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Liban

Israël intensifie sa pression militaire et psychologique

Dans la nuit de mercredi a jeudi, des chars israéliens ont donné l'assaut au sud du Liban. Dans la banlieue de Beyrouth, les pilonnages se sont poursuivis jeudi. 

		(Photo : AFP)
Dans la nuit de mercredi a jeudi, des chars israéliens ont donné l'assaut au sud du Liban. Dans la banlieue de Beyrouth, les pilonnages se sont poursuivis jeudi.
(Photo : AFP)

Ces dernières 24 heures, Israël a intensifié sa pression militaire et psychologique sur le Liban pour pousser le gouvernement libanais à faire des concessions politiques. 


De notre correspondant à Beyrouth

Les troupes israéliennes ont lancé dans la nuit de mercredi à jeudi une attaque violente et rapide vers plusieurs localités du sud du Liban dans le but de provoquer un choc susceptible d’influencer les tractations politiques en cours dans les coulisses du Conseil de sécurité et des grandes capitales. Plusieurs dizaines de chars lourds de type Merkava ont foncé à travers la frontière vers Marjeyoun, situé à huit kilomètres de la frontière, dans le secteur oriental du Liban sud.

Colonnes de blindés

Au petit matin, les blindés israéliens sont arrivés au cœur de cette bourgade qui abrite le siège des unités de l’armée libanaise déployées dans la partie méridionale du pays. Les colonnes israéliennes sont passées par plusieurs villages à majorité chrétienne en pensant que le Hezbollah n’y était pas en force. Effectivement, lors de leur progression, les chars n’ont rencontré qu’une faible résistance.

Un peu plus au Sud, une autre colonne israélienne a contourné la localité de Khyam, un bastion du Hezbollah, en s’engageant dans la plaine de Houla. Mais il était visiblement plus facile d’entrer que de sortir. Car après avoir laissé les troupes israéliennes s’engager dans ces corridors, les combattants du Hezbollah dissimulés sur les collines et dans les vallées, ont violemment attaqué les unités israéliennes.

Après des affrontements d’une violence inouïe sur plusieurs axes, notamment sur la place centrale de Marjeyoun, les tanks israéliens ont commencé à se retirer en tirant des obus fumigènes pour couvrir leur retraite. Les unités restées dans la ville ont occupé la caserne de l’armée libanaise où les combats ont duré toute la journée de jeudi. D’autres affrontements ont eu lieu près du village chrétien de Kléa, où des fantassins israéliens avaient pris position dans la nuit, et de Markaba, plus au Sud.

Dans l’après-midi, le Hezbollah, dont les communiqués sont généralement pris au sérieux par les journalistes, a annoncé avoir détruit 16 chars Merkava et tué 18 soldats israéliens. Israël a démenti ce bilan, précisant toutefois que des soldats avaient été «touchés» dans les combats. La veille, le Hezbollah avait annoncé avoir tué 15 soldats israéliens et en avoir blessé 40. Le bilan a été confirmé jeudi matin par la télévision israélienne.

Après plusieurs heures de confusion, le commandement militaire israélien a précisé que l’attaque fulgurante de Khyam et de Marjeyoun s’inscrit dans le cadre des opérations ordinaires et ne marque pas le début de l’offensive généralisée. Décidée mercredi par le cabinet restreint, celle-ci a été «suspendue pour permettre la poursuite des discussions diplomatiques», a annoncé dans la journée une source israélienne.

Guerre psychologique

En fin de matinée, un hélicoptère israélien a tiré deux missiles sur un vieux phare situé au cœur du Beyrouth sunnite, à une centaine de mètres de la résidence de l’ancien Premier ministre assassiné Rafic Hariri. La presse israélienne, reprise par des médias libanais, a rapporté que la veille, le chef du gouvernement, avait reçu un appel téléphonique d’un interlocuteur qui s’était présenté comme le porte-parole de Tony Blair. Lorsque Fouad Siniora a pris le combiné, il s'est rendu compte que son interlocuteur était israélien. Il s’est empressé de raccrocher

L’attaque de Marjeyoun, le bombardement du cœur de Beyrouth, qui n’a pas fait de victime, et l’appel téléphonique, paraissent s’inscrire dans le cadre des pressions multiformes destinées à faire fléchir le Premier ministre. Ce dernier s’est en effet entendu avec le Hezbollah sur le minimum en dessous duquel il ne fallait pas descendre dans les négociations en cours pour l’amendement du projet de résolution franco-américaine.

Mercredi soir, le chef du parti islamiste Hassan Nasrallah, avait d’ailleurs rappelé que «toute solution qui ne correspond pas au plan en sept points de M. Siniora constitue une violation de l’unité des Libanais». Anticipant les pressions israéliennes, Hassan Nasrallah a «invité» les Israéliens à étendre leur offensive jusqu’au Litani. «Nos combattants les attendent sur chaque colline et devant chaque village», a-t-il dit.

Si au début de la guerre Israël avait lancé son offensive pour «briser le Hezbollah», un mois plus tard, il a revu ses ambitions à la baisse en intensifiant ses opérations militaires pour préparer le terrain d’une solution politique et diplomatique qui lui convienne.



par Paul  Khalifeh

Article publié le 10/08/2006Dernière mise à jour le 10/08/2006 à TU

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Israël sur deux fronts. 

		(©AFP/Bourgoing/RFI)