République démocratique du Congo
Le suspense continue
(Photo : AFP)
La Commission électorale indépendante (CEI) a diffusé mardi les premiers résultats partiels de l’élection présidentielle du 30 juillet. Ils concernent seulement 7 des 62 centres chargés de compiler les bulletins des 50 000 bureaux de vote, quatre à l'Est et trois à l'Ouest. En fonction de ces résultats représentatifs de quelque 5 % des votes, l’Agence France Presse donne Joseph Kabila en tête, avec 72,7% des voix, devant Jean-Pierre Bemba qui en recueille 9,4 %, distançant de loin les 31 autres candidats à la magistrature suprême, sauf dans le territoire de Moanda, au Bas-Congo, où Oscar Kashala Lukumuenda leur passe devant.
En attendant le dépouillement de l'ensemble des bassins électoraux les plus significatifs qui détermineront véritablement la tendance électorale, Joseph Kabila l'emporte haut la main à Kolwezi, au Katanga, la région de son père. En revanche Bemba fait le plein des voix dans le territoire de Songololo, au Bas-Congo, dans la région de Matadi. Il attend bien sûr avec impatience les résultats de son fief de l’Equateur annoncés pour bientôt. Mais le supense reste grand et si aucun taux de participation global n’a pas été fourni, à première vue il serait plutôt élevé, entre 60 et 85% pour les premiers bureaux dans lesquels le dépouillement est terminé.
Un second tour pourrait avoir lieu le 29 octobre si aucun candidat n’obtient au moins 50% des votes au premier tour. La coalition qui soutient le président sortant, l’Alliance pour la majorité présidentielle (AMP), affirme que sa «victoire au premier tour est possible», tandis que le Mouvement de libération du Congo (MLC), de Jean-Pierre Bemba, bat déjà le rappel des anti-Kabila et des mobutistes pour un deuxième round.
Des bulletins brûlés à Kinshasa
La communauté internationale manifeste une certaine inquiétude au sujet de la spéculation provoquée par la publication des premiers résultats partiels. La mission d’observation de l’Union européenne a déclaré mardi à Kinshasa que «compte tenu du caractère partiel des résultats, il est inapproprié à ce stade de se livrer à des spéculations à l’échelle du pays». Les observateurs de l’UE ont aussi appelé à plus de transparence dans le dépouillement des bulletins de vote, car «certaines défaillances» se sont produites dans plusieurs circonscriptions, lors du processus de récolte et de compilation des résultats.
L’UE a signalé que des documents électoraux ont été brûlés à N’djili et à Limete, deux quartiers de Kinshasa, et a exigé une enquête à laquelle les «observateurs nationaux et internationaux devront être associés». Les Européens déplorent les difficultés de «nombreux observateurs et témoins de partis politiques» pour accéder aux bureaux où sont compilés les résultats électoraux.
La Commission électorale indépendante (CEI) doit faire l’annonce globale des résultats le 20 août. Ils seront ensuite transmis à la Cour suprême de justice pour proclamation définitive. Les retards dans l’annonce des résultats sont attribués aux problèmes d’acheminement des procès-verbaux vers les centres de compilation. L’Angola a prêté quatre hélicoptères pour accélérer le processus électoral congolais. La mission des Nations unies (MONUC) a rappelé mercredi que la lenteur dans la proclamation des résultats électoraux est due, fondamentalement, à «l’étendue du territoire [de la RDC] et à l’absence d’infrastructures».
par Antonio Garcia
Article publié le 09/08/2006Dernière mise à jour le 09/08/2006 à TU