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Proche-Orient

Réserves du Liban face au projet franco-américain

L'accord franco-américain présenté aux pays membres du Conseil de sécurité prévoit «<em>une cessation complète des hostilités basée en particulier sur la cessation immédiate de toute attaque par le Hezbollah et la cessation immédiate de toute offensive militaire par Israël</em>». 

		(Photo : AFP)
L'accord franco-américain présenté aux pays membres du Conseil de sécurité prévoit «une cessation complète des hostilités basée en particulier sur la cessation immédiate de toute attaque par le Hezbollah et la cessation immédiate de toute offensive militaire par Israël».
(Photo : AFP)
Après plus de trois semaines de guerre qui a déjà fait, côté libanais, 1 000 morts et 3 500 blessés civils, la diplomatie commence à se frayer un chemin après l’annonce d’un accord franco-américain sur un projet de résolution au Conseil de sécurité pour mettre un terme aux combats. Mais les concertations risquent d’être longues et difficiles surtout que le gouvernement libanais a exprimé de fortes réserves sur plusieurs points du texte en gestation.

De notre correspondant à Beyrouth

Le texte distribué aux pays membres du Conseil de sécurité appelle non pas à un cessez-le-feu immédiat comme le souhaite le Liban, mais à «une cessation complète des hostilités basée en particulier sur la cessation immédiate de toute attaque par le Hezbollah et la cessation immédiate de toute offensive militaire par Israël». Le projet de résolution reconnaît à l’Etat hébreu le droit de riposter à d'éventuelles attaques du Hezbollah. Il demande à Israël et au Liban de s'entendre pour une solution politique durable et prévoit une zone tampon au sud du Liban ainsi qu'un embargo sur les importations d'armes au Liban, sauf pour l'armée régulière. L'envoi d'une nouvelle force internationale est évoqué mais devra être décidé par une résolution ultérieure. Toutefois, la mission de ce contingent est placée sous les dispositions du chapitre 7 de la Charte des Nations unies, ce qui lui permet l’utilisation de la force en cas de violation de la résolution.

Le projet demande aussi aux deux parties de respecter la «ligne bleue», un tracé établi par l’Onu en 2000 après le retrait israélien et qui fait office de frontière internationale entre les deux pays. Il prévoit en outre la délimitation des frontières communes, notamment dans les endroits qui font l’objet de litiges, y compris les fermes de Chebaa, occupées par Israël en 1967, revendiquées par le Liban et considérées par les Nations unies comme une terre syrienne.

Même s’il laisse entrevoir une suspension des raids destructeurs menés par l’aviation israélienne qui a démoli pratiquement toute l’infrastructure du pays, le Liban n’a pas fait preuve d’un grand enthousiasme à l’égard du projet franco-américain. Le ministre des Affaires étrangères par intérim, Tarek Mitri, dépêché à New York pour diriger l’effort diplomatique du Liban, a exprimé de fortes réserves. Selon lui, le texte ne correspond pas au plan en sept points présenté à Rome, le 19 juillet, par le Premier ministre et qui jouit de l’appui du Hezbollah et des autres forces politiques du pays.

Le secrétaire d’Etat adjoint pour le Proche-Orient David Walch, n’avait d’ailleurs pas réussi à convaincre les responsables libanais qu’il a rencontrés samedi à Beyrouth d’appuyer les idées développées dans le projet franco-américain.

La guerre fait rage

Le Liban souhaite non pas un arrêt des hostilités mais un cessez-le-feu immédiat. Celui-ci doit être suivi du retrait des troupes israéliennes qui ont pénétré au Liban en plusieurs points ces trois dernières semaines. La région sera placée, 72 heures après la fin du retrait, sous le contrôle de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) et de l’armée libanaise. Le gouvernement libanais réclame ensuite le retrait des troupes israéliennes des fermes de Chebaa et leur remplacement par des forces de l’Onu, en attendant que ce territoire soit placé sous la souveraineté du Liban après la délimitation des frontières. Enfin, le gouvernement libanais refuse le déploiement d’une force internationale conformément au chapitre 7. De son côté, le ministre Mohammed Fneich, qui représente le Hezbollah, a répété que le parti était prêt à cesser les combats, mais à la seule condition d'un retrait total de l’armée israélienne des territoires libanais.

L’intensification des concertations diplomatiques ne s’est pas accompagnée d’un recul des opérations militaires. Bien au contraire. L’artillerie israélienne a battu des records, samedi, en tirant 4 000 obus au sud du Liban dont un millier contre le seul village frontalier de Aitaroun. L’aviation a de son côté mené 250 raids. Le Hezbollah, lui, a tiré 170 roquettes sur le Nord d’Israël.

Dans la nuit de vendredi à samedi, les combattants du Hezbollah et l’armée libanaise avaient déjoué une tentative de débarquement israélienne dans la ville de Tyr, à 35 kilomètres de la frontière. Des commandos se sont attaqués à un appartement qui aurait «abrité un poste de contrôle permettant au Hezbollah de tirer des missiles de moyenne portée vers Israël». Mais les unités israéliennes sont tombées dans une embuscade. Les combats ont fait un mort et 7 blessés dans les rangs israéliens, un tué de l’armée libanaise et dix civils. Toujours près de Tyr, un drone a tiré un missile contre une moto, tuant les deux passagers. Par ailleurs, l'armée israélienne a déclaré avoir largué des tracts samedi sur Saïda, troisième plus grande ville du Liban, pour appeler les habitants à évacuer vers le Nord avant de nouvelles frappes.

Pendant ce temps, les associations locales et internationales ont de plus en plus de mal à acheminer l’aide humanitaire après la destruction par l’aviation israélienne de quatre ponts reliant Beyrouth au Nord du pays, seule voie encore praticable vers la Syrie.



par Paul  Khalifeh

Article publié le 06/08/2006Dernière mise à jour le 06/08/2006 à TU

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(©AFP/Bourgoing/RFI)