon, ne s’y est pas trompé en déclarant «hier à Rome, nous avons en fait obtenu l’autorisation pour continuer nos opérations jusqu’à ce que le Hezbollah ne soit plus présent dans le sud du Liban et soit désarmé. Tout le monde sait qu’une victoire du Hezbollah serait une victoire du terrorisme mondial». Quant à Shimon Peres, vice-Premier ministre et prix Nobel de la Paix, il persiste et signe : «ce sera le Hezbollah ou nous. Ils nous ont attaqués, on se défend. Et c’est vrai aussi pour le Liban. C’est le Hezbollah qui détruit le Liban C’est une organisation libanaise qui combat contre son pays, qui sert les intérêts de l’Iran. On ne bombarde pas le Liban, on bombarde le Hezbollah». Les Libanais apprécieront. Le prix Nobel de la Paix s’en est pris aussi au Hamas accusé de faire partie «du quartette de la terreur aux côtés de la Syrie, de l’Iran et du Hezbollah». Dans la seule journée de mercredi, 24 Palestiniens ont été tués à la suite d’attaques israéliennes dans la bande Gaza. 

Un réservoir de 400 000 réservistes israéliens

Réuni jeudi, le cabinet israélien de sécurité a aussitôt donné son aval à une nouvelle vague de mobilisation des cadres de réserves. L’armée israélienne dispose de plus de 400 000 réservistes. Israël a aussi décidé de poursuivre l’offensive avec la même stratégie, c’est-à-dire en ayant recours à des incursions terrestres ciblées et à des frappes aériennes. L’armée israélienne semble donc renoncer pour le moment à entrer massivement sur le territoire libanais. Une option en demi-teinte justifiée probablement par les piteux résultats obtenus notamment à Bint-Jbeil.

Bint-Jbeil, place forte du Hezbollah, désertée par ses 30 000 habitants, a durement résisté aux coups de boutoirs des forces israéliennes depuis dimanche. Huit soldats israéliens y ont été tués et 22 blessés mercredi dans de violents combats où l’infanterie, des blindés et des hélicoptères israéliens étaient engagés. Un neuvième militaire a été tué et trois autres blessés dans un secteur voisin. Israël entend donc limiter au maximum les pertes dans ses rangs, au risque d’augmenter encore le nombre de victimes civiles libanaises. Car si sa supériorité est évidente en terme de force aérienne et d’artillerie, elle l’est beaucoup moins au sol face à la stratégie de guérilla du Hezbollah. Le Hezbollah a en effet démontré depuis quinze jours, sa capacité à résister et l’assaut de  Bint-Jbeil a nécessité de la part des Israéliens beaucoup plus d’efforts que prévu. Malgré ces ratés, l’opinion israélienne est toujours derrière ses dirigeants. Selon un sondage publié par le quotidien Maariv, 95% des Israéliens interrogés trouvent l’offensive justifiée. Un soutien confirmé pour Ehud Holmert, bien que la proportion des personnes favorables à l’arrêt immédiat de la guerre, ait un peu grimpé, passant de 8 à 12 %.  

Le Conseil de sécurité tourne autour du pot

Plus de 24 heures après la mort des quatre observateurs de l’Onu tués par un bombardement israélien à Khiam, au Liban sud, le Conseil de sécurité n’était toujours pas parvenu à rédiger une déclaration. C’est dire les tiraillements qui agitent les diplomates sur la question de savoir si l’attaque contre les membres de la Finul était volontaire ou pas. Pour le secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, il s’agit d’un «acte apparemment délibéré». Mais pour les Américains, il n’est pas question de laisser passer un texte où Israël serait condamné. Parmi les quinze membres du Conseil de sécurité, les désaccords portent sur le point de savoir si on se trouve devant un cas d’attaque, voire d’attaque délibérée des forces israéliennes.

Plusieurs moutures du texte condamnant clairement Israël, déposé par la Chine, ont été rejetées depuis le début de la réunion, mercredi. Il reprenait peu ou prou l’esprit de la déclaration de Kofi Annan qui «condamnait une attaque probablement délibérée et réclamait une cessation immédiate des hostilités». La dernière version renonçait à condamner directement Israël, se limitant à «condamner toute attaque délibérée contre des personnels de l’Onu». Un tel document nécessite l’unanimité des quinze membres du Conseil mais il n’a aucunement le caractère contraignant d’une résolution. 

Au fil des heures on a pu cependant reconstituer les faits qui avaient abouti au drame de Khiam. Selon l’Onu, l’artillerie israélienne a commencé ses tirs dans le secteur à 13 h 20, heure locale, avec une bombe larguée à 200 mètres du poste de la Finul. Celle-ci a tout de suite protesté auprès des forces israéliennes. Dix fois dans l’après-midi, les tirs se sont reproduits et à chaque appel, les militaires israéliens ont affirmé que les tirs allaient cesser. Jusqu’à 18 h 29, où le poste a été frappé par un missile de précision, selon l’enquête de l’Onu. Cet «accident très triste», comme le dit Shimon Peres, n’est pas le premier depuis le début de cette offensive. Huit hommes de la Finul ont déjà été blessés par des tirs israéliens.

par Claire  Arsenault

Article publié le 27/07/2006Dernière mise à jour le 27/07/2006 à TU

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(©AFP/Bourgoing/RFI)

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