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République démocratique du Congo

Le dépouillement commence

Carte des provinces de la République démocratique du Congo. <br /><a href="http://www.rfi.fr/actufr/articles/079/article_45062.asp" target="_blank">Cliquez pour agrandir.</a> 

		(Carte : Geoatlas)
Carte des provinces de la République démocratique du Congo.
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(Carte : Geoatlas)

Les Congolais ont été nombreux à participer, dimanche, aux premières élections libres réalisées dans leur pays depuis quarante ans. Ce scrutin, qui s’est déroulé dans le calme, était une occasion historique pour les citoyens de la République démocratique du Congo (RDC), le plus grand pays d’Afrique centrale, après des décennies de misère et de guerres meurtrières. Les résultats devraient être connus vers la fin août et l’Onu parle déjà de «grande réussite pour le peuple congolais».


Les électeurs ont voté massivement et dans le calme, tels ont été les premiers constats de la Commission électorale indépendante (CEI) et des observateurs présents en République démocratique du Congo, dimanche, lors des élections présidentielle et législatives. Près de 25 millions d'électeurs avaient été appelés aux urnes pour choisir leur prochain président - parmi 33 prétendants à la magistrature suprême -, ainsi que leurs 500 députés sur un total de 9 700 postulants à l’Assemblée nationale, ce qui a exigé l’impression de bulletins de vote de grandes dimensions. 

Plus de 50 000 bureaux de vote avaient été mis en place à travers la RDC, un pays aussi vaste que l’Europe occidentale et 80 fois plus grand que la Belgique, son ancienne puissance coloniale.  Ces élections ont exigé la présence de 47 000 observateurs nationaux ainsi que 193 000 témoins de partis politiques et de candidats indépendants.

Mirimo Moulongo

Rapporteur de la Commission électorale indépendante

«Le bilan est très positif. Tout s’est bien passé en tout cas sans incident.»

La régularité des scrutins a été aussi surveillée par près de 1 500 observateurs internationaux, dont 250 envoyés par l’Union européenne et 130 par la SADC, la Communauté économique des Etats d’Afrique australe dont la RDC fait partie. Le coût de ce processus électoral a été évalué à 450 millions de dollars, payé en quasi-totalité par la communauté internationale.

80 000 policiers congolais mais aussi près de 19 000 Casques bleus et soldats européens ont été mobilisés pour garantir la sécurité pendant le déroulement de ces élections. Il s’agit de la plus grande force de maintien de la paix déployée par les Nations unies. Quelques incidents se sont toutefois produits dans les Kasaï oriental et occidental, fief de l’opposant Etienne Tshisekedi qui avait appelé au boycott, dans le centre du pays, où des bureaux de vote ont été détruits. Les opérations de vote ont été reprises lundi dans 170 bureaux installés dans cette zone, notamment à Mbuji-Mayi, la capitale du diamant, où des candidats avaient été empêchés de faire campagne.

Près de 210 partis politiques participent aux scrutins législatifs, mais l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), principal parti de l’opposition a appelé au boycott, dirigé par Etienne Tshisekedi, avait appelé la population congolaise à ne pas cautionner la «mascarade électorale», malgré les garanties fournies par la communauté internationale. Tout comme les Nations unies et l’Union africaine, l’église catholique congolaise, qui rassemble plus de 40% de la population, avait appelé à un vote «massif» pour ces élections, qui mettent fin à la transition politique initiée en 2003. Et cela, après une guerre qui a duré près de cinq ans, qui a impliqué sept pays africains, et fait trois millions de victimes civiles, directement ou indirectement.

Les scrutins de dimanche sont aussi un test pour la République démocratique du Congo en mal de démocratie après les trente-deux ans de régime autoritaire de Mobutu évincé du pouvoir en 1997 par Laurent-Désiré Kabila. Ce dernier assassiné en 2001, son fils, Joseph Kabila, lui a succédé. Il est  le grand favori de cette élection où, entre autres adversaires plus ou moins notables, il affrontait dans les urnes cette fois deux anciens chefs rebelles, les vices-présidents de la transition, Jean-Pierre Bemba et Azarias Ruberwa, également candidats à la magistrature suprême.

Vital Kamehre

Secrétaire général du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD)

«Le peuple congolais est calme, le taux de participation est très élevé, il n'y a pas de guerre et il n'y aura pas de guerre.»

«C’est le jour le plus important de l’histoire de notre pays depuis 1960. En dernier ressort, le véritable vainqueur sera le peuple congolais», a déclaré Kabila en déposant son bulletin de vote dans l’urne, dimanche, à Kinshasa. Le parti du vice-président Bemba, le Mouvement de libération du Congo (MLC) est d’un avis plus mitigé.

Yves Kisombe

Secrétaire national du Mouvement de libération du Congo (MLC), chargé des questions juridiques

«On ne peut pas être vraiment satisfait lorsqu'on constate un certain nombre d'irrégularités (...) mais pour une première expérience historique, on peut considérer qu'il y a eu une participation importante de l'électorat.»

Hubert Kabasubabu Katulondi

Directeur de campagne et secrétaire général du parti Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD)

«A Kabinda, certains présidents de centres [de vote] ont chassé les témoins d'autres partis politiques, qui ont d'ailleurs refusé en fin de journée de signer les P.V. du dépouillement.»

Les résultats du scrutin présidentiel devraient être proclamés par la Commission électorale indépendante vers la fin août. Un deuxième tour est prévu le 29 octobre, au cas où aucun des candidats ne remporterait 50% des voix lors du premier tour.  Les résultats des législatives vont tomber au fur et à mesure du dépouillement qui a commencé immédiatement après le vote. Les délais sont dus, en grande partie, au mauvais état des voies de communication de la RDC qui compte, à peine, deux mille kilomètres de routes goudronnées.



par Antonio  Garcia

Article publié le 31/07/2006Dernière mise à jour le 31/07/2006 à TU

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République démocratique du Congo : quel destin dans les urnes ?