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Liban

Le conflit perdure, la situation humanitaire empire

Des membres de Médecins sans frontières transportant de l'aide humanitaire après la destruction d'un pont dans le sud du Liban. 

		(Photo : AFP)
Des membres de Médecins sans frontières transportant de l'aide humanitaire après la destruction d'un pont dans le sud du Liban.
(Photo : AFP)
Lundi matin, le dernier pont sur le fleuve Litani a été touché par l’aviation israélienne, coupant la principale voie d’acheminement de l’aide destinée aux populations de Tyr et du sud du Liban. Plus de mille personnes, en majorité des civils, ont été tuées au Liban depuis le début de l’offensive israélienne le 12 juillet, quelque 900 000 ont été déplacées. Les hôpitaux sont débordés, les infrastructures du pays sérieusement atteintes. Les organisations humanitaires continuent, en vain, de réclamer un cessez-le-feu.

Le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Jakob Kellenberger, est arrivé lundi au Liban pour rencontrer les autorités libanaises et tenter d’évaluer la situation humanitaire sur le terrain. En fin de semaine dernière, il insistait, dans un entretien au journal suisse Le Temps, sur le respect des civils et sur la retenue dans l'usage de la force. « L'horreur de Cana montre l'importance du droit international humanitaire et du respect des règles sur la conduite des hostilités, affirmait-t-il, ajoutant à l’adresse cette fois du Hezbollah : « Les roquettes tirées sur Israël visent et atteignent des civils, cela est interdit par le droit humanitaire. »

Depuis le début du conflit il y a plus de trois semaines, les effectifs expatriés du CICR au Liban sont passés de deux à cinquante-neuf personnes, travaillant aux côtés d'employés locaux, ce qui fait de l’opération la plus importante de l'organisation caritative après celle du Soudan. Il faut dire que plus de trois semaines de combats entre l’armée israélienne et la milice chiite libanaise du Hezbollah ont dévasté une bonne partie du pays. Les bombardements israéliens ont fait plus de 1000 morts, des civils pour la plupart. Quelque 900 000 personnes ont été déplacées.

Tyr totalement isolée

Aujourd’hui, l’aggravation de la situation humanitaire est très inquiétante, selon les organisations non-gouvernementales. Dernier événement en date : lundi matin, l’ultime pont sur le fleuve Litani a été touché par l’aviation israélienne, coupant la principale voie d’acheminement de l’aide destinée aux populations du sud du Liban. Selon Médecins sans frontières, le bombardement de ce pont de fortune, construit après la destruction de l'ouvrage en dur d’El Qasmiyé, a entraîné l'immobilisation d'un convoi de nourriture, de matériel médical et d'essence à destination du port de Tyr, à 80 kilomètres au sud de Beyrouth. La cité portuaire, a affirmé la police libanaise, était totalement isolée lundi soir. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a également dû annuler des convois vers Tyr et Rachidieh.

Vendredi, les avions israéliens avaient déjà détruit quatre ponts sur l'autoroute côtière reliant Beyrouth à la Syrie via le nord du pays, un axe que l'Onu présente comme le « cordon ombilical » de son opération humanitaire au Liban. Du coup, un convoi de huit camions avait dû stopper. Il transportait 150 tonnes de vivres et de matériel destinés à des milliers de déplacés. Le porte-parole du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) s’inquiète : « C’était la voie d’approvisionnement principale pour le HCR. Toutes nos fournitures viennent de Syrie. » La Commission européenne demande le « respect » des corridors humanitaires.

Les pénuries pourraient provoquer des épidémies

L'Onu a demandé une aide d'urgence de 150 millions de dollars. Mais elle affirme n'avoir reçu pour l'instant que 25 millions de dollars de promesses de dons. Selon les agences onusiennes sur place, la pénurie de carburant qui menace le pays risque d’affecter bientôt les centrales électriques, les hôpitaux et les stations de pompage, ce qui aggraverait les conditions déjà très précaires de dizaines de milliers de personnes. Israël, qui impose un blocus maritime au Liban, a autorisé le passage de deux pétroliers. Mais les propriétaires de ces navires jugent insuffisantes les garanties fournies par l'Etat hébreu.

Les pénuries pourraient provoquer des épidémies. C’est pourquoi le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) a lancé dans le sud du Liban – région très menacée –, une campagne de vaccination de milliers d'enfants pour empêcher l'apparition de la poliomyélite et de la rougeole. « Les conditions les plus extrêmes sont dans le Sud, s’alarme un responsable de l’organisation. Surtout dans les villages frontaliers où il y a encore des gens dans les caves depuis plus de deux semaines. Il n'y a pas d'eau, pas d'électricité, pas d'essence, et pas d'évacuation des déchets. (…) Les nouveau-nés boivent de l'eau tirée des rivièresC’est la dysenterie qui nous inquiète le plus. »

Dès le début du conflit, plusieurs pays étrangers avaient entamé l’évacuation de leurs ressortissants, notamment les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’Italie, la Grèce, l’Inde et surtout la France, dont les liens avec le Liban sont profonds et anciens. Depuis le 14 juillet, Paris a évacué 13 000 personnes, dont près de 10 200 ressortissants français. Dimanche, selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, 1 415 personnes de 39 nationalités ont été embarquées à Beyrouth sur trois navires de la marine nationale à destination du port chypriote de Larnaca. Mille cent trente d'entre elles, essentiellement des ressortissants français, devaient partir lundi soir vers Paris par quatre vols affrétés par le ministère.



par Philippe  Quillerier

Article publié le 07/08/2006Dernière mise à jour le 07/08/2006 à TU

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