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Proche-Orient

Pendant la trêve des raids, l’offensive s’intensifie

Des avions et des hélicoptères de combat pilonnaient les hauteurs dominant Aïta al-Chaab. 

		(Photo : AFP)
Des avions et des hélicoptères de combat pilonnaient les hauteurs dominant Aïta al-Chaab.
(Photo : AFP)
L'armée israélienne a reçu, dans la nuit de lundi à mardi, le feu vert du cabinet de sécurité pour élargir son opération terrestre au Liban sud jusqu'au fleuve Litani, à près de 20 km en moyenne au nord de la frontière israélienne. L’objectif, selon le ministre de la Défense Amir Peretz, est de préparer le terrain pour le déploiement d’une force internationale. Malgré la suspension déclarée des attaques aériennes israéliennes durant 48 heures, des raids ponctuels ont été menés mardi tandis que de violents affrontements faisaient rage au Liban sud entre l’armée israélienne et le Hezbollah, accélérant l’exode des civils libanais.

C’est lors d'une visite aux troupes dans le nord d'Israël, mardi matin, qu’Amir Peretz a expliqué sa stratégie. « Notre objectif au Liban sud, a déclaré le ministre israélien de la Défense, est de créer les conditions sur le terrain pour qu'une force internationale dotée de pouvoirs effectifs puisse agir. Dans ces conditions, le Hezbollah ne sera plus à même de se déplacer librement au Sud Liban, d'exploiter sa population, de menacer les arrières d'Israël, d'y faire ce que bon lui semble et d'y faire entrer les gardiens de la Révolution iranienne. »

Quelques heures plus tôt, le cabinet de sécurité israélien avait autorisé l’armée à élargir son offensive terrestre au Liban sud jusqu'au fleuve Litani. Ce fleuve est distant de 5 à 30 kilomètres de la frontière. L'opération vise à détruire des positions du Hezbollah le long de la frontière et à éloigner les sites de lancement de roquettes, pour qu'elles ne puissent plus atteindre la zone de Haïfa, à une quarantaine de kilomètres au sud de la frontière israélo-libanaise.

Quatre incursions simultanées

Le ministre de la Défense a laissé entendre qu’il souhaitait mener cette opération rapidement, en prévision de l'instauration d'un cessez-le-feu dans les prochains jours. Selon le quotidien israélien Haaretz, l’état-major se donne jusqu’à jeudi pour détruire les positions des miliciens chiites implantées le long de la frontière.

Ce qui va nécessiter des renforts. Radio Israël croit savoir que l’Etat hébreu va mobiliser pour cette offensive trois divisions supplémentaires, soit 15 000 hommes. Au 21è jour du conflit entre Israël et le Hezbollah, les combats ont donc redoublé d’intensité. De violents affrontements opposaient l'armée israélienne à la milice chiite au Liban sud, notamment dans le secteur de Bint-Jbeil.

Un porte-parole de l'armée a fait état de « victimes israéliennes », sans en préciser le nombre et sans dire s'il s'agissait de morts ou de blessés. Mais la chaîne de télévision Al-Arabiya affirme que trois soldats israéliens ont été tués dans les combats en cours dans le secteur de Aïta al-Chaab, près de la frontière. Des avions et des hélicoptères de combat pilonnaient les hauteurs dominant Aïta al-Chaab et, selon la radio militaire israélienne, les déflagrations étaient entendues dans la localité israélienne voisine de Shtoula.

Côté libanais, la police et la Force intérimaire de l’Onu au Liban (Finul) ont indiqué que l'armée israélienne menait quatre incursions simultanées dans les secteurs occidental et central de la frontière avec le Liban. Dans un communiqué, le Hezbollah a affirmé que près du village de Aïta al-Chaab, il y avait eu « des combats d'une maison à l'autre » et que « l'offensive de l'ennemi a été mise en échec ». Selon le parti chiite, les Israéliens ont perdu « un char et un bulldozer ».

Pendant ce temps, l’exode des populations civiles libanaises s’accélérait, au sud du pays. Ainsi à Tyr, en prévision de la reprise, dans les prochaines heures, des frappes aériennes israéliennes suspendues après le drame de Cana – 54 morts –, il ne restait mardi soir qu'environ 15 000 habitants, selon un responsable municipal. La population y avait doublé et atteint 100 000 personnes avec l'afflux des habitants des villages voisins. Faisant gonfler le flot, l'armée israélienne a conseillé mardi aux habitants de certains secteurs situés au nord du fleuve Litani d'évacuer la zone, selon la chaîne de télévision israélienne Channel 2.

La diplomatie à la peine

Sur le plan diplomatique, les contacts restent intenses mais pour l’instant peu fructueux. Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne s’efforcent - avec difficulté - de trouver une position commune. Ils se sont réunis d'urgence à Bruxelles pour étudier un projet de déclaration réclamant un cessez-le-feu immédiat au Liban et mettant en garde contre de graves atteintes au droit humanitaire international.

Toutefois, la Grande-Bretagne, très proche de la position américaine, a refusé d’évoquer un cessez-le-feu rapide. « Nous ne pouvons accepter cette conclusion, telle qu'elle est actuellement », a déclaré un responsable britannique ayant requis l'anonymat. L'Allemagne, la Pologne et la République tchèque ont également souhaité une modification du texte.

De son côté, la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice a fait état d’un plan en trois parties comprenant un cessez-le-feu, les principes politiques permettant un règlement à long terme et l’autorisation pour une force internationale de se déployer pour aider l’armée libanaise à étendre son autorité sur l’ensemble du territoire.

Autre pays dont la diplomatie se montre très active sur le front libanais, la France a souhaité que le Conseil de sécurité de l'Onu soit en mesure d'adopter dans les prochains jours une résolution sur le Liban, pour laquelle Paris a déposé un projet. Pourtant, les divergences avec les Etats-Unis sur les étapes à suivre restent profondes. La France veut obtenir un accord politique de règlement du contentieux israélo-libanais avant le déploiement d'une force internationale. Washington, au contraire, souhaite voir cette force opérationnelle le plus vite possible.



par Philippe  Quillerier

Article publié le 01/08/2006Dernière mise à jour le 01/08/2006 à TU

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(©AFP/Bourgoing/RFI)