Proche-Orient
Violents combats avant un cessez-le-feu lundi
(Photo: AFP)
Le ministre israélien de la Défense, Amir Peretz, a justifié dimanche la vaste offensive terrestre lancée la veille au sud du Liban en affirmant qu'elle visait à préparer le terrain au déploiement d'une force internationale qui doit remplacer l'armée israélienne. « Nous voulons aussi faire en sorte que les forces qui doivent se substituer à l'armée israélienne soient en mesures d'appliquer ce qui est prévu [dans la résolution du conseil de sécurité de l'ONU] en démantelant le Hezbollah, et en assurant la démilitarisation » du sud du Liban.
L’état-major israélien a ainsi triplé les effectifs, mobilisant au sud du Liban quelque 30 000 soldats appuyés par l'aviation et l'artillerie. L'objectif annoncé par les dirigeants israéliens est de progresser en direction du fleuve Litani, pour éloigner le Hezbollah de la zone frontière. Sept civils libanais ont été tués et 25 blessés dimanche par les bombes de l'armée israélienne, laquelle a admis de son côté 24 morts et 85 blessés la veille dans les combats, la journée la plus meurtrière pour l'armée israélienne depuis le début de son offensive au Liban le 12 juillet.
De nouveaux ponts détruits
Dimanche matin, un Israélien de 70 ans a été tué près de la localité de Shlomi par l'explosion d'une roquette tirée du sud du Liban, portant à 41 le nombre de civils israéliens tués par les roquettes tirées par le Hezbollah.
La police libanaise signalait dimanche des raids israéliens à Halba, chef-lieu du Akkar, dans le nord du Liban, où l'aviation a détruit de nouveaux ponts reliant cette région à Tripoli, principale ville du nord du Liban, mais aussi à la Syrie. Dès l'aube, l'armée israélienne a également pilonné les régions en surplomb du Litani.
De violents affrontements ont aussi opposé l'armée israélienne au Hezbollah dans les secteurs frontaliers à Yater et à Aadaïssé, plus à l'est dans le secteur central de la frontière. Selon des services libanais de sécurité, les troupes israéliennes ont, sous un déluge de feu, tenté toute la nuit de samedi à dimanche d'entrer dans Khiam, fief du Hezbollah dans le secteur oriental de la frontière, mais ont dû rebrousser chemin à la levée du jour.
Nasrallah s'est engagé « à cesser tout acte d'hostilité »
L'opération israélienne a été lancée samedi, quelques heures après le vote de la résolution 1701 de l’ONU appelant à « une cessation totale des hostilités fondée, en particulier sur la cessation immédiate par le Hezbollah de toutes les attaques et la cessation immédiate par Israël de toutes les offensives militaires ». En un mois, le conflit a infligé d'énormes destructions au Liban, faisant plus de 1 100 morts dans ce pays et déplaçant plus de 900 000 personnes, le quart de sa population.
Le gouvernement israélien devait se réunir dimanche pour approuver ce texte, mais dès vendredi, le Premier ministre israélien Ehud Olmert avait donné son accord de principe. Le gouvernement libanais, où siègent des ministres du Hezbollah, l’a de son côté accepté samedi, malgré des « réserves ». Les deux pays, selon le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan, sont tombés d'accord pour que les armes se taisent lundi à 05H00 TU (07H00 heure de Paris).
Une nouvelle réunion du gouvernement libanais était prévue dimanche pour parler de la mise en oeuvre de la résolution. Dans un discours diffusé par la télévision Al Manar, organe du Hezbollah, le chef du mouvement chiite, Hassan Nasrallah, a qualifié la résolution « d'injuste ». Mais il s'est engagé « à cesser tout acte d'hostilité » quand l'accord négocié avec l'ONU entrera en vigueur. En revanche, il s'est gardé d'indiquer si son mouvement accepterait de désarmer, comme le prévoit la résolution 1701 qui appelle au désarmement de tous les groupes armés au Liban.
par Philippe Quillerier
Article publié le 13/08/2006Dernière mise à jour le 13/08/2006 à TU